Montréal, Québec

les cadeaux

PIECEPIECE

Une fois n’est pas coutume, je vais sortir de mes posts autocentrés pour aborder un sujet un peu plus grand public. Tsé, ce moment où les Fêtes arrivent, t’as payé ton billet d’avion 1500$ au minimum, et tu vas t’entasser à P.E Trudeau (père) avec des centaines de compatriotes pour rentrer manger du (vrai) foie gras avec ta famille. Voilà.

Qui dit Noël et Fêtes, dit cadeau, et outre le prix exorbitant d’un aller-retour transatlantique (ne remercions pas le taux de change dégueulasse CAD/Euros) (quoiqu’on sera contents d’encaisser les chèques au retour), il y a la sempiternelle question : on rapporte quoi ? Tanné des cannes de sirop d’érable (et ses multiples variations) qu’on laissera pourrir sur une étagère, le Sortilège c’est un peu lourd, et le cidre de glace hors de prix, il reste quoi, si on veut pas dépasser les 23kg et le mini budget ?

Je vous propose une petite sélection d’idées cadeaux « made in Québec » qui auront un peu plus d’allure que le sirop de poteau, et qui ne ruinera pas le coût de votre séjour au bercail. On peut aussi mettre tout ça dans un colis…

1 – Des savons

Tout le monde se lave. Oui même ta Matante. Et ton beau-frère. Des savons faits main, y en a des tonnes, mais j’ai un petit faible pour ceux de Pièce-Pièce, parce que : l’emballage est fancé, les parfums sont originaux (et ça pue pas le hippie patchoulisé) (d’ailleurs ya pas de trucs bizarres genre des morceaux de branches dedans, ça ressemble à des savons bien basiques), ils sont tous doux pour la peau, et pour les hipsters du dimanche, c’est fabriqué avec des produits vegan, bios, et sans huile de palme (yolo).

Pièce-Pièce sera présent au Marché des Deux-Mains dans Rosemont-Petite Patrie ce week-end (28 et 29 nov), et vend aussi via sa page Facebook (outre les savons elles font des jolis aimants à frigo, et des tasses personnalisées – photo en haut)

piece-piece-savons-montreal

2 – Des livres

Il existe au Québec plein d’auteurs talentueux (et complètement fuckés), notamment en BD. J’aime particulièrement les auteurs publiés aux éditions Pow Pow, pour les citer Zviane (ma chouchou, aux histoires très poétiques), Samuel Cantin (humour décapant mais complètement WTF – voir image ci-dessous), ou Pierre Bouchard. L’avantage de la BD, on comprend plus facilement nos expressions locales.

samuel-cantin-phobie-des-moments-seuls

3 – Des DVDs

À l’heure du tout numérique je trouve cute et un peu vintage d’offrir un DVD. Le problème c’est surtout le zonage – qui n’a plus vraiment lieu d’être en 2015 MAIS BON, ceci dit je crois qu’on peut lire n’importe quel DVD sur un ordi ou une console (vous me direz). Sinon, il reste l’option Amazon qui vend certaines productions québécoises en version dézonée.

Donc. Parmi mes coups de coeur made in Québec dont je suis persuadée que l’humour et la décadence (?) traverseront les frontières, il y a le fameux film Starbuck (déjà sorti au cinéma en France et réadapté avec José Garcia), et des séries comme Les Beaux Malaises (de et avec Martin Matte, pas trop d’accent et un humour rès cynique, donc facilement compréhensible pour les Français), Série Noire (ma série chouchou du moment), la websérie Fiston de Jonathan Roberge (pas sûre que ça existe en DVD), ou encore plus classique – série policière assez sombre – 19-2 (il faut les sous-titres pour sûr là).

SerieNoire_

4 – Du thé

Et pas n’importe lequel. J’ai beau ADORER les thés Mariages Frères ou Damann, je me laisse toujours avoir par la puissance marketing de David’s Tea (je suis faible). Il faut avouer qu’ils sont très bons pour te donner envie d’acheter environ la moitié de la boutique. Pour les Fêtes, outre leurs thés, ils ont toujours des tas de goodies, jolies tasses, coffrets, bougies et autres joyeusetés parfaites à mettre sous le sapin.

nordic-mugs_davidstea

5 – Des vêtements

On a beau manquer tristement de variété dans l’offre fashion à Montréal, il y a plein de magasins qui n’existent pas en France, comme Aritzia (dont Coline a parlé récemment), ou des marques de créateurs vraiment hot comme Betina Lou, Eve Gravel ou Sokoloff Lingerie (ça prend un budget un peu plus confortable). On trouve pas mal de choix de créateurs Québécois dans des boutiques comme Unicorn, Belle et Rebelle ou Onze. Pour les gars, pensez à Frank&Oak, qui vend en e-commerce dans toute l’Amérique du Nord et qui a aussi un atelier dans le Mile-End.

sokoloff-lingerie-hiver-2015

6 – Des bijoux

Des créateurs/trices de bijoux au Québec, il y en a des centaines. Mon coeur balance tellement les styles proposés sont variés. Parmi mes coups de coeur, Le Cubicule, Louve, l’Atelier Epure

7 – Des jolis mots

Mon ancienne coloc Camille a créé l’an dernier sa collection de posters et de jolies cartes aux typos originales, PaperMiint. C’est cute, c’est drôle, c’est poétique, bref c’est Camille. Ya des exemples d’ailleurs.

