Intime & Réflexions

and so it is (meant to be)

charlevoix-2La vie c’est comme une boite de chocolats.

J’en aurais plein, des phrases toutes faites qui veulent tout et surtout rien dire, des citations à la con sur comment on trouve le bonheur, et let it go – ta gueule – parce que carpe diem. Ya des mecs qui ont écrit des livres sur comment on voyage pour se trouver soi-même, et pour réaliser finalement qu’on est bien dans son jardin, sous son arbre, whatever. Je suis pas philosophe, ni écrivain, ni ce genre de fille qui poste sur son mur Facebook des quotes inspirées pour faire semblant qu’elles ont trouvé une solution à la vie. J’ai pas de solution. Ya pourtant quelque chose que je peux dire, et tant pis si ça sonne quétaine – comme ce genre de vérité évidente qu’on t’assène dans les bouquins de développement personnel : le bonheur il est pas toujours là où tu l’attends ; ça fait parfois du bien de sortir de sa zone de confort pour se (re)trouver ; et enfin, une fois que t’es sorti du chemin tout tracé, ça peut vite devenir hors de contrôle – alors accroche-toi.

Tu sais pas dire quand tout a basculé – la vérité c’est que ça « bascule » pas d’un coup – on vous ment dans les films et les histoires. Dans la vraie vie, c’est comme un glissement imperceptible. Ce moment où tu sors du tout-tracé, et ça a l’air cool, et facile, et évident. T’avances, un pas, deux, jusqu’à t’enfoncer jusqu’au cou dans cette nouvelle expérience, en croyant encore contrôler la dérive, persuadé qu’au bout, ya une sortie facile.

Sauf que c’est pas comme ça. L’objectif, il change pas, mais c’est les étapes pour y arriver qui commencent à faillir. Ça commence par un premier choc, puis un deuxième, mais tu comprends pas encore ce qui t’arrive – parce que ça n’a aucun sens, aucune logique, ça ne peut pas se produire. Puis tu tombes, une fois, tu te relèves, tu avances à tâtons jusqu’à la prochaine passerelle, tu penses que c’est bon t’es sorti d’affaire là, tu vas rejoindre ce chemin que tu voulais prendre, mais non, ça ne tenait pas assez fort, ça s’effondre sous tes pieds. Alors tu repars, t’embarque sur une autre, comme un plan B, puis C, puis tu vois à chaque fois cette lumière, ton objectif qui se rapproche, et puis le mur. À nouveau. Et puis surtout, tu peux plus revenir en arrière.

Plusieurs personnes m’ont dit, à ta place, je sais pas ce que j’aurais fait. J’aurais abandonné, sûrement. T’as du courage.

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Je sais pas si j’ai du courage, je sais pas non plus toujours si je sais ce que je fais. Ya quelque chose en moi de l’ordre de la rage, de la volonté obstinée d’atteindre cet objectif, de pouvoir enfin souffler. Ya quelque chose qui me pousse en dedans, peut être aussi une forme de déni, mais dans le fond je veux y arriver, parce que ça ne peut pas être autrement. Alors j’emprunte une passerelle, puis une autre, puis la suivante, jusqu’à qu’on y arrive. Pendant ce temps ya des milliers de choses qui se passent en moi, qui bougent, mûrissent, explosent. Ya ce désir immense d’être là, d’arriver au bout.  Ya toute cette énergie qui me mobilise, ya tout cet amour qui m’inonde et cette bienveillance, et tout ce que j’ai le goût de donner en retour. Et c’est merveilleux.

Ya pas de moment où tout bascule. C’est faux. Ya des portes qui s’ouvrent, d’autres qui se ferment, des chemins à prendre, beaucoup de choses qu’on peut pas contrôler. Puis ya le reste. Ya ce qu’on croyait être des certitudes qui volent en éclats, et qui laissent la place à une réalité, une vérité, une évidence si claire et si concrète qu’on peut juste pas la nier. On désapprend la peur. On réévalue notre approche de la vie. On accepte l’injuste, l’irrationnel, la part de semi-hasard sur laquelle on n’a pas de prise.

Un jour, tu décides de sortir du chemin tout tracé, puis si t’oses et que tu pousses un peu ta chance, ça peut aller loin. Ta vie, ça devient ce gros labyrinthe, ce manège incessant, ça secoue dans les coins mais au centre, ça rend juste encore plus évidentes tes certitudes. Tu exploses pour mieux te reconstruire. Tu rejettes pour mieux ré-apprivoiser. Tu croyais savoir et tu sais plus rien, et puis à nouveau, tu sais.

Ya pas de destin, mais des milliers d’épiphanies. Ya ce chemin sinueux, tortueux, et tout ce bonheur à côté. Puis ya ce soir où tu te retrouves à magasiner des anneaux d’argent, et à vouloir y graver des mots d’enfants, des mots d’amour, des mots dont personne ne peut garantir qu’ils seront pour la vie, mais c’est pas ce qui compte. À ce moment précis, c’est simplement ce qui semble être la chose la plus évidente à faire – parce que quelque part, après avoir oublié la peur, après avoir occis les doutes, on peut enfin accepter l’idée d’être adultes. Parce que quelque part dans cette tourmente, il y a une île, un port, une ancre. Parce qu’on veut croire que ces mots là dureront toujours.

– and so it is  (meant to be).

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13 Comments

  1. wow ce que t’es mots du bien au moment où l’envie d’être chez moi vacille. Merci pour ton énergie et ta joie de vivre. Texte full inspirant

  2. Quel beau texte, ça me tord le bide, parce qu’effectivement, rien n’est jamais tracé d’avance, ou plutôt si : si tu décides dans ta vie de ne jamais déborder de cette zone de confort. Après, qui a tort, qui a raison. Mais la vie, c’est pour la vivre, non ? Courage à toi.

  3. Moi qui me sens complètement perdue en ce moment, c’est sûrement une bonne chose tout compte fait 😉
    Et pour le courage, parfois on a tellement pas le choix que c’est presque facile.

  4. Jolis mots, joli texte et une putain de jolie énergie. Je te souhaite plein de Bonheur et même si c’est quétaine ça fait un putain de bien fou hein 😉

  5. moi je préfère la première, mais bon 😉
    si c’était à mettre en musique je choisirais Fauve!
    ta volonté, ta poésie et ta réflexion sur toi-même te porteront, il n’y a pas de doutes.
    bon courage, j’y crois avec toi 🙂

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