Montréal, Québec · Voyages

le vent fera craquer les branches

L’automne est finalement arrivé sur Montréal. On a d’abord cru qu’il était en avance, pressant sa pluie et ses dix degrés sur nos visages dès le mois de Septembre. Et puis les Couleurs ont fait leur entrée, et ce redoux qu’on espère n’être pas un vrai Été des Indiens, parce que si c’est le cas, ça signifie que c’est terminé, après ça, qu’on ne retrouvera plus de 20° au soleil d’Octobre ou de Novembre. Alors on s’accroche au fait que non, il a pas gelé, que c’est juste un beau début d’Automne, qu’on va revivre ça.

Depuis une dizaine de jours, les arbres commencent vraiment à perdre leurs feuilles. C’est pareil, à cette période, l’automne ne tient qu’à un fil. Un coup de vent, une grosse averse, et on pourra shooter dans les feuilles mortes – les arbres se trouveront nus, l’hiver frappera à la porte. Tant qu’il y a des couleurs, on peut y croire, ces rouges et ces jaunes flamboyants illuminent Montréal et les cantons autour. En attendant on hésite chaque matin sur la tenue à adopter de 10°C au réveil, à 20 / 25°C dans l’après midi, et puis depuis quelques jours ça redescend à nouveau et on a juste pas envie d’y croire, pas envie de ressortir le gros manteau en laine, les bottes, pas envie de se dire « ça y est ». Alors on empile les couches devant son miroir en croisant les doigts pour qu’il pleuve pas.

Il y a deux semaines, on est partis en week-end en chalet dans les Laurentides. Le chalet, à Montréal, c’est un peu l’équivalent de la maison de campagne pour les parisiens. Un peu comme quand on part à Deauville ou en Bretagne, sauf que là c’est toute l’année. L’été, au chalet, on se fait bouffer par les moustiques et on se baigne dans les lacs. L’hiver, au chalet, on fait du ski / de la raquette / du ski de fond, et le soir on mange gras et on profite de la cheminée. Et l’automne, on fête les anniversaires des copains dans un immense chalet vintage-quétaine avec piscine intérieure…  Continue reading « le vent fera craquer les branches »

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vers l’Est

Au mois de Septembre, mes parents sont venus me voir à Montréal, et en ont profité pour visiter un peu le Québec. Le premier week-end, nous sommes partis ensemble passer quelques jours dans les Cantons de l’Est, entre Bromont et Sherbrooke. Ce qu’on appelle « Cantons de l’Est », c’est cette région au Sud-Est de Montréal, entre le Saint-Laurent et les Etats-Unis. En réalité on a seulement fait un bout des Cantons de l’Est, et une partie du « Brome-Missisquoi », un autre canton au Sud de Montréal.

Mes parents avaient prévu de se rendre sur la rive Nord du Saint-Laurent, et de remonter vers la Gaspésie. J’ai donc cherché un endroit pour passer notre week-end qui soit un peu différent des paysages du Nord. Mes collègues Québécoises m’ont conseillé d’aller vers l’Est, pour changer un peu. Comme la météo n’était pas très favorable je me suis dit qu’on aurait aussi une partie plus « culturelle » dans ce coin là que vers les Laurentides ou la Mauritie. J’étais seulement allée à Bromont pour skier – je n’avais donc pas vu grand chose à part l’autoroute, les pistes de ski et le Tim Hortons.

Il faisait pas très beau, mais nous avons quand même pu profiter de quelques rayons de soleil le deuxième jour. On a dormi à Bromont, dans un super gîte, et la journée on est partis sur les petites routes. Parfois, les « routes » se transforment en chemins, et puis on se retrouve au milieu des champs, entre des hectares de maïs, des vaches et des silos colorés. A d’autres moments, on traverse des villages. Ca a traumatisé ma mère, ce terme de village : une route avec quelques maisons sur le bord. Et puis on revient au milieu des champs, ou des forêts.

Parmi les villes/villages traversés: Bromont, Farnham, Cowansville, Stanbridge, Dunham, Bedford, Frelighsburg, Abercorn, Sutton, Mansonville, Bolton, Eastman, Magog, Georgeville, Stanstead, Aber’s Cliff, Coaticook, North Hatley (on sent qu’on est proches de la frontière US…), Venise-en-Québec, Lacolle, Saint Jean sur Richelieu, Chambly.