8 – Les marchés et boutiques de créateurs

Entre Novembre et Décembre il y a -environ-  200 marchés de créateurs à Montréal. Ok j’exagère un peu, mais ça vaut le coup d’aller y faire un tour car on y trouve des tonnes de trucs super jolis, bijoux, accessoires, déc, produits de beauté, bouffe, posters, objets plus ou moins utiles, trucs pour enfants, (etc), et surtout des millions d’idées cadeaux fabriqués au Québec.

Pour en citer quelques uns : le Marché des 2 mains (Petite-Patrie, 28 – 29 nov), Souk @ SAT (Quartier des Spectacles, 25 au 29 nov), Marché de Novembre (Petite-Patrie, 28 – 29 nov), Puces Pop (Mile-End, 11 au 13 dec), Marché de Noël des designers de la Grover (Ville-Marie, 10 au 12 dec).

Si vous avez (comme moi) zéro motivation pour vous noyer dans une foule, on peut aussi trouver des boutiques ouvertes à l’année comme l’Atelier du Coin de la Rue (métro Laurier).

J’espère que tout ça vous aura donné des idées plus originales à rapporter (ou envoyer) en France 🙂

Et si ce genre de billets vous plait, j’en ferai d’autres avec plaisir pour partager un peu plus de mes découvertes et mon quotidien Québécois et Montréalais :).

Montréal, Québec · Voyages

le grand écart

Plus d’un an et demi que je n’ai pas mis les pieds en France et je me sens de plus en plus loin de « mon pays ». Le décalage est encore plus flagrant lorsque je parle avec mes amis Français (qui vivent en France), et particulièrement lorsqu’on reçoit de la visite chez nous – je me surprends à corriger les gens sur le fait qu’ici, les gens sont Québécois avant d’être Canadiens, à perdre mes expressions françaises, à ne plus comprendre certaines façon de faire ou de penser, à être susceptible sur les classiques comparatifs « en France, c’est différent ». Plus le temps passe, moins je supporte les « Français du Plateau », l’attitude parfois arrogante de nouveaux arrivants ou de ceux qui, malgré plusieurs mois/années ici, semblent encore agir comme si Montréal était une banlieue lointaine et sympathique de Paris.

Il serait difficile de décrire ce que j’appelle « l’intégration ». Chacun fait son chemin à guise, chacun vit son expérience à sa façon. Je suis malgré tout toujours surprise des Français qui après plusieurs années ici n’ont encore que des amis Français – les mêmes qui semblent dire que les Québécois sont très sympathiques, mais que c’est vraiment compliqué de s’en faire des amis ; les mêmes qui chialent (râlent) indéfiniment sur les différents aspects de la vie ici mais qui vont quand même demander leur citoyenneté canadienne.

Je l’ai déjà écrit, je ne me sens pas ici comme une « expatriée », mais bien comme une immigrante, une nouvelle arrivante qui compte bien faire de ce pays mon futur « chez moi ».

La vérité, c’est que je ne sais plus vraiment où est chez moi. Alors que le Canada est en pleine campagne électorale, je réalise que je ne sais pas comment, en 2017, je vais pouvoir voter – et que d’une certaine façon, j’en sais plus sur les récents scandales politiques de mon pays d’adoption que sur le bordel de la situation socio-economico-politique française. Ne me parlez pas de l’actualité people – je suis perdue sur Twitter, je comprends plus les références, à part celles sur Morano.

Je suis en transit. Quelque part au milieu de l’Océan Atlantique, un pied sur chaque rive, je garde un étrange équilibre. Je suis et je resterai toujours Française, avec une éducation, une mentalité, une culture, un caractère que les Québécois, si amoureux et fascinés par « les Europes » soient-ils, ne comprendront sans doute jamais. Et inversement. Le Québec est une anomalie de l’Amérique du Nord, coincé quelque part entre sa volonté féroce de conserver sa langue, sa culture, sa religion, et pourtant immergé dans une culture Nord-Américaine anglophone, protestante et fondamentalement métissée. On se sentirait vite chez soi, l’accueil est chaleureux, la langue ressemble à notre français, Montréal est belle, joyeuse, attirante, ils sont tellement gentils, nos « cousins » Québécois. Et pourtant, on est ailleurs. Sur un autre continent, dans un autre pays, encore en pleine affirmation de sa personnalité.

rosemont-petite-patrie-st-hubert

Je pourrais y passer des heures, je ne pourrais jamais expliquer tout ce qu’il y a dans ce pays qui me fascine. La beauté des paysages, immenses. Le rythme violent des saisons qui nourrit chaque année un peu plus nos discussions sur la météo. La richesse et la simplicité des gens. Le respect de l’autre, la tolérance, et le sentiment de liberté qui découle de l’idée que tout est possible, car personne ne se permettra choisir à votre place ce qui est mieux pour vous (sauf si vous avez le malheur d’être musulmane et voilée).

Bientôt 3 ans à Montréal. Je ne me suis jamais faite harceler dans la rue. Je n’ai plus peur depuis longtemps de rentrer seule le soir. Je me promène habillée comme j’en ai envie, sans me faire siffler, sans me faire accoster, sans une main au cul ou un commentaire désobligeant. J’ai des tatouages qui couvrent tout mon dos, et les cheveux mauves depuis 3 mois, et les seules fois où je me suis fait arrêter dans la rue, c’était pour des compliments. Je n’ai pas peur de me faire voler mon téléphone, dans un bar. Il n’y a pas de code pour entrer dans mon immeuble. Je sors dans des soirées où les gens sont costumés, où les garçons portent des jupes car le genre n’a pas d’importance, où on est accueillis par des câlins, où les filles se promènent en pasties (nippies, pour les françaises). Je vis dans une ville où les gens s’excusent quand ils te bousculent, ne poussent pas dans le métro (pas sans avoir dit « pardon »). C’est pas le pays des Bisounours (preuve : ils ont élu Harper), mais c’est doux, et reposant. Et je pense que ça retourne un peu nos habitudes.

