Montréal, Québec · Voyages

c’est quand le printemps ?

pieds-neige

On a ouvert grand la porte, mais pas trop longtemps. Le soleil brille, mais il fait encore froid – le thermomètre indique 0°C, ressenti – 5 – à cause du vent. Sur Instagram, les amandiers fleurissent et les pelouses verdissent, on sort les t-shirts et même les tongues – pieds nus et pique nique dans les parcs. Ici, il a encore neigé cette semaine, et MeteoMedia annonce un joli -18° lundi matin.

C’est long, le printemps à Montréal. J’ai jamais trop aimé les saisons intermédiaires (cf Novembre), ces longues semaines à tâtonner entre positif et négatif, hésiter sur comment s’habiller. Mars fait partie de des mois longs – ni plus vraiment l’hiver, ni déjà le printemps, on zigzague entre les dernières tempêtes de neige et sur les trottoirs verglacés, sans pouvoir encore sortir nos tenues plus légères parce que bon, 0°C, ça pique encore un peu et que les plaques de slush défoncent les chaussures. Il fait trop chaud pour aller skier – la neige de printemps est assez dégueu ici, passé -5 ça commence à fondre.

Ici, le printemps, c’est en Avril, et les arbres commencent à verdir début Mai. En attendant on observe les premiers signes du retour des beaux jours; les écureuils tout maigres sortent de leurs cachettes et reprennent leur vie d’écureuil surexcité à la recherche de nourriture; les oiseaux réinvestissent les parcs et les ruelles. Doucement, les journées rallongent, on a changé d’heure la semaine dernière ; et c’est comme une petite victoire lorsqu’on aperçoit l’herbe gelée et sèche sous les plaques de neige dure et grisâtre.

Il va être long aussi, ce mois d’Avril, à laisser doucement la nature reprendre ses droits, en passant par cette période où les rues prennent des allures de décharge – la fonte des neiges dévoilant la crasse accumulée des poubelles Montréalaises. On va peut être avoir quelques belles journées, qui sait, comme l’année dernière, avec des pics à 20-25°C. Alors la ville sortira de sa torpeur, on ouvrira les terrasses et les gens seront dehors; il y aura des musiciens dans la rue, et des filles en jupes, sandales et camisole. Comme un avant-goût de l’été, miroir gris et vert de l’été des Indiens à l’automne.

C’est beau Montréal au printemps quand les parcs et les rues reverdissent en quelques jours. J’ai hâte de pouvoir sortir sans mes bottes et mon gros manteau, hâte de pouvoir prendre ma première bière en terrasse, d’aller me promener dans les forêts détrempées et de redécouvrir la sensation de chaud.

D’ici là, on se contentera d’observer le jeu des écureuils par la fenêtre de la cuisine, et de rêver par procuration sur Instagram.

st-hippolyte-marsRivière du Nord au dégel – Mars 2014

 

Montréal, Québec

une déclaration

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Bon anniversaire, toi. Je sais pas si tu sais, mais cette semaine ça fait un an qu’on est ensemble. Un an que tu fais partie de ma vie, un an qu’on partage notre quotidien, les bons moments, les petits tracas, et puis… j’aime vraiment ça.

Oh ça a pas toujours été facile, et en ce moment faut avouer qu’on est dans une situation pas facile. C’est que ça a l’air qu’ils m’aident pas à rester, les services administratifs. C’est pas drôle, non, moi je veux pas te quitter. J’ai la sensation que c’est juste le début de notre histoire, qu’on a encore tellement à vivre, à partager, et je suis pas prête à ce que ça se termine maintenant.

Faut que je t’avoue un truc. Je suis tombée en amour. En amour avec toi. Je crois pas que ça date de notre première rencontre, on peut pas dire que ça a été un coup de foudre. Tout le monde m’avait parlé de toi et de tes charmes, et c’est vrai que j’ai aimé ça quand je t’ai vue. C’était joli, c’était doux, c’était les vacances. Puis t’es devenue un fantasme, de ceux à qui on pense tous les jours et qu’on rêve de te retrouver. Alors c’est vrai que quand c’est arrivé, j’ai été vraiment émue – mais t’avais perdu le statut de fantasme pour devenir ma réalité. Le reste, ça a pris un peu plus de temps. Le temps de te découvrir, de t’apprivoiser. Les expériences et les souvenirs que je me suis créés dans tes bras. Les rencontres, que tu m’as permis de faire, aussi.

C’est vrai aussi que j’ai beaucoup changé depuis toi. J’ai l’impression d’avoir grandi, tout en gardant mon âme de petite fille. T’as eu une bonne influence, je trouve, je fais plus attention à ce que je consomme, je me suis sensibilisée au végétarisme (même si tu m’as révélé une passion pour les burgers qui rend l’application difficile), j’achète du local et du bio. Je suis plus zen, aussi, j’ai (presque) oublié le stress, la face bête des gens à Paris, je me suis réhabituée aux bonjour, excusez moi, merci, j’ai plus peur de rentrer toute seule dans la rue le soir. Je suis plus tolérante, plus ouverte d’esprit, je crois. Tu m’apaises. Tu me rends heureuse. Avec toi, je me sens libre.