Le premier jour on est partis vers le Sud, sur la « Route des Vins ». Au programme, quelques petits villages (traduire: route avec quatre maisons autour), des forêts, des collines, des forêts, et encore des villages. Dans les villages, il y avait des granges rondes, des moulins, et des jolies maisons – et des antiquaires, mais on a finalement rien acheté.

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Voyages

meet me there

“J’ai toujours aimé le désert. On s’asseoit sur une dune de sable. On ne voit rien et cependant quelque chose rayonne en silence. Ce qui embellit le désert, dit le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part.”

– Antoine de Saint Exupery

Je ne suis jamais allée dans le désert. Je veux dire, jamais vraiment. J’ai traversé la Death Valley, il y a longtemps, lors d’un road trip en famille dans l’Ouest américain. J’ai touché des yeux les dunes du Sahara, en Tunisie, il y a pas mal d’années. J’ai pris la route qui vacille au milieu du Désert des Agriates, en Corse, qui n’est pas vraiment un désert.

Je fantasme peut être, mais il y a là quelque chose qui m’attire. L’immensité du vide. La chaleur, ou le froid, là où se rencontrent les extrêmes.  Le sable, la poussière, l’aridité d’un paysage dans lequel toute erreur est fatale. Le soleil qu’on voit se lever et se coucher sur un même horizon. Le temps, ralenti, différent.

Cet été, j’ai fait une rencontre. Plusieurs, je pourrais dire, mais c’est difficile à expliquer. Cet été, j’ai réalisé qu’il y a quelque part où je veux aller. Parmi les centaines de destinations qui occupent l’espace de mes envies, celle-ci a soudain pris une dimension réelle, au travers de ceux qui en sont revenus, qui m’ont raconté, à cause d’une cabine téléphonique improbable perdue au milieu du désert, peut être aussi.

C’est un lieu isolé, coupé du monde réel, quelque part au milieu d’un état de l’Ouest Américain. Un lieu fantôme, qui n’existe que dans l’esprit de ceux qui l’occupent, et prend racine seulement 10 jours dans l’année. Un lieu utopique, je crois, mais qui semble pourtant réel, perdu au milieu de la dust, durant lequel on croise des véhicules fantasmés, des formes étranges, des gens colorés, et un homme de bois.

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Voyages

j’ ai mal à Marseille

Peut être le savez vous (ou pas, si vous êtes arrivés ici il y a peu), mais je suis originaire du Sud de la France. Je suis née à Aix-en-Provence, et j’ai grandi (et vécu la plus grosse partie de ma vie) dans un village entre Aix et Marseille. Après avoir fait mon lycée et ma prépa à Aix, j’ai intégré une école de commerce à Marseille (Euromed / KEDGE pour ceux que ça intéresse), où j’ai passé deux ans.

Lorsque je suis arrivée à Marseille, je connaissais très mal cette ville. On y allait parfois avec mes parents quand j’étais petite (surtout aux plages du Prado et aux Calanques, et tout ça me paraissait très loin), et plus tard lorsque j’ai eu l’âge de sortir toute seule, j’allais plus souvent à Aix qui était plus facile d’accès en bus, plus petit, et où tous mes amis sortaient. Pour avoir vécu à seulement 20 km de Marseille pendant 20 ans, j’avais pourtant un sentiment d’insécurité en y allant, et si je n’avais aucune crainte lorsque je m’y suis installée, j’étais contente de ne pas être très loin d’Aix et de chez mes parents.

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à la recherche du burger presque parfait (épisode 1)

Après une semaine encore bien chargée et avec le moral dans les chaussettes (vous avez de la chance, mon emploi du temps trop rempli vous a évité un post dépressif), j’ai enchainé sur un week-end « en chalet » dans les Laurentides. Je reviendrai sur le concept, car le sujet de ce post n’est pas le chalet, mais la bouffe. En une semaine, j’ai donc mangé… quatre burgers. Oui oui oui. mon équilibre alimentaire se porte bien, merci.

