Intime & Réflexions

nocturne

-post écrit le 22 janvier-

Aller viens, on frissonne un peu, pas parce qu’il fait froid – même si – non, pas pour ça. Fais le silence en toi, il est tard, ou tôt, c’est un après midi, qu’importe, laisse toi emporter. Mets tes écouteurs, ou les enceintes bien fort, il faut qu’on l’entende clair, la musique, que chaque touche qui résonne se fasse un chemin jusqu’à ton oreille interne, et puis ta poitrine, et se scelle dans ton ventre; que tu puisses percevoir jusqu’aux respirations des gens dans la salle – ceux qui toussent, ou se grattent la gorge, et les froissements – c’est pas qu’ils sont malpolis, mais c’est comme si leurs bruits spectateurs faisaient un peu partie du morceau – pour donner un peu d’humanité à la sonorité du piano. Il faut que tu écoutes aussi les grincements des pédales, l’effleurement des doigts sur les touches, ailleurs le son de la tape qui grince et les cliquetis, légers, fermes, tendres, l’amour quelque part qui s’inscrit. Voilà, ferme les yeux… tu y es. Dans la musique. Entièrement.

Aller viens, on frissonne un peu parce que j’ai toujours tellement aimé le piano, et ces morceaux si doux, j’aimerais leur donner un nom – je trouve Chopin si près – Nocturnes. C’est de la musique qu’on écoute seul le soir, la nuit, au fond des draps, dans un salon allongé sur le tapis, lorsque les notes accompagnent doucement l’esprit vers le sommeil – ou ailleurs, c’est selon, selon où la musique viendra se nicher – dans nos ventres, nos têtes, nos pensées. Embrumés par la nuit qui tome et pourtant si alertes – chaque note, goutte de pluie, pas, jusqu’où ira cette course, quel est le chemin, quelle est la question.

Il est minuit, je frissonne, je le connais par coeur pourtant, avec ses bruits et ses respirations, mais la ritournelle encore une fois m’emporte sans préavis, les mots viennent.

Je disparais. À vous.

Intime & Réflexions

everything is in the right place

Lundi, j’ai touché Marseille du bout des doigts. On est allées au J4, avec ma mère et Candice, ma belle-soeur.

Je dis « ma belle-soeur » même si MonFrère et Candice ne sont pas mariés, mais c’est parce qu’elle fait partie intégrante de la famille. Un peu comme une soeur, sans les souvenirs d’enfance en commun. Elle fait partie des rares personnes qui peuvent m’offrir un bijou et tomber juste dans ce que j’aime – je suis compliquée du bijou – compliquée du cadeau aussi d’ailleurs.

Le J4, avant, c’était un espèce de no man’s land où on organisait les Docks des Suds et Marsattack. L’été, y avait des gamins qui se baignaient. Et après, les bateaux. Avec Marseille-Provence 2013 (comprenez : Capitale de la Culture Européenne), ils ont construit le MUCEM. J’étais jamais allée là bas, le MUCEM a ouvert après mon départ, et cet été j’ai pas eu le temps, alors voilà. Je voulais voir.

Il y avait des nuages jusque loin sur la mer, et le soleil entre eux. Il y avait l’eau bleu pétrole, et émeraude, selon où on regarde. Il y avait Notre Dame, et la Major, et le Vieux Port, et les quartiers Nord qui s’étendent là, entre l’Étoile et l’Estaque. Les ponts du chemin de fer de la Côte Bleue. Les immeubles tordus. Le Fort Saint Jean, et le truc que Napoléon a construit pour Joséphine et dont j’oublie toujours le nom. Et le Frioul derrière, mais sans le Château d’If.

On avait jamais vu Marseille sous cet angle. Vue d’en bas, vue du J4 et de la Tour du Roi René (qui était en fait Comte de Provence, mais ici on est un peu chauvin, et on aime bien exagérer). D’habitude, Marseille, on la regarde d’en haut, de la Bonne Mère, avec le Vélodrome d’un côté et les docks de l’autre. Cette vue depuis le bout du Port, c’est nouveau, c’est pas un coin où on va vraiment, ça existait même pas avant. Alors c’était comme redécouvrir sa ville. Et c’était magique.

Alors le soleil a fini de se coucher sur la rade, et le ciel a disparu dans une tâche d’encre sombre, avec le chapiteau du cirque Medrano qui se découpait devant.

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Intime & Réflexions · Voyages

la parenthèse

Dans quelques heures, je serai dans un avion d’Air France, direction Paris. Dans quelques heures, j’atterrirais à Roissy, dans ce grand terminal tout beau tout neuf. Je réalise pas. C’est l’impression que mes dernier pas sur les pavés français ont eu lieu hier, et que ce hier, c’était il y a une éternité. C’est l’impression que ces six mois qui me séparent de ce mois de Juillet, à l’aéroport Marseille-Provence, à dire au revoir à mes parents au milieu des sacs colorés. C’est savoir que quelqu’un m’attendra, là bas, demain à Roissy, dimanche à la gare TGV d’Aix-en-Provence, que je vais serrer dans mes bras tous ces gens qui sont si loin, les toucher, les embrasser, leur parler en vrai.