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Montréal, Québec

le petit guide de comment survivre à l’hiver Québécois (en conservant tous ses doigts)

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Ça y est, après un redoux de deux semaines durant lesquelles on a eu des températures presque positives (et de la PLUIE !!!) (et tout ça en pleine crise du Polar Vortex chez nos voisins américains – à quoi, quelques centaines de kilomètres d’ici) le thermomètre a retrouvé ses moins beaucoup-de-degrés, jusqu’à atteindre un joli petit moins-vingt-trois-ressenti-moins-trente-sept cette semaine. Et j’ai beau aimer l’hiver j’avoue que la perte de (plus de) 20 degrés en 48h le week-end dernier a été un peu violente.

J’aime bien raconter qu’il fait froid à Montréal. Mais genre FROID. Frette, comme on dit ici. Même si ça a l’air cute comme expression, l’utilisation du mot frette est réservée à un vrai gros froid qui pique. Pas comme les gentils -2° qualifiés de « vague de froid » sur la France.
J’aime bien raconter comment il peut tomber 40cm de poudreuse en 24h, et que c’est normal (en Russie), le matin on se lève, on s’habille et on va bosser, as usual. Pas comme les 5cm de neige qui bloquent Paris.
J’aime bien dire « oh aujourd’hui ça va il fait chaud, c’est remonté à -10« . Et voir/entendre le regard effaré des gens. J’aime bien poster des photos des dessins du gel sur la fenêtre de notre cuisine sur instagram, ou la météo, et lire les commentaires. Et j’aime encore plus rigoler quand on me partage ce fabuleux reportage de TF1 sur « l’hiver Québécois », dans lequel j’ai appris qu’ici, l’hiver dure 8 mois par an et que l’homme ne survivrait pas sans ses huskys. Continue reading « le petit guide de comment survivre à l’hiver Québécois (en conservant tous ses doigts) »

Au quotidien

résolution(s)

OMG je suis nue dans mon bain

J’avais écrit un loooong post chiant qui racontait tout ce que je veux faire pour 2014. Et puis je l’ai relu et j’ai pensé: boooorrriiingg. J’ai donc décidé de le réécrire, en version allégée.

C’est à dire que d’habitude, je fais pas de liste de « résolutions ». Je suis pas vraiment le genre de personne qui a besoin de se fixer des objectifs pour se motiver – en vérité ça me déprime plus qu’autre chose parce que je sais pertinemment que je vais pas y arriver, alors que si je fais un truc un peu sans le prévoir et que ça a des répercussions positives, je m’en réjouis plus facilement. Ceci explique peut être ma propension à ne pas terminer mes projets – mais je m’améliore vachement – à part pour passer mon permis qui est un truc que je remets en jeu chaque nouvelle année depuis… pfiou… depuis 2004. Oui oui oui. Je suis endurante sur la non réalisation de ce projet là, et puis je viens d’apprendre que je dois avoir ma RP pour passer le permis Québécois, c’est donc repoussé d’un an (au moins). Pour une fois, c’est pas (vraiment) ma faute. Bon.

Cette année pourtant, j’ai envie de marquer un peu le coup. Genre 2013 a été merveilleux, mais je dois reconnaître que c’était un peu freestyle. À l’arrache. Au feeling. Et qu’approchant de mes (ARG-SOMEBODYHELPME) 28 ans, il faudrait peut être que je me prenne UN PEU en main.  Continue reading « résolution(s) »

Au quotidien

les vacances

Alors voilà, je suis rentrée.

C’est drôle, quand j’y pense, depuis Montréal, je dis « je rentre en France », et depuis la France, je rentre chez moi. On devient schizophrène quelque part, avec tous ces avions, ces kilomètres, les gens ici, là bas, le là bas qui devient ici tandis qu’on se demande un peu étrangement c’est où, chez soi.

C’était douze jours un peu flous – la parenthèse prévisible. Comme cet été, ce séjour en France m’aura laissé un goût étrange. Quelque chose de l’ordre du fluide, pas vraiment des vacances car on connait par coeur ces lieux, les pas qui nous mènent d’un endroit à l’autre et les lignes de métro; pas vraiment dépaysant, et pourtant la sensation de ne plus vraiment appartenir à cette vie.

Alors voilà, je suis rentrée.

