Intime & Réflexions

les imperfections (ce qui est beau)

C’était un soir et il neigeait alors que le jour d’avant il faisait 27°C et qu’on s’était pris un orage sur la tête – mais c’est comme ça à Montréal, tu sais, la météo elle est toute croche en ce moment, on sait plus comment s’habiller  ça a pas d’allure -, j’écoutais la playlist 8tracks vraiment coule que m’a fait découvrir ma coloc en écoutant la neige tomber sur les fenêtres et en me disant qu’Andrew Bird c’est vraiment bien, que je suis frue de pas avoir vu Half Moon Run en concert – vraiment -, et que le chou-fleur ça pue – parce que j’ai fait du chou-fleur. Et puis y a quelqu’un qui a liké une vidéo partagée par quelqu’un d’autre sur Facebook – tu sais les petits news dans la colonne de droite, où c’est écrit « machin a liké le status de truc » et « bidule est maintenant ami avec chose » – et puis c’était cette vidéo.

Alors c’est du Queb’ et vous allez pas tout comprendre sûrement, mais c’est beau. C’est beau parce que cette langue elle me caresse l’oreille, et plus encore, n’en déplaise à ceux qui trouvent cet accent dégueulasse, moi j’adore sa musique et ses expressions. C’est beau parce que c’est comme un poème, de ces textes écrits à la va vite sur un coin de carnet, une nuit où on arrive pas à trouver le sommeil. C’est beau parce que cette phrase, et la suite, et le reste.

« Parfois on oublie que c’est quand on s’trompe que c’est beau
Qu’on est vulnérable que c’est beau, c’est quand on s’trompe pis qu’on sait pas trop
C’est ça qui est beau »

J’ai jamais vraiment aimé les gens parfaits. Je déteste quand c’est lisse. Quand c’est tout plate et tout brillant, y a pas d’aspérités, pas de défauts, pas de rebords où s’accrocher le coeur et gratter un peu. Moi j’aime les gens qui sont capables de montrer leurs faiblesses – les petites, les jolies, les moins jolies, celles qui font d’une personne ce qu’elle est, un caractère en relief avec tout ce qui la compose. Moi j’aime les petits défauts, les trucs un peu croches et maganés. J’aime gratter la couche supérieure pour voir ce qu’il y a dedans, ce qui se cache sous le vernis, sous les apparences qu’on se donne, la première fois, et peler doucement les couches pour m’attacher à ces choses-là plus fragiles.

J’aime pas les premières fois. On essaye tous – plus ou moins consciemment – de se montrer sous ce qu’on croit être notre meilleur jour, de paraître plutôt que d’être, de jouer le rôle qu’on pense que l’autre voudrait nous voir jouer. On se pare, on se maquille, on enfile le costume trois pièces et les talons qui vont bien ; c’est que des apparences vous me direz ; et puis on se glisse dans la peau d’un nous démembré, un nous amputé, un peut-être-même pas nous.

Je crois que je suis un peu trop intense, là-dessus. Intense voir même intolérante, parce que je suis une nazie du naturel. Pas du naturel genre venez comme vous êtes-pas lavés-débraillés-poilu, non. Nazie comme je déteste découvrir plus tard qu’en fait, la personne que j’ai rencontré la première fois, bah, c’était pas elle. Un ersatz pseudo-amélioré. Un truc calculé pour me séduire. Surtout si ça a fonctionné. Je veux dire, oui, on est tous plus ou moins nous-mêmes, la première fois, évidemment qu’on montre pas tout, qu’il ya le politiquement correct, qu’il faut protéger les apparences, qu’on s’adapte au contexte et à l’interlocuteur et qu’on crie tous intérieurement « aimez-moi ». Mais je crois que la sincérité paye. Je crois qu’on devrait tous être capables d’assumer la part croche de notre nous-même, et pas jouer un rôle – juste choisir les morceaux qu’on va dévoiler, pas (se) mentir, pas feinter.