C’est une chose étrange que la distance. Si loin d’ici je ne me rends pas compte des kilomètres qui nous séparent, et encore moins des mois. J’entraperçois des bouts de vie et de visages au détour d’un post Facebook ou Instagram, je partage sur Snapchat les pérégrinations dans Paris, les textos échangés au milieu de la nuit alors que de l’autre côté de l’Atlantique c’est déjà le matin.

Je ne réalise pas cette distance, la plupart du temps. Ma vie ici est tellement différente, tellement intense, en tous points, que je ne ressens pas de manque. Et puis il y a ce moment où tu prends ton billet et tu te dis « putain, ça fait six mois ». Il y a cette amie qui a perdu tellement de poids qu’elle est méconnaissable. Cette autre qui a coupé ses cheveux. Les grands-parents qu’on a pas vus depuis des mois. Et puis celui dont on a presque oublié l’odeur, le parfum, le goût de la peau, et les nuits blanches…

J’ai parfois la sensation d’avoir deux vies. Ici, et là bas. Deux chez moi. Deux existences en parallèle qui parfois se croisent en un ballet étrange coincé entre les fuseaux horaires. Et si j’ai hâte de retrouver Paris, la Provence, ma famille, mes amis; si j’ai hâte de voir s’illuminer la Tour Eiffel et de sentir le soleil du Sud sur mon visage; je sais que tout ça va me manquer. Ma coloc, mon chat, mon lit, Montréal, mes amis, chez moi. Que je serai contente, dans dix jours, de remonter dans cet avion, rassasiée de la France.

En attendant, je vais fermer ma valise. Et ouvrir cette parenthèse, pour mieux revenir.

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Intime & Réflexions

de loin

Il y a des jours où j’ai un peu envie de m’éloigner de la « ligne éditoriale » de ce blog – si ligne éditoriale il y a. J’ai toujours des mots qui se promènent dans ma tête, des mots orphelins que je n’ai nulle part où poser pour qu’ils retrouvent les phrases auxquels ils appartiennent. Parfois, je pense à prendre mon clavier et écrire, ici, là bas, ailleurs. Ca ferait comme des histoires hors contexte, un peu, juste laisser les mots prendre le contrôle, sans savoir où je vais ni vraiment s’il y a un sens à ces phrases que je dépose.

C’est pas vraiment le lieu de ce blog. Ici, je raconte ma vie – ma réponse quand on me demande « et tu parles de quoi sur ton blog ? ». Ma vie. Un point de vue complètement subjectif sur un tas de choses, des photos vue de mon objectif, iPhone ou G12, des impressions, des relents de mon quotidien.

le nouvel amour de ma vie, et objet de la moitié de mon compte Instagram

Il est loin le blog où je racontais mes histoires de rencontres sur Adopte un Mec, ou ces posts pour raconter les soirées parisiennes. J’aimerais raconter plus de voyages, plus de chroniques, plus de choses drôles, mais le temps et les mots ne suivent pas toujours – ça demande un effort, là où les mots mélancoliques sortent si naturellement. Et puis il y a ces soirs où je me retrouve, tardivement, au bureau passé les heures de pointe – la nuit dehors est tombée, l’open space est vide, entre deux bouclages et rattrapage de flux je laisse venir les mots sur le clavier. Ca sort sans réfléchir, sans savoir où on va, c’est juste des mots tapés à trois doigts sur un clavier immigré (j’ai toujours pas adopté le qwerty) – parfois mon index gauche vient appuyer sur la touche Majuscule – point. C’est juste des phrases sans queue ni tête qui se glissent à demi-mots. Un enchaînement d’idées. C’est. Continue reading « de loin »

Intime & Réflexions

si peu de choses

C’est un article un peu vide, désolée. Décembre est arrivé sur Montréal, apportant la neige, le froid, un peu. Et puis ça a fondu, mais on a eu quelques journées blanches, ce genre de moments de grâce où tu peux marcher la bouche ouverte pour attraper les (gros) flocons qui tourbillonnent du ciel, et les matins gelés au ressenti -20°C et au ciel bleu poudré de fumées blanches.

C’est pas vraiment beau, Montréal en hiver, et puis c’est beau malgré tout. C’est un ciel blanc et lourd, c’est les rues détrempées, la neige sale amassée sur les trottoirs entre deux flaques d’eau grise. C’est ces matins clairs où un tapis blanc recouvre la laideur de la ville – le béton des trottoirs, les pelouses grillées, les détritus.