Pourtant. Ça me manque, parfois, les débats d’opinion, de pouvoir échanger sans toujours devoir arriver à un consensus, pour le pur plaisir de la rhétorique. Ça me manque la densité, la variété, les odeurs et les couleurs de Marseille ou Paris. Ça me manque l’accent du Sud, la mer, les montagnes, le bruit des cigales, l’été. Ça me manque de pas toujours comprendre ce qu’on me dit, parce que j’ai beau être devenue fluent en Québécois des villes, j’en apprends encore tous les jours. Ça me manque de prendre le TGV, d’être dans un autre pays en 1h d’avion, le vin pas cher, les rayons de produits laitiers du Monoprix ou du Géant Casino, les recettes en grammes et pas en « cup », la lingerie cheap et sexy, les millions d’enseignes de magasins de fringues et de chaussures, et même de déco, rentrer à pieds parce que tout est à côté, voir la Tour Eiffel scintiller à minuit.

Je n’échangerai ma vie ici pour rien au monde, et surtout pas pour mon ancienne vie parisienne. C’est un mal différent qui m’a prise ces derniers mois. Un mal de mes racines. Je n’appartiens plus à  là d’où je viens, et je ne suis pas encore ici vraiment chez moi – je ne le serai sans doute jamais complètement.

J’appréhende mon voyage en France en Décembre comme la claque que je risque de prendre. J’appréhende ce décalage de trois ans d’absence, de mon intégration québécoise, des changements de route, de revoir ces paysages familiers au travers d’un regard différent.

Montréal, Québec · Voyages

immigrante

immigration-clandestine(photo)

Quand j’étais à l’école, en cours d’histoire-géo, on a appris la différence entre émigrer et immigrer. Émigrer : quitter son pays. Immigrer : arriver dans un nouveau pays. On notait les flux migratoires avec des grosses flèches de couleurs, et on apprenait l’histoire de tous ces peuples qui s’étaient baladés d’un continent à l’autre. Plus tard, j’ai étudié l’histoire des États-Unis, les différentes couches de population européennes, le commerce triangulaire, et l’hispanisation de cet immense pays via cette frontière poreuse avec le Mexique.

Pendant des années, en France, j’ai entendu parler de l’immigration. Des immigrants, ces méchants étrangers qui volaient le travail des gentils Français. L’immigration, avec la question de l’intégration, les plombiers polonais, les musulmans, et les discours radicalisés. La question des sans-papiers, des sans-abris, les arrestations, les extraditions. Les migrants qui traversaient la Méditerranée au péril de leur vie pour s’installer en France, ce pays où ils vivaient avec presque rien et trouvaient malgré tout de quoi pour envoyer une partie à leur famille, là-bas, en Afrique.

J’ai grandi à quelques kilomètres de Marseille. Dans ma classe il y avait Annaëlle, qui parlait Espagnol dans sa famille et qui avait une maison en Catalogne. Il y avait Idriss et Yanis, les beaux gosses à la peau bronzée. Il y avait Thomas, dont j’ai appris plus tard qu’il était juif et petit-fils de déportés polonais. Il y avait Maëva, métisse d’une maman vietnamienne, et d’un père espagnol. Et Myriam, qui faisait du scoutisme avec moi. Plus tard, j’ai travaillé avec Farah, qui rentrait au bled pendant les vacances. Malanto, au nom de famille imprononçable, dont on aimait à dire pour l’embêter qu’elle venait de Malgachie. Pelin, Turque. Dounia, Marocaine. Joseph, Libanais catholique dont la barbe et les cheveux l’auraient aisément fait passer pour un terroriste (ou, dans d’autres temps, un révolutionnaire Cubain). J’ai grandi au milieu de tous ces noms Italiens qui ne m’ont jamais semblé plus étrangers que les Espagnols, Arabes, Portugais, Asiatiques, Europe de l’Est, Juifs, et autres. Je n’ai réalisé le métissage dans lequel j’évoluais qu’en voyageant – l’Allemagne d’abord, puis  le reste de l’Europe, et bien sûr, le Québec. Ma mère s’appelait Venturini. Elle a du sang Italien, et Belge. Mon père est Français, de l’Est de la France – ce coin qui a changé de langue et de nationalité un bon nombre de fois au siècle dernier. J’ai fait des études où m’a parlé de la mondialisation, où on m’a formée à travailler dans un contexte multi-national, j’ai étudié en Allemagne, et c’était normal, et mes amis sont partis faire des stages au Panama, au Pérou, à Londres, en Chine.

Pour moi, l’immigration, c’était ces migrants d’Afrique qui se dépensaient toutes leurs économies pour traverser le détroit de Gibraltar dans un canot de sauvetage en espérant trouver une vie meilleure. Pour moi, les étrangers, c’étaient ceux qui ne parlaient pas ma langue, qui n’avaient pas ma culture. C’étaient pas mes camarades de classe, mes collègues de travail, ou mes voisins.