Au fond, je sais très bien que c’est impossible, mon affaire. Ya qu’à voir comment du jour au lendemain quand on quitte quelqu’un qu’on a aimé on a l’impression que c’est une autre personne – alors qu’on se connaissait par coeur ; et comment mes anciens collègues avaient une vision de moi assez déformée – comme quoi on a des masques et des costumes pour chaque rôle qu’on tient, chaque période de notre vie, chaque pièce à jouer. Je suis la première à m’habiller pour afficher une part de moi qui m’arrange dans un contexte particulier. Ce blog ne s’appelle pas The Stage Door pour rien. Mais je crois pas que j’ai déjà déçu des gens – je suis moi, en entier, dès le départ – un peu intense, un peu too much, un peu grande gueule, un peu chiante, mais c’est moi. Ce que tu vois plus tard, c’est juste parce que t’as eu envie de peler l’oignon, de gratter – et que j’ai laissé faire un peu – et parfois ça fait peur, et parfois ça semble incohérent avec le reste, et non j’ai pas toujours autant confiance en moi que ça en a l’air. Je crois que depuis Montréal, j’apprends à moins feinter, à moins me cacher, à assumer qui je suis et mes idées. Mais je sais pas comment ils font, les gens qui jouent un rôle tout le temps pour paraître bien, pour se faire aimer, pour coller au moule dans lequel on leur a dit d’entrer ; je me demande s’ils arrivent à gérer avec ce qu’ils sont en dedans ; s’ils sont en accord avec eux-mêmes ou si les apparences finissent par les bouffer ; s’ils seront capables de vivre toute leur vie en représentation ou s’ils vont finir fucking schizophrènes. Je me demande comment font ces filles qui se remaquillent le matin avant que leur mec ne se réveille, qui sont toujours parfaitement épilées, qui se montreront jamais en mode grumpy. T’es pas fatiguée de jouer à la poupée ? Je me demande comment font les gens qui cachent savamment leurs infidélités. Tu fais comment pour mentir à la face de celle/celui que t’aime ? Je me demande à quel point la société et les apparences nous polissent, nous formatent, poussent à se soumettre, à vivre cachés.

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Je vis dans un monde idéal où on pourrait tous juste être nous mêmes. Peut-être qu’à Montréal on a un peu plus cette possibilité. Peut-être que faut apprendre à vivre avec soi-même avant d’être capable de l’assumer devant notre entourage. Peut-être qu’on est tous des oignons bien habillés qui essayent tant bien que mal de se rendre heureux en cherchant l’approbation de leurs choix dans le regard des autres. Peut-être qu’accepter de pas être parfait, de pas savoir, de pas rentrer dans des cases de magazines, c’est compliqué.

J’ai plein d’amis pas parfaits, plein d’amis qui ont du mal à croire en eux, parfois, et j’ai envie de dire t’es beau, regarde, t’es beau avec toutes tes égratignures et tes doutes et tes hésitations, t’es beau avec tes cicatrices, tes larmes que tu caches, ta peur de pas réussir et de pas être aimé assez, c’est touchant d’être flou comme ça et oui je vois toutes ces traces en dessous de ta peau et je t’aime fort tu sais, je t’aime en entier avec toutes tes fêlures, et on devrait aimer que comme ça, toujours. Mais arrête de douter. Arrête d’avoir peur. Arrête de te comparer, de rêver de trucs comme dans les films et de trouver des raisons de ne pas y aller, et fonce, et tant pis si ça marche pas, au moins, t’auras tenté, tu te seras donné une chance, tu auras fait un choix, et tu pourras être fier de toi pour ça, d’avoir avancé avec toutes ces casseroles et ces doutes que tu te trimballes parce que t’es humain et que c’est comme ça, et d’avoir tenté malgré toutes les chances que ça rate, et n’aies jamais de regrets, parce que c’est aussi en se cognant aux murs qu’on apprend à vivre.

Mais je dis rien, souvent, je m’énerve toute seule à voir ces gens là que j’aime pas réussir à s’aimer et rien pouvoir faire alors que c’est juste . Et je dis rien, parce que je suis très forte pour faire ça en amitié, aimer sans conditions, et très nulle quand il s’agit d’amour. Alors je me tais. Parce que je suis pas parfaite, moi non plus…

– photo de pas ma main, par Vincent
Intime & Réflexions

Avril

montreal-110°C. Ça parait pas comme ça, mais c’est comme une transition brutale. La ville transpire. Les trottoirs dégoulinent de torrents de flotte grise et chargée de calcium, les petits cailloux s’effritent sous les semelles, emportés par le flux et reflux de la fonte, coincés entre deux flaques, glissés dans les ornières du ciment détrempé.