J’aime l’hiver. Malgré ces journées trop courtes, j’aime ce froid vif qui fait les jours rouges et assèche mes lèvres. J’aime enfiler mes bottes et mon gros manteau pour sortir. J’aime marcher sur la neige fraîche, sentir le craquement sous mes pieds, et voir mon manteau se couvrir de flocons. Le ciel bleu et le froid sec me rappelle mes hivers en Provence – avec une vingtaine de degrés en moins.  J’aime Noël qui s’en vient, la frénésie des Fêtes, les vacances, bientôt. Continue reading « si peu de choses »

Intime & Réflexions

November

Il est long, ce mois de Novembre. Il est long comme ces mois pourris, entre deux, qui semblent s’étendre indéfiniment.

Hier encore, c’était Octobre, ses arbres dorés-rouges et son été Indien. L’Halloween, les citrouilles, les gamins partout. Hier encore on prenait la route pour un week-end au chalet, en rêvant de la neige. Bientôt, on se disait, bientôt. Et pourtant.

Novembre s’étire en longueur. Les jours gris sont trop courts, le ciel est lourd de nuages informes, le soleil se couche à 16h depuis qu’on est passés à l’heure d’hiver. Mais c’est même pas l’hiver. C’est un de ces mois intermédiaires qui ne servent à rien. On attend le (vrai) froid. On attend la neige. On attend que les PVT ouvrent. On attend les vacances, à Noël, ce moment de prendre l’avion pour dix jours qu’on sait déjà trop courts. On met des t-shirts de licornes et des pulls à chiens pour tromper la morosité de ces journées qui se ressemblent.

 

passion selfie-animaux. et non je fais pas la gueule dans la vraie vie.

C’est de ces semaines où la distance pèse un peu plus – ou se multiplient les sessions Skype et les texto – et où on a l’impression que le monde autour est submergé de mauvaises nouvelles. On a beau avoir eu dix mois pour reconstruire une vie ici, avec l’hiver qui arrive, le cocon semble soudain fragile. On sort moins, peut être, la chaleur du chez nous rassurant – on se prépare pour l’hibernation – et le vide se fait plus présent.

-16°C dimanche. On a ressorti les tuques et les manteaux. Ce soir, les premiers flocons sont enfin tombés sur Montréal. Soudain c’est un avant goût de ce qui nous attend – ces trois mois qui arrivent, blancs, secs, et froids. Ces journées au ciel d’un bleu trop pur pour être honnête, qui nous réservent la brûlure du vent. Ces jours gris presque tièdes, en comparaison. Continue reading « November »

Intime & Réflexions · Montréal, Québec

un an.

(NB: post écrit il y a une semaine, j’ai -juste- pas eu le temps pour le finaliser)

Je sais. Ça a l’air que je vais « encore vous faire un post en mode « je regarde vers mon passé et je fais le point ». Je vous ai parlé d’un tas de choses ces derniers mois sur ma vie mon oeuvre mon cul – je devrais peut être renommer ce blog en « moi je », -quoique The Stage Door est assez explicite sur le concept de « je me raconte en public ». Mais bref.

En ce moment, je suis dans une période « l’année dernière ». Non pas que je passe mon temps à penser au passé, mais juste que là, j’ai comme un point de repère visible et comparable avec mon présent: mon voyage à Montréal. À la même période en 2012 j’étais en effet venue passer deux semaines et demi à Montréal pour voir si cette ville me plairait, si je pouvais m’installer ici, un voyage de pré-visite en somme. Et j’étais tombée sous le charme. Je regarde les photos de mon voyage et je réalise que ce décor est devenu mon quotidien.

Fait qu’un an plus tard, au regard de cette date, je commence à tirer des lignes. Des lignes entre le « il y a un an je », et ce où je suis aujourd’hui. Tu sais, ces moments où tu te dis merde, ça fait DÉJÀ un an ??!!. Et tu hallucines un peu. Parce qu’un an, c’était hier, que y a quelques semaines à peine tu voyais encore la Tour Eiffel et que y a trois jours tu te promenais en short au bord du Saint-Laurent.

Et puis, en bizarrerie à ça, j’ai tendance à dire « l’année dernière » à propos d’un tas de trucs qui se sont passés en 2013. Comme si y avait un avant et un après. Même si certains trucs de « l’année dernière » se sont passés cet été, et que si j’y retourne j’ai l’impression que c’était hier.

Ma relativité au temps qui passe est très tordue vous noterez.

Tout ça pour dire que ça fait un an. Un peu plus d’un an que je quittais Paris, mon ex-job, ma vie là-bas, pour Bordeaux. Un peu plus d’un an que je me séparais de l’exGarçon et que je décidais sur un coup de tête (décision prise en une semaine même si j’ai mis 5 mois à partir pour de bon) de partir vivre à Montréal. Un peu plus d’un an que je mettais les pieds pour la première fois dans cette ville qui est devenue mon chez moi. Un peu moins d’un an que je stressais pour mon PVT (je compatis pour vous les gens qui sont en plein dedans). Un peu moins d’un an que je me faisais tatouer. Que je retournais vivre chez mes parents. Que je recevais mon accord conditionnel pour partir au Canada. Que je prenais mon billet d’avion. Que j’allais à Londres. Que je prenais finalement cet avion. Que je posais mes valises ici, un 4 Février. Continue reading « un an. »