Et puis je suis partie. J’ai Émigré depuis la France pour Immigrer au Canada.

canada-vintage-immigration-posterallégorie

Quand tu pars, dans ces conditions – faire un PVT sur un coup de tête, pour t’installer dans un pays occidental, aisé, où on parle français et anglais – à aucun moment tu t’imagines comme ces migrants entassés dans un camion avec un sac et un jean pour tout bagage. Quand t’arrives au Québec (à Montréal), on t’accueille les bras ouverts. Bienvenue ! te dit le douanier. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, on est là, dit la dame d’Emploi Canada qui te donne ton NAS (numéro d’assurance sociale – requis pour travailler). On réalise pourtant bien qu’en effet, malgré une langue à peu près commune, et une certaine culture partagée, on est dans un autre pays, à l’étranger. Et c’est normal, après tout – on a traversé l’Atlantique, on a beau partager quelques ancêtres (ces fous qui avaient décidé de quitter leur Normandie humide pour ce pays gelé la moitié de l’année), on est loin d’être en France. Et c’est bien.

Doucement, on s’acclimate. On découvre, on apprivoise. Ya plein de Français, ici, et le Québec voue une forme d’amour-haine au Vieux Continent, alors on se sent à la fois chez soi, et pas trop dépaysés, et à la fois dans une nouvelle vie. C’est grisant. On découvre cette terre d’immigration, à Montréal, ces quartiers multi-ethniques, où Latinos, Italiens, Vietnamiens, Maghrebins, Indiens et Haïtiens se côtoient. On discute avec les chauffeurs de taxi qui racontent que là bas (ie en Haïti ou au Maghreb), ils étaient profs, médecins, ingénieurs. Que ça prend 6 ans, d’avoir une résidence permanente. Qu’ils avaient jamais posé le pied ici avant, qu’ils ont tout quitté là bas, qu’ils ne sont pas rentrés depuis.

On se trouve chanceux, à ce moment, d’être Française. De parler cette belle langue, d’avoir des diplômes reconnus ici, et des facilités pour avoir un visa, et trouver du boulot. On dit à nos amis « venez, c’est cool ici, c’est simple de venir s’installer ».

Puis les galères avec l’immigration commencent. En 2 ans, j’ai cumulé des « malchances », des décisions qui m’ont semblé très arbitraires et qui m’ont amenées récemment à perdre un boulot qui me plaisait, et pour lequel j’étais pourtant qualifiée. Je ne rentrerai pas dans les détails, ça n’est pas le but de ce billet. Deux ans après être arrivée au Québec, et malgré un « plan de match » bien planifié au départ (je vois souvent des gens qui, arrivés à la fin de leur visa, commencent à se poser la question de comment rester – ce n’est pas mon cas), je n’ai toujours pas de statut permanent ici – et en fait je n’ai pas vraiment de statut tout court.

Ces derniers mois, j’ai passé beaucoup de temps à évaluer les différentes options, parcourir le site de Citoyenneté Immigration Canada, les forums, etc. Le fait est que des décrets sont passés, des changements ont été mis en place, les délais de traitement des dossiers sont devenus extrêmement longs par rapport à quelques années en arrière. Parallèlement à ça, le Canada et le Québec traversent comme le reste du monde une « crise » économique, et des mesures d’austérité sont mises en place. Qui dit austérité dit coupes de personnel, ce qui peut expliquer l’augmentation des délais de traitement et la complexification des critères – pour limiter les demandes peut être. Des discours émergent ça et là, particulièrement au Québec, reprochant doucement à l’immigration son influence sur la situation socio-politique (notamment par rapport à la souveraineté du Québec). Réaction humaine face à l’adversité, et similaire à ce qu’on observe depuis un moment en France : on pointe du doigt les étrangers. Ici, pourtant, l’immigration est choisie, quantifiée, qualifiée. Ici pourtant, la tolérance est une réalité. Mais on a peur.

Ces dernières semaines, malgré 2 ans ici, malgré ma volonté d’intégration (que je pense réussie, même si j’apprends tous les jours et que je me sens toujours Française, je pense faire ce qu’il faut pour m’adapter à la culture et la mentalité Québécoise), malgré un accueil toujours chaleureux et des bras grands ouverts, malgré la possibilité de trouver du travail, je me sens comme une immigrante – dans le sens péjoratif qu’on donne en France. Je n’ai aucune possibilité d’influer sur ce qui décidera de ma situation ici. Je n’ai pas le droit de vote. Je n’ai pas la possibilité de contacter directement les bureaux d’immigration – seulement envoyer des dossiers. Je dois attendre. Attendre sans avoir le droit de travailler, sans couverture santé, sans savoir combien de temps ça prendra pour régulariser ma situation – et sans pouvoir quitter le Canada, sous réserve de prendre le risque qu’on me refuse de rentrer à nouveau.

Autour de moi, plusieurs personnes sont dans des cas similaires – complications par rapport à leurs demandes, délais de traitements indécents, changements au niveau des conditions pour obtenir un permis de travail qui compliquent leurs recherches… Entre Français, on en parle, on sait, mais la plupart des Québécois ne comprennent pas. Tu as un boulot, tu es qualifiée, tu parles français, alors pourquoi ?

quebequisationphoto Urbania

Je n’ai pas de réponse, je ne veux pas chercher à comprendre. Mais je veux rester. Le pire, c’est que notre situation de Français immigrants au Canada est relativement enviable par rapport à la plupart des situations d’immigration dans le monde (je ne parle même pas de la France…). Certains s’accrochent. D’autres doutent. Comment aimer un pays qui nous met des bâtons dans les roues ?

J’ai le « malheur » d’être tombée en amour avec le Québec. Avec ses gens. Sa météo. Sa culture. Avec ce barbu Québécois. Avec Montréal. Il va falloir plus que ça pour me décourager de rester, mais j’aurais aimé que le chemin soit plus facile.