Quatre burgers, donc, dont deux durant ce fameux week-end, qui m’ont fait réaliser qu’en quatre mois à Montréal, je n’ai toujours pas partagé mes « bonnes adresses » locales. Et il y a deux « spécialités » Nord Américaines qui peuvent compétiter (du verbe compétiter) haut la main avec la gastronomie française: le grilled cheese, et le burger.

Bon ok, le mac’n’cheese se défend bien, mais on va garder ça pour plus tard.

Côté grille-cheese, j’avoue avoir choppé THE technique dont je vous parlerai plus en détail si je me motive un jour à reprendre mon blog cuisine. Côté burger, je ne me suis pas encore lancée dans l’expérience à la maison, mais j’ai commencé à tester quelques adresses… Continue reading « à la recherche du burger presque parfait (épisode 1) »

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la Mauricie en vert, bleu et gris

Il y a un peu moins d’un mois, le printemps est arrivé à Montréal. Depuis il s’est installé avec des hauts et des bas, des semaines de chaleur écrasantes qui ont été suivies par des journées à seulement quelques degrés. Ce week-end là, ça faisait presque trois mois que j’étais ici sans être vraiment sortie de l’île de Montréal à part pour trois jours à Toronto – qui n’est pas ce qu’on appelle une ville « nature ». J’avais besoin de grand air, d’espace, d’arbres, de lacs, de verdure. Il faisait beau, alors on a décidé de louer une voiture, de se trouver un endroit pour dormir, et de partir voir ailleurs si c’est joli.

Le choix s’est porté sur le Parc de la Mauricie. A seulement 170km de Montréal, ça nous évitait de passer la journée sur la route, et puis j’étais tombée sur un article de Lili qui m’avait vraiment donné envie. J’ai réservé un bed&breakfast, embarqué un jean, des lunettes de soleil et mes chaussures de marche dans un sac à dos, et on est partis.

Sur la route, on s’est arrêtés à Trois-Rivières, une ville située à mi-chemin entre Montréal et Québec, sur les bords du Saint Laurent. C’est un joli petit port, sans vraiment d’attrait mais mignon. La ville doit son nom à la rivière Saint-Maurice qui se jette à cet endroit dans le fleuve Saint-Laurent, formant deux petites îles – et donc trois « rivières ».

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Voyages

New York

Je pourrais vous raconter New York comme un guide touristique – mais j’ai pas envie, cette fois, de raconter par le menu tout ce que j’ai fait avec les « bonnes adresses » et les trucs à voir, et puis d’autres s’en chargent tellement mieux que moi. Ce week end était une parenthèse – une de plus parmi ces dernières semaines, après Toronto et le Parc de la Mauricie, sur lesquels je reviendrais aussi -, un coup de tête, une décision prise à quelques jours d’un départ anticipé, comme un au revoir.

New York depuis Montréal, c’est 8 à 9 heures de bus – seulement 600 km, mais tellement mal desservi autrement qu’on se retrouve à passer la frontière américaine à bord d’un Greyhound, lors d’un voyage un peu trop long. Dans les Greyhound, il y a des prises, et le WiFi qui marche un peu quand il veut. A la frontière, on doit sortir, montrer patte blanche, payer 6$ pour pouvoir poser le pied sur le sol américain. Après Plattsburg, il y a Albany, ville perdue au milieu de cet état qui s’appelle New York, gare routière fantôme à minuit et demi. Et puis au bout, après ces heures interminables, après avoir vu le soleil se coucher derrière les forêts, il y a la ville.

 
 

J’avais oublié comme New York est immense. Oublié cette densité, ces immeubles infinis qui font se pencher en arrière jusqu’à perdre l’équilibre si on veut voir le bout, les lumières de Time Square qui ne s’éteignent jamais. La pauvreté aussi, les errants qui puent dans la gare routière, les édentés qui font la manche, un morceau de carton accroché autour du coup pour réclamer un geste du coeur. J’avais oublié l’odeur si caractéristique du béton, les fumées sous les plaques d’égout, le métro incompréhensible, les briques rouges de Brooklyn.

La ville qui ne dort jamais. Continue reading « New York »