La ville pue. C’est l’odeur de la décongélation, comme un frigo trop plein après que l’électricité ait été coupée. C’est le parfum de l’eau qui s’accumule sur les trottoirs, entre les voitures, dans les parcs. Les relents d’une ville qu’on avait perdus pendant quelques mois – essence et gaz des moteurs, poubelles, détritus, et puis ce parfum si caractéristique du béton qui réverbère la chaleur, en été.
Dans les parcs, une pelouse grise, sèche, brûlée par le gel et la neige ; les mouettes se partagent les étangs formés ça et là ; ça crie dans les ruelles pour un morceau de pain.

On avait oublié, que la ville était vivante. Presque cessé de croire que cet hiver allait finir. Qu’on allait revoir la couleur de l’herbe et délaisser un jour nos bottes et nos manteaux.
C’est pas cette chaleur lourde de Juillet, mais on s’approche de quelque chose. L’air pèse sous les nuages. Electricité dans l’atmosphère. Et cette odeur humide qui remonte du sol.

Le ciel a pété cette nuit. Des trombes d’eau pour nettoyer la neige sale, laver la ville de ces quatre mois d’hiver. On avait oublié, le bruit assourdissant des orages, on s’était perdus des mois dans le chuintement feutré des tempêtes de neige, et voilà soudain le printemps qui prend ses aises, nous balance sa saucée pour rappeler que tout hiver, si long soit-il, a une fin.

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Au quotidien

de ma fenêtre

laptopChaque matin, c’est la même routine. Je comate sous ma couette en checkant Twitter et Instagram, échange de textos avec les copains/copines, puis je me lève et je m’installe dans la cuisine. J’ouvre mon ordi, je prépare mon déjeuner, et j’observe ce qui se passe dehors. J’ai la journée devant moi, tout est calme, je peux choisir de mettre la musique trop fort et traîner en pyjama si je veux. De ma fenêtre, j’observe l’arrivée du printemps. La famille d’écureuils qui s’agite pour regagner le gras perdu pendant l’hiver. La neige qui fond, et puis la nouvelle chute de neige, et le vent, et la pluie, et l’herbe sèche qui commence doucement à apparaître sous les plaques de neige sale. La buse qui se fait un festin d’un malheureux moineau, et l’écureuil qui vient pointer son nez parce que c’est SON arbre. Les couchers de soleil. Les dizaines de couchers de soleil, les jours qui rallongent, le chat qui perd ses poils, les branches grises de l’arbre qui vont bientôt se couvrir de vert.

Vous l’avez peut-être compris, mais depuis plusieurs semaines, je « travaille » chez moi. Un concours de circonstances, Jeune Pro refusé*, mouvements dans la compagnie où je travaillais, bref ça a été un début d’année très complexe, et je me suis retrouvée du jour au lendemain en congés-sans-solde-à-durée-indéterminée (parce qu’en tant que PVT-iste, pas de chômage pour moi, et sans visa, impossible de travailler), à quelques semaines de pouvoir lancer ma demande de résidence permanente**. Ca a été des semaines intenses sur pas mal de plans, car il a été clair dès le début que je ne voulais pas rentrer – pas tant que je n’aurais pas épuisé toutes mes options. J’ai donc envisagé toutes les solutions possibles pour rester dans cette ville que j’aime, dont celle de retourner aux études. Passé le moment de panique, j’ai aussi pris cette situation comme une opportunité pour me recentrer sur moi-même (souvenez vous, mon post de « résolutions ») et avancer sur la liste de toutes ces choses que j’avais envie de faire, tous ces projets que je trouvais pas le temps d’avancer. 

J’ai beaucoup dormi, j’ai refait le design de mon blog, j’ai enfin lancé un projet dont je parlais depuis des mois, j’ai repris les publications sur mon ancien blog cuisine (ça a pas duré mais bon on y croit), j’ai fait du jardinage, on a revu la déco de notre cuisine, j’ai lu, rattrapé des séries, des films. De manière étrange suite à la perte de ma job, une fois le choc passé et les conséquences « acceptées », j’ai pris cette nouvelle comme un soulagement. On est parfois pas bien dans une situation, mais on ne trouve pas la force/la motivation/les bonnes raisons pour changer. Alors on absorbe et on serre les dents. C’est là que je réalise que j’en pouvais plus, moralement, que j’encaissais mais que ça n’était pas sain comme situation, que je n’épanouissais pas du tout.