Je voulais simplement témoigner de mon expérience – oui, le Canada est une terre d’accueil, mais ce n’est pas l’Eldorado que la télé française nous décrit. Avoir un permis de travail temporaire est – sur le papier – facile, mais ne garantit rien par la suite. Être francophone ne donne finalement que peu d’avantages, à moins d’avoir un métier très en demande ici (ingénieurs, développeurs, réseau, infirmiers, médecin). Et surtout, on reste des immigrants. Des étrangers. En sursis.

Je rêve d’un monde sans frontières – celui dans lequel j’ai grandi -, je rêve de n’avoir à justifier mon envie de vivre ici que par l’amour que je porte à ce pays, même si je n’oublie pas d’où je viens. Je rêve du jour où j’aurais enfin la reconnaissance légale, et la liberté à durée indéterminée de me sentir pour de bon chez moi.

Montréal, Québec · Voyages

trente mots pour dire neige

ruelle villeray

Deux ans.

Ça faisait deux ans le 4 février que j’ai posé mes valises à Montréal, et deux ans que j’apprivoise doucement cette nouvelle vie qui me semble pourtant si naturelle. Il y a deux ans, en survolant le Québec, j’avais été submergée d’une émotion difficile à décrire. Sous les hublots de mon Boeing Air France s’étendait à perte de vue des plaines blanches, striées de tâches sombres et de lignes déboisées – le tracé des kilomètres de lignes électriques qui traversent le pays pour alimenter un bon bout de l’Amérique. Au Nord, cette immensité vallonée, ces fjords, ces lacs recouverts de glace. Au Sud, une énorme trouée bleue, cicatrice coupant le pays en deux rives que j’apprendrais plus tard à connaître : le majestueux Saint-Laurent. J’avais sans le savoir survolé Baie Saint-Paul, l’Île aux Coudres, et l’ïle d’Orléans. Vu du ciel, le fleuve était couvert d’écailles de glace formant de mystérieux dessins. Et puis Montréal. Je ne me lasse pas d’atterrir au dessus de ce qui est désormais ma ville, d’observer le tracé des rues, le Mont Royal qui parait si petit vu d’en haut, les tas de neige, les parcs.

En deux ans, j’ai apprivoisé une nouvelle culture, mais j’ai surtout apprivoisé une nouvelle météo.

On vous a dit que l’hiver était long, et rude, par ici. On vous a parfois aussi mentionné que l’été est tout aussi brutal, lourd d’orages violents et d’une humidité poisseuse. On vous a raconté cet automne flamboyant, l’été des Indiens qui recouvre ce territoire de couleurs indescriptibles, comme le bouquet final avant d’entrer dans l’hiver. Ce long hiver. Ce dur hiver.

jacques cartier

Ici, j’ai appris la neige, ou plutôt les neiges. Les premiers flocons de Novembre ou Décembre, qui fondent aussitôt cristallisés. Les premières vraies tempêtes de Décembre, qui piègent la ville dans un doux manteau cotonneux, et marquent le coup d’envoi de la saison hivernale. J’ai découvert qu’il pouvait neiger par -25, que cette neige est sèche, brillante, et qu’on ne peut pas faire de boule de neige car elle ne s’agglomère pas. J’ai découvert aussi que la neige et la glace peuvent fondre à des températures négatives, sans quoi on serait sous l’eau de Décembre à Février. Et la slush, pourriture des trottoirs, cette sensation de marcher dans de la vase glissante pendant trois mois, ces gravillons qui collent et se foutent partout, qu’on retrouve encore lors des grands ménages de printemps.

J’ai appris le froid. Ce froid tellement différent de notre climat Européen. Un froid sec, et presque agréable quand on reste entre -5 et -15, qui se fait cassant et brûlant si le vent s’installe ; et qui glace tout sur son passage lorsque la neige tombe à l’horizontale. J’ai réalisé que j’aimais mieux ce froid là de Janvier-Février que celui de Novembre, ce froid parisien humide et pluvieux qui s’immisce partout et nous colle à la peau. J’ai fini par comprendre pourquoi les gens se mettent en t-shirt dès les premiers beaux jours de Mars, lorsque le thermomètre atteint les 0. Ils ne sont pas fous. Ils sortent d’hibernation.

J’ai appris les pluies d’hiver, les pluies verglaçantes qui gèlent à peine l’eau touche le sol – ou les arbres, ou les vêtements, ou. Le sol gelé par une couche de glace qui ne s’en va pas, piégeant de trous les routes et les trottoirs. J’haïs la pluie, tellement.

fenetre-gelee

Et surtout, j’ai réappris les saisons. Le printemps, qui dure deux semaines. Le printemps qu’on attend, ou qu’on n’attend plus, pogné quelque part entre fin Avril et mi Mai. Une vision extraordinaire de la nature qui se réveille en sursaut, alors que le sol finit enfin par dégeler, que l’herbe et les feuilles sortent en même temps que les fleurs, dans une inconcevable anarchie végétale.

Et puis l’été. Cet été si court, et si long à la fois. Juin, Juillet, Août. Le 38 degrés facteur humidex qui te plaque au sol. La chaleur liquide qui s’écoule sur les trottoirs, rendant la marche difficile. Les journées passées allongée sous un ventilateur, parce qu’il n’y a pas d’autre solution, que bouger est rendu impossible. Les orages, qui éclatent en quelques minutes et noient Montréal telle une mousson, faisant des rues des torrents, inondant tout sans exception d’une eau tiède et vivifiante.

