Montréal, Québec

au quotidien

Déjà deux semaines et demi au pays des caribous (ou plutôt des castors, l’emblème du Canada avec la feuille d’érable), deux semaines et demi passées à la vitesse de l’éclair, remplies d’un tas d’expériences, de rencontres, de découvertes. Chaque jour qui passe ici m’apporte des raisons de plus de ne pas regretter mon départ, et d’avoir envie de rester encore longtemps. Chaque jour qui passe me fait me sentir encore plus chez moi. Etrange sentiment quand on se trouve à 6000km de ceux qu’on aime et du pays où on a toujours vécu, et pourtant c’est le cas.

Je ne renie pas être française. Je crois qu’au fond on reste ce qu’on a été, imprégnés de ce qu’on a connu, là où on a grandit, la culture qui nous a fait. Ici, il y a cet étrange mix entre un autre pays, une culture anglo-saxonne marquée par l’histoire et la proximité des Etats-Unis, et une forte influence française. Nous parlons presque la même langue, et pourtant nos références ne sont pas les mêmes; et puis au détour d’une conversation, on découvre qu’on a regardé les mêmes dessins animés étant petits, que Le Petit Journal a son équivalent Québécois, que l’histoire entre la France et le Québec est beaucoup plus liée qu’on ne l’apprend chez nous. La France semble avoir son importance pour le Québec – on s’en moque lorsqu’on est « paralysés » sous 5 cm de neige, on apprend à l’école comment la France a lâchement abandonné le Québec pour des arrangements territoriaux, on suit l’actualité politique (et les manifs anti Mariage pour Tous); bref on sent que la France est là, présente dans la culture et les références locales.

 

 

Et puis il y a tous ces Français expatriés, cette communauté énorme qui dérange parfois les Québécois – hausse des loyers, arrivée massive sur le marché du travail, impolitesse et mauvaises habitudes des maudits Français -; mais qui font qu’on ne se sent pas si loin de chez soi. J’avais déjà observé ce fait au mois d’Octobre, il existe semble-t-il une grosse solidarité entre Français. On se rencontre, on s’invite aux soirées, on se refile des contacts pros, des conseils… A mon sens, les Français d’ici ont pris les qualités des Montréalais: sympathie, ouverture d’esprit, amabilité. Alors on se retrouve dans une soirée avec un groupe d’Aixois (très perturbés d’apprendre que je viens du même coin « ah mais c’est FOU j’avais jamais rencontré d’Aixois ici !!! »), on croise un Breton qui vient de traverser le Canada, des Parisiens en exil, un Alsacien, et j’en passe. Quelques Belges, aussi, parfois perdus dans nos expressions françaises.

La langue évolue. On parle un mix de franco-québécois, anyway et tarbarnak, on se met à prononcer les mots anglophones à l’américaine pour pas avoir l’air con, à tutoyer tout le monde ou presque et à dire « salut » aux gens pour dire bonjour. On se met à parler de « coin » de rues pour dire où on habite, à considérer l’Ouest anglophone comme un terrain hostile où on ne va jamais (Côtes des Neiges ? c’est sur la bleue, c’est au bout du monde !!), et à comprendre le charabia franco-pakistanais des taxis.

  

 

C’est l’hiver mais on se ne laisse pas abattre. Il neige, on prend la voiture à 17 heures direction Bromont pour une session de ride nocturne sur 25 cm de poudre fraîche. On sort, on mange, on boit, le week-end, la semaine, qu’importe. Sur Saint-Laurent le vendredi soir, la jeune bourgeoisie du Montréal anglophone sort en club, les filles en mini jupes font le line up perchées sur des talons de 13, bling bling party. Un peu plus haut, presque vers Mile End, on danse sur des morceaux vintages à la Casa del Popolo, pour finir sur Saint-Zotique au Notre-Dame des Quais avec des shoots de Jäger. Le dimanche, on part entre amis, direction « La Montagne » et le Lac aux Castors pour deux heures de patin au son de Roch Voisine, Backstreet Boys et même Manau (on a les mêmes références je vous dis). Pour finir la soirée dans un appart vintage, moulures et meubles anciens, à manger des pâtes et refaire le monde…

Voilà, au milieu de tout ce joyeux bordel, je cherche du boulot. Ca avance, doucement mais sûrement. J’y reviendrai, plus tard…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

photos @Instagram

23 Comments

  1. G É N I A L cet article !! Lire tes premiers pas, tes premières expériences, sensations à Montréal, j’adore !!! J’ai trop hâte que vienne mon tour !! J’étais étonnée qu’ils suivent autant l’actualité de la France, alors que moi j’essaye d’avoir celle du Canada, et c’est vraiment la galère !! J’aime beaucoup les photos pour illustrées l’article. Tu as pris ton chat ??

    1. Oui ils se tiennent beaucoup plus au courant que nous de l’actualité internationale, en particulier US et France.
      et non c’est pas mon chat mais celui de ma coloc, qui m’aime immensément et ne me quitte plus !

  2. Je vais partir à Montréal en septembre avec mon copain pour minimum 3 ans (travail) et ton article me donne juste envie de partir maintenant ! =)
    J’avais peur il y a encore quelques mois mais de plus en plus, je comprends que je vais m’y sentir bien…
    Merci pour cet article génial !!

    1. J’ai encore rencontré personne qui ne se soit pas senti bien à Montréal. Et beaucoup de gens qui comme toi sont arrivés sans avoir jamais mis les pieds ici ! Donc ne t’inquiètes pas, ça se passera bien (et si tu as déjà un boulot c’est encore mieux !)

    1. Ah si j’ai fait mon dépucelage en Octobre 😉 on en a parlé en plus rappelle toi !
      Par contre j’ai rencontré des PVTistes qui ont traversé le Canada, je pourrais te mettre en relation si tu veux

  3. Trop bien ton blog!! Avec mon compagnon nous allons bientôt nous aussi nous expatrier. USA ou Canada tout va dépendre du boulot. Et en surfant à tout hasard sur hellocoton paf (non pas le chien!) je tombe sur tes nouvelles aventures! C’est un plaisir de les lire parce que c’est comme une préparation mentale pour nous !! On a moins peur, plus envie nous aussi de vivre des aventures frigorifiques! Merci. Bises

  4. Aaaaah tu donnes tellement envie de partiiiir ! Super article, tu te débrouilles très bien pour retranscrire tes « premiers » pas (ou presque) en terre canadienne. J’ai hâte de lire ton évolution là-bas. Ca doit te changer d’Aix c’est sur, en particulier au niveau de la sympathie des gens haha 🙂

    Bonne continuatiooon !

  5. Coucou! Merci pour cet article qui me fait déjà rêver et pour les photos très belles.
    J’ai un peu peur de partir mais je me dis que si je ne le fais pas maintenant, je risque de le regretter à vie. Hâte de connaître la suite de tes aventures :).
    Bonne soirée.

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