Il y a quelques semaines, on m’a proposé un nouveau boulot. Un boulot vraiment intéressant, le genre pour lequel je crois que j’aurais pas de difficulté à me lever le matin, le genre avec un projet qui m’emballe, le genre où on te dit « c’est à toi de créer et développer ton poste » ; et puis avec ce boulot, la possibilité d’avoir un visa. En une heure, l’horizon s’est ouvert et tout est redevenu possible. Ca a été tellement soudain et inattendu que j’ai cru à un rêve, un truc un peu irréel que j’attendais sans vraiment y croire, et je pensais qui n’arriverait jamais.

Je suis en ce moment dans les joies des dossiers pour présenter une demande de permis de travail. Rien n’est encore joué, je suis pour le moment revenue en statut « visiteur » (touriste longue durée) et je n’ai pas de garantie que cette nouvelle demande de visa soit acceptée, mais je crois vraiment que ce qui s’est passé a été un mal pour un bien. Pour la première fois de ma vie (je pense), je me suis « battue » (c’est un grand mot mais bon) pour quelque chose qui me tient à coeur, pour un choix que j’ai fait. J’ai pris conscience de l’importance d’être à Montréal pour moi, d’à quel point j’aime ma vie, à quel point je suis bien, et ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé de me sentir au bon endroit, au bon moment. Quelques mois qui m’ont aussi permis de me rendre compte de la chance que j’ai d’être entourée par des personnes géniales, ces (belles) rencontres dont on sait jamais vraiment comment elles vont évoluer – la réponse est : bien. Comme un d’entre eux m’a dit, « tu vois, tu avais raison d’y croire. »

A venir, encore beaucoup d’autres couchers de soleil…

coucher-de-soleil

* je ne rentrerai pas dans les détails ici mais pour résumer le JP a été refusé car on n’a pas établi que mon poste à Montréal constituait une évolution pour moi sur le plan professionnel. **Quant à la RP je comptais faire le PEQ qui nécessite 12 mois de travail à temps plein pour être lancé. J’étais à 11 mois.
Voyages

amsterdam.

amsterdam-weekendCa fait plus d’un an et demi maintenant que j’ai découvert Amsterdam, et je sais pas vraiment pourquoi je n’ai jamais pris/trouvé le temps d’en parler sur mon blog. C’est dommage, un peu. J’ai beaucoup aimé Amsterdam. C’était en Novembre 2012, un week end prolongé, le genre de plan pour lequel ta meilleure amie te dit « tu viens, on part à Dam avec Clem et Gi, et on va dormir sur une péniche« . Alors tu dis oui, parce que tu viens de te séparer, que t’es au chômage et que ta vie consiste à attendre que le PVT ouvre. Tu dis oui, parce que c’est cool, les weekends avec les amis.

C’est tout début Novembre, au retour de Montréal, et encore jetlaguée. Un aller sur Paris, une nuit sur un matelas gonflable qui se dégonfle, et le départ à 6 heures le lendemain matin. A quatre dans une Twingo, direction la Belgique puis les Pays-Bas. A l’arrière on est tassées entre les sacs et les duvets, on finit notre nuit.

Amsterdam Amsterdam Amsterdam Vélos traversier amsterdam

Ce weekend à Amsterdam, outre la découverte d’une très jolie ville, c’est plein de souvenirs. Le genre de weekend un peu WTF où tu préfères rire que pleurer. Parce qu’il fait froid et humide et que la péniche est pas chauffée. Alors on dort tout habillés et on se serre sous les couvertures. Parce que ya pas vraiment d’eau chaude et qu’on prend des douches en gueulant que putain il fait froid – quand ya pas deux cons qui s’amusent à faire tanguer le bateau. Parce que la « salle de bains » comporte un toilette qu’il faut pomper pour vider, et qu’on ira tous squatter les WC du super-resto-café italien où on va petit-déjeuner chaque matin avant de prendre le traversier pour rejoindre la ville.