Été, Hiver, coincés entre un printemps et un automne de deux semaines, noyés dans l’existence plate des intersaisons.

Montréal est une réalité saisonnière, notre quotidien rythmé par des phénomènes météorologiques qui seraient une apocalyspe ailleurs, et qui ne sont ici qu’une réalité avec laquelle il faut vivre. Deux ans pour me laisser bercer dans cet univers. Deux ans à apprivoiser ces humeurs. Et je l’espère encore beaucoup à venir…

Montréal, Québec · Voyages

De Rosemont à Jarry

adresses-villeray-rosemont

Voilà bientôt 2 ans que je vis dans ce quartier (oui,ça fera 2 ans en Février, laissez moi les quelques mois qui manquent…), d’abord côté Rosemont-Petite Patrie, puis j’ai emménagé dans la Coloc’ Bien, deux blocs plus au Nord, et je suis passée du côté Villeray de la Force. Ce quartier, c’est mon quartier. Arrivée là par hasard (je voulais vivre sur le Plateau – comme tous les Français – j’ai finalement trouvé une chouette coloc rue Bélanger où j’ai passé 6 mois), je suis tombée sous le charme, et lorsqu’il a fallu déménager je n’ai pas voulu m’éloigner. Alors oui, on me dira « Jean-Talon ? c’est loiiiinnn ». Mais loin de quoi ? D’Hochelag’ ? De St Henri ? J’y vais très rarement…

Non, Villeray ce n’est PAS loin. Je suis environ à 30 min de à peu près partout où je vais régulièrement. En vélo c’est encore plus rapide. Et surtout, j’ai une vraie vie de quartier, comme il me semble qu’on ne trouve plus sur le Plateau ou dans le Mile End, parce que well, c’est rendu super fancy-touristique-hipster. C’est clair que Petite Patrie / Villeray a bien changé en quelques années. Je ne connais pas ce coin depuis un bout mais en 2 ans (ok, 20 mois) ça a déjà pas mal évolué, et plein de commerces, bars, restos et cafés sur sympas se sont ouverts.

Je voulais donc partager ici quelques bonnes adresses et places que j’apprécie et qui font à mon sens le charme du coin, et valent presque le coup de prendre le métro pour dépasser Laurier. Je vous jure, il y a de la vie au Nord de la voie ferrée. Tu peux passer le pont, même que le métro se rend au delà, et que le soir ya le 361 pour rentrer. Promis, on mord pas.

cafe-moustache

Au Nord de Laurier, on peut boire du bon (du très bon) café. Et des chaïs, aussi. Parce que le chaï latte, c’est la vie. Ya même des cafés avec wi-fi pour venir travailler avec ton laptop – trop MODERNE. Ça commence sur Beaubien avec le Moustache Café (1). Juste à côté, le café Odessa (2) – plus pour emporter – à mon goût un peu moins bon et je préfère la déco et le service du Moustache. En remontant un peu, RDV chez Larue & Fils (3), un petit café au coin de Castelnau et Henri Julien (NDLR : ils viennent d’ouvrir une succursale sur Jarry /St Denis!), et encore un peu plus haut sur Villeray, le Café Vito (4) propose des cafés à emporter (ou à siroter sur une chaise à l’ombre des arbres…) de 6am à 11pm. Toujours sur Jarry, le OUI MAIS NON (5) a ouvert il y a peu – je n’ai pas encore testé mais on en dit du bien sur À la Mode Montréal.

isle-de-garde

Au Nord de Laurier, on peut aussi boire de la bonne bière. Et d’autres choses. Pour commencer par les microbrasseries, mon bar chouchou est bien sûr le Vices et Versa (1), sur Saint Laurent (juste en face du parc de la Petite Italie). Le choix de bières est assez fou, la bouffe correcte, et il y a une super terrasse ben cute et ombragée à l’arrière. Je n’ai pas eu l’occasion de tester le petit dernier, l’Isle de Garde (2) (Beaubien et Christophe Colomb) mais ils semblent avoir une très belle sélection de bières locales. Je n’ai pas non plus encore été à la Brasserie EToH (3), sur Jarry et Saint Denis, qui propose aussi une belle carte de bières locales et d’ailleurs.

Côté apéro, entre bar et resto, le Huis Clos (4) (St Denis / Villeray) est un bon endroit pour un plateau de fromages – un peu cher mais la qualité est là. De retour sur Beaubien, je décerne une mention spéciale au Nacho Libre (5), pour sa communication Facebook complètement WTF et ses soirées à thème. Pas de la grande cocktaillerie, mais on y mange bien pour de la bouffe de bar à partager (tacos), et il y a des balançoires ! Le soir, j’ai passé quelques soirées sympas au « NDQ », le Notre Dame des Quilles (6) (Beaubien et St Laurent, en face du Café Moustache) qui comme son nom l’indique a une piste de bowling en dedans. Les cocktails sont à des prix très corrects, l’ambiance est hipster-gaie (gaie comme dans LGBT) et la musique plutôt bonne. Le Pub Saint-Édouard (7), sur Rosemont, a été notre QG pendant un temps avec la copine Maryne. Enfin, pour une ambiance plus décalée, le Miss Villeray (8) est un bar de quartier ben le fun.

Je mentionne ici au passage la SAQ Sélection (9) sur Beaubien et Boyer, qui est une des plus grandes SAQ de Montréal et qui propose un très beau choix avec un étage entier dédié aux vins de « cave » pas toujours plus chers que ceux d’en bas.

bottega-montreal-pizza

Voilà pour le boire ! Et pour le manger ?

