Intime & Réflexions

chez nous

Dernier soir en France, dehors résonnent non pas les explosions d’un feu d’artifice mais la sono variée de mon voisin qui fête son anniversaire, je suis d’humeur un peu chafouine. Demain, je reprends l’avion, direction chez moi. Ou chez nous, comme on dit là bas. En dix jours ici, j’ai réalisé que ça y est, même si la France sera toujours mon pays, je pense désormais à Montréal comme mon chez moi. Peut être la faute à ces mois d’errance d’un appartement à un autre, d’une ville à une autre, durant lesquels je n’ai jamais vraiment fait que poser mes valises, occuper une chambre, en transit avant de partir. Peut être qu’à force de me convaincre de cette envie (besoin ?) de partir j’ai fini par mettre mon pays d’origine de côté, comme une parenthèse qu’on referme, le doux souvenir d’une époque terminée. Peut être que le charme de Montréal et du Québec a opéré, que j’ai succombé à cette vie si douce. Sûrement que j’ai réussi, en cinq mois, à me créer une vie là bas, une vie qui me ressemble, avec un boulot, des amis, des habitudes, une vraie vie qui me fait me sentir chez moi.

J’ai l’impression étrange de faire à la France comme un deuxième au revoir. Le bon, cette fois. Lorsque je suis partie en Février, je ne savais pas trop où j’allais, je quittais le connu pour l’inconnu, l’aventure. C’était excitant, un peu flippant, mais intense. Cette fois, je sais ce qui m’attend. Demain, je vais retrouver ma chambre, mon appart, mes chats – même si tout ça n’est plus que temporaire, j’ai complètement adopté ces bêtes à poils, et elles vont me manquer… Lundi, je reprendrais le chemin du bureau, pour retrouver mes collègues et leurs expressions croustillantes, mes mails, parler anglais tous les jours, reprendre le quotidien de mes missions. J’ai hâte, en quelques sorte. Ces vacances m’étaient plus que nécessaires, j’avais un besoin énorme de couper, décrocher, me reposer après des mois difficiles sur plusieurs plans. C’est fait. Je suis prête à mieux revenir, faire face à ce qui se présentera, embrasser cette vie à fond, me plonger pour de bon dedans.

Et puis les amis. C’est très étrange de le dire comme ça, mais voilà, ils me manquent comme une partie intégrante de ma vie Montréalaise. J’ai hâte de retrouver certaines personnes, d’aller boire un verre, de se raconter les nouvelles, découvrir l’appart de ceux qui ont déménagé, inviter une autre à manger mexicain sur mon balcon, organiser un barbecue avec du vin à 15$ la bouteille.

Je ne sais pas quand je reviendrais – sûrement pas avant 2014, au moment de renouveler mon Visa. Ca ne me fait pas peur. Je sais que je retrouverais ceux qui comptent en rentrant dans six mois, que la vie continue mais qu’on ne s’oublie pas. Je sais que j’ai encore des tonnes de choses à découvrir là bas, alors que la France me fait seulement une impression de déjà vu – un déjà vu rassurant, doux, intime, mais connu. Je sais que je n’ai plus rien qui me retient ici – on m’a plusieurs fois demandé, mais y a rien qui te manque ? tu comptes revenir ? – c’était une évidence que de répondre non, je ne sais pas quand je rentrerais, j’ai la sensation d’avoir tellement de choses à vivre là bas. Pour le moment, je ne vois pas ce que je gagnerais à rentrer.

Dans trois jours, j’ai 27 ans. Cette année a été une des plus intenses que j’ai connues depuis longtemps, une année durant laquelle j’aurais énormément découvert et appris sur moi même, aussi. A la veille de quitter ma famille, ma maison, mon pays, je me sens pourtant sereine – derrière cette légère pointe étrange de vide mêlé de tristesse, qui doit être je pense commune à tous les expatriés. A la veille de mon anniversaire, la fin de cette année, je suis heureuse de pouvoir me dire que malgré toutes ces turbulences, ces changements, ces inconnues, je suis finalement arrivée à retrouver un équilibre.

Espérons qu’il dure.

Montréal, j’attends tes bras dès demain pour m’accueillir. Me soutenir pour continuer à rester debout. Tracer ma route sur tes chemins. Et toujours me porter en avant.

13 Comments

  1. Bon retour !
    Je suis rentrée en France hier pour 10 jours aussi.
    J’ai toujours ce même sentiment en rentrant à Montréal, de revenir chez moi, et cela m’aide à relativiser le départ.

    1. Merci (10 ans plus tard, pardon)
      Comme tu dis, ça simplifie un peu les au revoirs… c’est mon premier retour, il va falloir que je m’y habitue

  2. Bon retour à Montréal 🙂
    En effet, on a tous cette petite mélancolie en quittant la France même si l’on sait pertinemment que les amis restent, malgré la distance.

    Pars le coeur leger en tous cas et bon été 🙂

  3. Bienvenue chez toi alors. 🙂 Montréal n’a pas son pareil pour ensorceler, la vie est douce ici. Au bout d’un peu plus d’un an ici, je sais désormais que je veux rentrer en France à termes, mais il n’empêche que mes années passées ici seront des souvenirs impérissables et que j’en profite au maximum!

  4. ça me fait tout plein de choses ce que tu écris parce que je pars aussi m’installer à Montréal en mai prochain et je commence à réaliser un peu ce que ça veut dire ! en tout cas c’est une chouette expérience, espérons qu’elle dure pour toi ! bonne journée !

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