C’est les soirées à rire comme des débiles en jouant au Times Up enroulés dans nos sacs de couchage. C’est les journées à arpenter la ville et les canaux en vélos, et rentrer trempés parce qu’il pleut-neige et qu’on a pas d’imperméables. C’est la balade en péniche où on cherche les volets (parce que je sais pas si vous avez remarqué mais ya plein de pays où il n’ya pas de volets. c’est très Français/Italien/Espagnol les volets. et moi ça me perturbe que y ait pas de volets dans des pays aussi froid que la Suède ou le Canada. ou les Pays-Bas) (mais on a vu plein de fake volets à Amsterdam, et ça c’est bien).

Amsterdam AmsterdamAmsterdam Vélo Adidas Amsterdam Amsterdam canauxA Amsterdam, outre l’herbe, les filles et les vélos, il y a des canaux, et des façades en briques. Et puis des tags, des magasins de didjeridoos, de la bonne bière. On est passés sur et sous des petits ponts trop cutes. On a mangé pakistanais. On a failli se faire écraser par des vélos et mourir environ 12 fois. On a découvert que le Gouda c’est vraiment trop super bon en fait. J’ai trouvé mon nouveau jean fétiche chez Gsus (tellement fétiche qu’il a trépassé il y a 3 semaines). Et on a acheté des tulipes pour rapporter à nos parents.

Alors j’ai pris beaucoup trop de photos, parce qu’on avait une lumière extraordinaire et que Amsterdam, c’est beau.

Et puis on est rentrés, toujours en Twingo, en faisant un énorme détour pour trouver un Burger King bien caché au fond d’un centre commercial au milieu du trou du cul de la Hollande. Mais on a mangé Burger King. Et on a beaucoup rigolé.

Bref, c’était bien.

Tag Amsterdam
Tag Amsterdam Amsterdam Marché aux Fleurs Amsterdam Tag Amsterdam Amsterdam gay
Vélos Amsterdam Amsterdam Amsterdam faux volets Amsterdam Coffee  shop Amsterdam

Amsterdam city theaterAmsterdam Ludi & Clem

Montréal, Québec · Voyages

c’est quand le printemps ?

pieds-neige

On a ouvert grand la porte, mais pas trop longtemps. Le soleil brille, mais il fait encore froid – le thermomètre indique 0°C, ressenti – 5 – à cause du vent. Sur Instagram, les amandiers fleurissent et les pelouses verdissent, on sort les t-shirts et même les tongues – pieds nus et pique nique dans les parcs. Ici, il a encore neigé cette semaine, et MeteoMedia annonce un joli -18° lundi matin.

C’est long, le printemps à Montréal. J’ai jamais trop aimé les saisons intermédiaires (cf Novembre), ces longues semaines à tâtonner entre positif et négatif, hésiter sur comment s’habiller. Mars fait partie de des mois longs – ni plus vraiment l’hiver, ni déjà le printemps, on zigzague entre les dernières tempêtes de neige et sur les trottoirs verglacés, sans pouvoir encore sortir nos tenues plus légères parce que bon, 0°C, ça pique encore un peu et que les plaques de slush défoncent les chaussures. Il fait trop chaud pour aller skier – la neige de printemps est assez dégueu ici, passé -5 ça commence à fondre.

Ici, le printemps, c’est en Avril, et les arbres commencent à verdir début Mai. En attendant on observe les premiers signes du retour des beaux jours; les écureuils tout maigres sortent de leurs cachettes et reprennent leur vie d’écureuil surexcité à la recherche de nourriture; les oiseaux réinvestissent les parcs et les ruelles. Doucement, les journées rallongent, on a changé d’heure la semaine dernière ; et c’est comme une petite victoire lorsqu’on aperçoit l’herbe gelée et sèche sous les plaques de neige dure et grisâtre.

Il va être long aussi, ce mois d’Avril, à laisser doucement la nature reprendre ses droits, en passant par cette période où les rues prennent des allures de décharge – la fonte des neiges dévoilant la crasse accumulée des poubelles Montréalaises. On va peut être avoir quelques belles journées, qui sait, comme l’année dernière, avec des pics à 20-25°C. Alors la ville sortira de sa torpeur, on ouvrira les terrasses et les gens seront dehors; il y aura des musiciens dans la rue, et des filles en jupes, sandales et camisole. Comme un avant-goût de l’été, miroir gris et vert de l’été des Indiens à l’automne.