C’est important le manger. Et on a de la chance : ya de très bons restos dans mon quartier. Je vais cependant limiter ma sélection à ceux que j’ai testés (et ceux qui sont pas trop chers). Burgers, brunch, asiatique ou italien… Il y en a pour tous les goûts et j’adore sortir manger pas loin de chez moi.

Le coup de coeur burger : La Boulette (1), sur Beaubien et de Lorimier. Ok, c’est un peu loin mais ça vaut le coup. Et c’est juste en face du Cinéma Beaubien – parfait pour une 2e partie de soirée. J’avais déjà parlé de la Boulette ici -> à la recherche du burger presque parfait

Le coup de coeur italien / pizza : À mon goût de Sudiste élevée à la pizza maison et aux camions de pizza (les foodtrucks n’ont rien inventé), je trouve que les pizzas sont généralement dégueulasses à Montréal. C’est là que j’ai atterri un jour à la Bottega (2). Pizzas au feu de bois à un prix « raisonnable », le resto est toujours bondé même si les vins, quoi qu’excellents, sont chers. Tant pis, on se fait plaisir !

Le sushi pas cher quand on a la flemme de cuisiner : Sushi Futago (3) sur Bélanger / de Normanville. Ils livrent dans le quartier, la madame au téléphone est adorable mais parle un français mitigé et comprend pas grand chose, mais c’est toujours bon, pas cher, et livré rapidement.

regine-pain-dorele pain doré du Régine Café – photo blog.artv

Le(s) brunch(s) qui font du bien par où ça passe : trois adresses.

Pour la version pas chère mais vraiment bonne : le Vieux Vélo (4) (Beaubien / St Dominique) . On mange pour 10-12$ une belle assiette de deux oeufs bénédictines sur muffins anglais. Le café est à éviter (jus de chaussette) mais les jus (de fruits) se défendent bien.

Le Régine Café (5) (Beaubien et Papineau), mon chouchou, là où je vais pour m’exploser le ventre, où j’emmène les amis de passage. Un beau choix d’assiettes plus ou moins classiques, de la gaufre aux tartines salées, la carte s’adapte à la saison. On se régale, et OUI ça vaut le coup d’attendre 30 minutes pour entrer.

Le Santa Barbara (6) (St Zotique et St Vallier). Un resto semi-végé qui mélange la cuisine Nord et Sud-Américaine. La carte évolue régulièrement, c’est pas donné mais ça vaut le détour. Ils font aussi resto « normal » les soirs de semaine.

Enfin, une petite note pour faire son épicerie. ÉVIDEMMENT le Marché Jean-Talon, mais aussi cette épicerie bio et pas chère : Mondiana. On y trouve à peu près les mêmes produits que Rachelle Bery ou Aliments Tau, mais en moins cher (et plus bordélique). Je fais pratiquement toutes mes courses là bas.

Alors non j’ai pas fait le tour. Je vous ai pas parlé de la Plaza St Hubert qui est pleine de magasins bien surprenants et pas si quétaine, ni de mon nouveau coiffeur trop bien où on se fait laver et masser la tête allongé sur un matelas, ni du Pourvoyeur (10) ou du Café Beaufort. Mais bon cet article fait déjà 1200 mots alors on va arrêter là pour cette fois !

 

Montréal, Québec · Voyages

sur la route du Saguenay

En Juillet, j’ai donc eu la visite des copains Ludi et Clément. Vu que j’accueille en ce moment la team Tattoorialist aka Mylène et Nico, on me fera remarquer que j’ai beaucoup d’amis couples, et que c’est pas chiant quand même de tenir la chandelle ? Alors non vraiment pas, tu vois j’ai des amis couples qui sont juste géniaux et adorables et avec qui je me sens pas du tout « en trop » (enfin pas toujours) et que j’adore tous les deux même si dans le cas des premiers je connais Ludi depuis des années alors que Clem, bon c’est un rajout plus récent, mais disons que c’est le genre de couples avec qui je peux parler autant à l’un qu’à l’autre et qui sont vraiment pas chiants.

Faque j’ai pas vraiment eu peur de me retrouver en mode trouple (couple à trois) pour un mini-road trip entre amis, direction le Saguenay. J’avais organisé le séjour un peu à l’avance, trouvé une cute petite auberge au fond du fjord à la Baie, loué une voiture, et puis on a décidé d’aller voir les baleines en kayak, un peu parce que Maryne y était allée juste avant et que c’était génial, et un peu parce que Ludi osait pas trop nous dire que oui, vraiment elle rêvait de voir les baleines.

Lundi matin,encore dans les vapes du week-end, on embarque dans la voiture, direction l’A40 et Québec par la Rive Nord. On décide de s’arrêter aux Chutes Montmorency, juste après Québec, histoire de se dégourdir les jambes, pique niquer et voir un peu de quoi ça l’air. Je vous ferai pas un descriptif du lieu, c’est pas mal touristique et les escaliers nous auront fait suer – disons que c’est sympa à voir mais que ça faut pas les 12$ de parking (?!) demandés en bas…

Saguenay-juillet-2014-1
Saguenay-juillet-2014-14Saguenay-juillet-2014-18Saguenay-juillet-2014-21
Monter au Saguenay depuis Montréal, c’est un peu plus de 500km, on avait donc décidé de la jouer cool et de prendre les petites routes. Avant d’attaquer les routes de forêts du Parc des Grands-Jardins, nous avons fait une halte à Baie St-Paul, et pris une espèce d’énorme claque dans ta face. Le village est super cute (j’y retourne fin Août, on s’en reparle), et on a décidé d’aller au bout du bout du quai. C’est là que ça se passe – le Saint-Laurent ici commence à ressembler à la mer, et il y a cette plage, et cette étendue à marée basse. L’air iodée, humide comme des embruns. Alors on a enlevé nos chaussures et on a marché, les pieds dans le sable, jusqu’à se retrouver au milieu de cette baie encadrée par les « montagnes » du Massif de Charlevoix. On est là, le vent souffle fort mais c’est pas un vent qui fatigue, c’est un vent qui revigore, qui donne envie d’ouvrir grand les bras et de fermer les yeux, et se laisser porter.

