Chroniques

la musique.

Je n’arrive jamais à me souvenir quel était le modèle de la voiture de mon père. C’était une Peugeot, ça j’en suis sûre. Une Peugeot berline grise, sièges gris, tableau de bord anthracite, quelque chose dans le genre. Plus tard, il a eu une 406. Break, grise, sièges gris, tableau de bord anthracite. C’était ma mère qui avait des Renault. Comme un hommage à l’industrie automobile française.

Chaque été, on partait en vacances. Souvent, c’était pour faire du camping, ou aller dans un gîte. On partait au ski l’hiver, en colo l’été, et à l’étranger à Pâques ou à la Toussaint, alors avec mes parents, en Juillet, c’était des vacances plus cheap. On a fait toute la France, ou presque. La Corse, de nombreuses fois, les Alpes, les Pyrénées, l’Alsace, où nous avons une maison de famille, l’Auvergne, les Landes. Parfois même on montait jusqu’à la Vendée, faire un coucou aux cousins à l’Ile de Ré. On en faisait des kilomètres d’autoroute, du Sud au Nord, par la vallée du Rhône, à l’Ouest en passant près de Toulouse et Carcassonne, et puis ce périple de 99 où on a traversé de l’Alsace à la Charente Maritimes. C’était l’été de l’éclipse. Même qu’on l’a regardée au bord du Rhin…

Le reste de l’année, il y avait ces petits trips. Une heure ou deux, pour aller dîner chez des amis, randonner dans le Luberon, visiter l’arrière pays Cannois. On en a fait, des heures de voitures, MonFrère et moi coincés à l’arrière, mon père au volant. On avait nos habitudes. J’étais derrière à droite, Nico à gauche, chacun derrière nos parents. Et puis il y avait les CDs.

Ca c’est venu plus tard, mais c’est ce dont je me souviens le mieux. Après les cassettes et les mix tapes faites par mon père, on avait un nouvel autoradio avec la 406, et on pouvait passer des CDs. Le luxe. Chacun son tour, on choisissait la musique – 6 CDs dans le chargeur, qu’on insérait dans le coffre avant de partir. C’était la guerre, bien souvent. Les goûts de mes parents nous ont bercé toute notre enfance, suite à quoi on a voulu se démarquer – MonFrère avec du rap et Jamiroquai (je me souviendrais toujours de l’album de Disiz la Peste qu’on a écouté en boucle l’année où on est partis dans le Queyras – tu t’en souviens, petit frère ?), moi et mon rock émo d’adolescente.

On écoute rarement mieux de la musique que dans une voiture. C’est peut être ce moment où tu ne fais rien d’autre que d’écouter.  On a le calme. On a l’oreille présente. On a le temps qu’on ne prend plus à un autre moment.

Ma culture musicale s’est sûrement construite quelque part par là, pendant les kilomètres d’autoroute qu’on avalait chaque année. Mon père, les Pink Floyds, Dire Straits, The Cranberries, Jean Louis Aubert. Ma mère, Gainsbourg, Kate Bush, William Sheller. Plus tard, nos goûts se sont mélangés, rejoints, mes parents écoutent toujours Saez (je pensais pourtant qu’ils avaient fait une overdose après avoir entendu Katagena en boucle pendant 3 ans). Pour moi, chaque fois que je réécoute certains albums, ce sont des souvenirs. Kate Bush me fera toujours penser à ma mère, ces soirées d’hiver au coin du feu, à lire. L’album de Mark Knopfler est une invitation au voyage, à prendre la route, sans savoir où aller. Je n’écouterais jamais de la même manière The Wall sur un CD ou en MP3: pour moi, cet album est et restera marqué des rayures des vinyles sur la platine de mon père. Et les Red Hot Chilli Peppers me ramèneront à ces 17 heures de bus, en 2002, pour un voyage de classe en Allemagne…

Mon père a toujours sa 406. MonFrère (qui en est à sa 3e voiture) se moque de lui. Le chargeur de CDs ne fonctionne plus, alors on a ressortit les mix tapes. Et on replonge dans les souvenirs…

3 Comments

  1. Et oui je me souviens, le trajets à détester jean louis Aubert, qui me rappellent les automnes pluvieux et les balades dans les forêts sans feuilles mais pleines de champignons.
    Maintenant ça serait plus Vitalic, Mackelmore ou Bakermat…

    Petite pensée à Canidarius qui a également participé à tous ces voyages, elle doit chantonner elle aussi de la ou elle est

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