C’est beau Montréal au printemps quand les parcs et les rues reverdissent en quelques jours. J’ai hâte de pouvoir sortir sans mes bottes et mon gros manteau, hâte de pouvoir prendre ma première bière en terrasse, d’aller me promener dans les forêts détrempées et de redécouvrir la sensation de chaud.

D’ici là, on se contentera d’observer le jeu des écureuils par la fenêtre de la cuisine, et de rêver par procuration sur Instagram.

st-hippolyte-marsRivière du Nord au dégel – Mars 2014

 

Au quotidien

Dora, chat de rue

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Elle s’appelle Dora. C’est pas pour Dora l’exploratrice, quoiqu’on me pose la question à chaque fois, mais à cause du nom de la rue où on l’a trouvée – rue Dorion. C’est pas moi qui lui ait donné ce nom, c’est un peu un hasard, mais on a trouvé que ça lui allait bien. Alors on l’a gardé.

Dora, c’est le gros truc poilu que vous pouvez voir un peu partout sur mes photos Instagram. Enfin, quand j’arrive à la prendre pas floue – c’est qu’elle a beau passer la moitié de la journée à dormir, et l’autre à manger (à peu près), elle gigote pas mal quand il s’agit de prendre ses yeux en photo. Elle a pas encore compris le concept de « pas bouger » je crois.

dora-chat-flouchat f(l)ou

Dora, c’est mon chat. Comme tous les chats, elle fait des trucs débiles comme jouer avec mes pieds sous la couette, essayer de rentrer dans des sacs (en papier, ses préférés), se mettre à courir comme une tarée à travers l’appart alors que 2 secondes avant elle dormait tranquillement sur une des chaises de la cuisine – son spot fétiche. Elle aime les gratouilles sous la tête et les caresses sur le ventre : elle se met alors sur le dos comme une grosse peluche, et on voit qu’elle a des petits poils frisés entre les pattes – c’est trop cute, comme les longs poils qu’elle a entre les coussinets. Elle miaule quand elle veut me réveiller, quand elle a faim, quand la porte des toilettes est fermée (et moi dedans), ou juste pour discuter. Oui, on a des discussions avec mon chat, elle miaule, je miaule, elle miaule. Et elle me regarde avec ses grands yeux verts, et on se comprend (enfin je crois).

dora4l’amour

Dora, c’est une grosse peluche sur pattes. Je dis grosse, mais n’en déplaise à ma coloc, c’est juste une illusion d’optique à cause de ses poils – ceux qu’on trouve partout dans l’appart (à peu près) – parce qu’évidemment elle a pas UN spot mais douze – les 3 chaises de la cuisine, le canapé, le haut du canapé, la boite dans le salon, sur mon lit, sous mon lit, le tapis de bain. Elle ronronfle quand elle dort – c’est à dire qu’elle ronronne et qu’elle ronfle en même temps. Elle ronronne pour pas grand chose en fait. Elle est tellement douce que c’est pas normal – comme si son poil était entièrement fait de duvet de jesaispasquoi – sauf que ces poils là ça vole et ça se pogne partout, et que Camille a bien de la patience de supporter ça.

On sait pas trop quel âge elle a. La première véto qui l’a vue m’a dit 7 ans, peut être plus, une autre pense qu’elle a bien dix ans. Elle a plus de canines du bas – celle qui lui restait est tombée il y a un mois – et elle a les dents un peu pourries. Elle a toujours la bouche entrouverte et la langue qui sort un peu. Elle aime pas qu’on la porte, elle se méfie des gens qu’elle connait pas, et elle a peur de Camille (mais ça va mieux). Quand je l’ai récupérée, on imaginait pas qu’elle deviendrait ce gros chat peluche.

dora-avantjuin 2013

Parce que Dora vient de la rue. L’été dernier, alors que j’envisageais de prendre un chat dans mon nouvel appart, elle s’est ramassée sur le balcon d’un couple d’amis. C’était juste un chat tout miteux et pelé qui cherchait un abri. Et puis elle est restée. Et Nico, chez qui elle s’était installée, s’est attaché. Après un mois de lobbyisme à base de « tu verras c’est un chat trop mignon. et sage. et câlin un peu. » (à l’époque Nico pensait que c’était un mâle), j’ai décidé de l’adopter. Pourtant, elle ressemblait pas à grand chose – pour tout dire elle était même plutôt moche la première fois que je l’ai vue (cf photo) ; et puis ça a été la guerre pendant les premières semaines chez moi car elle avait décidé de faire ses besoins dans le salon.