Saguenay-juillet-2014-33 Saguenay-juillet-2014-34 Saguenay-juillet-2014-37 Saguenay-juillet-2014-39 Saguenay-juillet-2014-41 Saguenay-juillet-2014-42

Et puis il a fallu reprendre la route. Derrière, des nuages menaçants, et encore une petite centaine de kilomètres d’une route sinueuse, slalomant entre une forêt d’épinettes dévastées il y a quelques années par un incendie, et les lacs aux eaux noires. On était seuls au monde un peu sur cette route, croisant quelques camions et points de vue – avec un toilette au milieu de nulle part. On se sent tout petit, perdus dans ces paysages, des arbres et des roches à perte de vue, et cette ligne jaune pour marquer le passage de l’humain dans cette nature brute.

Saguenay-juillet-2014-45 Saguenay-juillet-2014-46 Saguenay-juillet-2014-47

C’était le soir. On a traîné dans la Baie pour manger un (excellent) burger et regarder les bateaux. On est passés au Maxi faire trois courses (et acheter beaucoup de trucs sucrés). On s’est assis sur la terrasse, en regardant les étoiles. Y en avait beaucoup. Yavait la Voie Lactée, tellement claire qu’on s’est demandé si c’était pas un nuage. On s’est sentis tout petits, à nouveau. Et c’était beau.

Saguenay-juillet-2014-48 Saguenay-juillet-2014-50 Saguenay-juillet-2014-51

(à suivre)

La Baie :
Auberge Les Mains Tissées, la Baie www.lesmainstissees.com – 25$ / nuit / personne (plusieurs chambres doubles)
Café Summun bistrocafesummum.com – les burgers sont excellents

 

 

Montréal, Québec · Voyages

le vent dans nos cheveux

Juillet se termine sous les trombes d’eau d’un orage d’été, Dora a peur, miaou miaou, je ne comprends pas, j’ai beau lui demander de s’expliquer, miaou miaou encore. Un an que j’ai recueilli l’animal, un an que j’ai emménagé dans cet appart, que le temps passe vite.

J’ai la plume sèche. J’écris plus, plus vraiment, plus ici. J’ai des choses à raconter pourtant, comme le fait que j’ai eu 28 ans sans encombres, beaucoup fêté, et même que les amis étaient là, qu’on est partis au Saguenay et à Tadoussac, et que c’était beau.

saguenay1

C’était un lundi, on a pris des routes droites, toutes droites avec des arbres autour, passé la capitale, et puis on est arrivés dans cette région avec des petites maisons aux balcons suspendus et aux noms bucoliques. On a découvert le Saint-Laurent là où il s’élargit pour ressembler à la mer, là où le vent se remplit d’iode et où on peut enlever ses chaussures pour mettre les pieds dans l’eau. Et puis on a pris d’autres routes, entre les épinettes et les montagnes, de celles qui serpentent entre les lacs noirs, suspendue entre roches et nuages. On a croisé une marmotte (minou) et des suisses. Plein de suisses. On a dormi dans une chambre avec un matelas trop petit et regardé la Voie Lactée scintiller. Marché au travers des chemins de terre pour atteindre la Vierge, quelque part au dessus des eaux sombres du Fjord. Et puis on est allés caresser les rorquals, glissant (presque) silencieusement sur une eau à 4°C, tentative de pagayer droit, pas douée du gouvernail je suis.

On s’est dit que vraiment, la vie est trop courte pour tout voir. Qu’on peut toujours essayer. Qu’on en a envie. Que c’est immense, et tellement beau, ce pays. Je tombe en amour, encore et encore. J’ai déjà le goût de repartir.

 

IMG_7704IMG_7710

fjord-saguenay

C’était un samedi, ils ont repris leur avion argenté pour retrouver Paris, j’ai failli pleurer un peu, mais non. Il faut pas pleurer, même si on aime pas trop les au revoir parce qu’on sait pas combien de temps il faudra compter, on se revoit toujours plus tôt que prévu. Et puis j’ai glissé beaucoup d’amour, du sirop d’érable et quelques poils de Dora dans leurs valises, pour pas qu’ils oublient, pour qu’ils soient pas trop tristes de retrouver Paris, pour qu’ils trouvent facilement le chemin pour revenir.

J’ai le coeur ailleurs. Ailleurs, vers l’Ouest, je crois. Tout ça occupe mes nuits, mes jours, ma tête et mon ventre, et je trouve le temps long. C’est ça qui arrive, je crois, quand on tombe de sa chaise. Ce qui compte c’est pas la chute, c’est l’atterrissage, et je me suis pas fait mal pour l’instant. Je compte les jours. Cette fois, il y a une date cochée dans le calendrier.

Alors on prendra la route pour aller mettre nos pieds dans le sable, parce qu’il parait que ça fait du bien, un peu de vent dans nos cheveux.