Petit à petit, on s’est apprivoisées. Elle dort parfois sur mon lit, vient me dire bonjour le matin. Elle miaule pour des caresses, et me fait ce regard d’amour de pour la vie (ou: regard qui veut de la BOUFFE). On sait toujours pas d’où elle vient, ce qui lui est arrivé, pourquoi elle s’est retrouvée dehors, ni combien de temps elle est restée dans la rue, mais c’est pas grave.

Voilà, c’est Dora. Un chat de rue. Un chat peluche. Un chat que j’aime d’amour.

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A Montréal il y a des quantités de chats de rue (comme on les appelle ici). Des quantités de chats abandonnés chaque été au moment des déménagements. J’ai entendu des histoires terribles à base de chats que le précédent propriétaire avait laissé dans l’appart en le quittant – chats parfois retrouvés des jours plus tard, à moitié morts de soif et de faim. Je ne comprends pas qu’on puisse faire ça à un animal…

J’ai beaucoup d’amis qui se posent la question de prendre un chat. Je voulais juste vous raconter l’histoire de Dora, parce que je trouve que c’est une excellente idée que d’adopter un chat adulte, dans un refuge. Parce que ça fait un chat heureux. Parce qu’on est pas obligés d’avoir un chat depuis tout bébé pour s’y attacher. Parce qu’un chaton c’est mignon mais ça fout le bordel partout. Parce que.

Si vous envisagez prendre un chat, pensez-y. Avant de vivre avec mon ancienne coloc (qui a deux chats) et de m’attacher à Lolita, le grochat noir qui me lâchait plus, je ne pensais pas pouvoir m’attacher à un chat « comme ça », sorti de nulle part. Et puis. Et puis il y a eu Dora, et je m’en sens presque plus responsable que si j’avais pris un chaton, et que ça a été une très belle surprise que de la voir devenir cette peluche adorable.

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Si vous cherchez à adopter un chat à Montréal, le refuge où mes amis qui ont trouvé Dora sont bénévoles organise des journées d’adoption : https://www.facebook.com/rsa.arn. On peut aussi prendre un chat en famille d’accueil, en attendant qu’il trouve une nouvelle maison.

EDIT: Je vous invite à partager votre expérience et vos adresses de refuges (au Québec et en France) où adopter des chats dans les commentaires !

Au quotidien · Chroniques

28 jours plus tard

28jours

Souvenez-vous : au début du mois de Février, je commençais le Défi #28jours, un mois sans alcool pour soutenir la Fondation Jean Lapointe. Nous sommes en Mars, petit résumé de mon mois « sans alcool »…

20 Janvier. Je commence à raconter à mes amis que je vais faire un mois sans alcool. Réactions étonnées, parfois moqueuses, souvent peu convaincues : « ahah t’es folle, moi je pourrais jamais« ; ou à l’inverse « mais c’est facile !! » (la personne ayant écrit ces mots et à qui j’ai proposé de relever le défi s’est complètement ratée dans son mois… « facile » hein ?). Autour de moi, quelques soutiens, personnes qui veulent aussi relever le défi.

24 Janvier. A une semaine du début du défi, je choppe une (2e de l’hiver) pharyngite, qui m’offrira presque une semaine de plus sans alcool (parce que bon, outre mon état de crève avancée, le régime antibios-binouze est plutôt déconseillé).

1er Février. Ca y est, c’est le grand jour. Avec Maryne, on s’envoie des messages de motivation « vas y sois forte » « on peut le faire » « la binouze ne passera pas par moi ». L’après midi, j’ai RDV avec une copine à qui j’explique que je ne bois pas d’alcool ce mois-ci. Après une légère tentative de me niaiser (se moquer de moi), on vote pour se retrouver dans un café. Je découvre le chaï latte. La vie. Le soir, mission burger au Nouveau Palais avec Maryne. Puisqu’on peut pas boire, on va manger cochon ! Au moment de commander un coca, Maryne a une tête bien frustrée… Continue reading « 28 jours plus tard »