Pendant douze jours, j’ai mangé du fromage, du pain, du foie gras. J’ai bu du vin, beaucoup, et du champagne. J’ai serré des gens dans mes bras, encore, dit bonjour comme si on s’était vus hier, et au revoir sans savoir quand sera la prochaine fois. J’ai oublié mon accent et mes expressions Québécoises au moment où j’ai posé le pied sur le sol Français – mais ça va revenir. J’ai été au cinéma, j’ai vu la Tour Eiffel, et Notre-Dame, j’ai marché dans Marseille, et dans Paris, la nuit, parce que c’est beau. J’ai mangé des sushis, aussi, été au hammam, au théâtre, et chez des gens que je connaissais pas. Je me suis couchée tard, j’ai rencontré des Singapouriens en transit, aidé des Hollandais un peu perdus et discuté avec un fan de Pokémon ; dansé dans un club gay sur Vanessa Paradis et Lady Gaga (en total cliché), relu le livre d’or des chiottes de ma coloc étudiante, mangé dans mon ancien GQ. J’ai dit un nombre incalculable de fois « tu m’as manqué » et « faut absolument que vous veniez à Montréal » et aussi « ça me fait tellement plaisir de te voir ». J’ai fantasmé sur les Snapchat de l’ami Paingout en Australie, mais en vérité j’étais contente d’être à Paris. J’ai eu chaud et quand même attrapé un rhume. Je me suis levée tard, j’ai grasse-matinée, et sieste crapuleuse, fêté le Nouvel An sur les quais de Seine et partagé une bouteille de champagne avec un couple de jeunes mariés Australiens. J’ai pensé « à Montréal, c’est dans 6 heures », et qu’à Sidney c’était déjà passé, et j’ai trouvé ça extrêmement poétique, quelque part, que le décompte arrive toutes les heures du monde entier.  J’ai loupé un train, et voyagé en Premium Air France, avec du foie gras (encore) et de la place pour les jambes. J’ai eu le coeur serré en survolant le Québec enneigé, parce que sans exagérer, c’est un des paysages les plus fascinants que j’ai pu observer. J’ai passé la douane en croisant les doigts pour pas qu’on chipote sur le fait qu’il me reste plus qu’un mois de visa. Et puis -17°C, et ce ciel, et le blanc partout, et. Continue reading « les vacances »

Intime & Réflexions

everything is in the right place

Lundi, j’ai touché Marseille du bout des doigts. On est allées au J4, avec ma mère et Candice, ma belle-soeur.

Je dis « ma belle-soeur » même si MonFrère et Candice ne sont pas mariés, mais c’est parce qu’elle fait partie intégrante de la famille. Un peu comme une soeur, sans les souvenirs d’enfance en commun. Elle fait partie des rares personnes qui peuvent m’offrir un bijou et tomber juste dans ce que j’aime – je suis compliquée du bijou – compliquée du cadeau aussi d’ailleurs.

Le J4, avant, c’était un espèce de no man’s land où on organisait les Docks des Suds et Marsattack. L’été, y avait des gamins qui se baignaient. Et après, les bateaux. Avec Marseille-Provence 2013 (comprenez : Capitale de la Culture Européenne), ils ont construit le MUCEM. J’étais jamais allée là bas, le MUCEM a ouvert après mon départ, et cet été j’ai pas eu le temps, alors voilà. Je voulais voir.

Il y avait des nuages jusque loin sur la mer, et le soleil entre eux. Il y avait l’eau bleu pétrole, et émeraude, selon où on regarde. Il y avait Notre Dame, et la Major, et le Vieux Port, et les quartiers Nord qui s’étendent là, entre l’Étoile et l’Estaque. Les ponts du chemin de fer de la Côte Bleue. Les immeubles tordus. Le Fort Saint Jean, et le truc que Napoléon a construit pour Joséphine et dont j’oublie toujours le nom. Et le Frioul derrière, mais sans le Château d’If.

On avait jamais vu Marseille sous cet angle. Vue d’en bas, vue du J4 et de la Tour du Roi René (qui était en fait Comte de Provence, mais ici on est un peu chauvin, et on aime bien exagérer). D’habitude, Marseille, on la regarde d’en haut, de la Bonne Mère, avec le Vélodrome d’un côté et les docks de l’autre. Cette vue depuis le bout du Port, c’est nouveau, c’est pas un coin où on va vraiment, ça existait même pas avant. Alors c’était comme redécouvrir sa ville. Et c’était magique.

Alors le soleil a fini de se coucher sur la rade, et le ciel a disparu dans une tâche d’encre sombre, avec le chapiteau du cirque Medrano qui se découpait devant.

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Intime & Réflexions · Voyages

la parenthèse

Dans quelques heures, je serai dans un avion d’Air France, direction Paris. Dans quelques heures, j’atterrirais à Roissy, dans ce grand terminal tout beau tout neuf. Je réalise pas. C’est l’impression que mes dernier pas sur les pavés français ont eu lieu hier, et que ce hier, c’était il y a une éternité. C’est l’impression que ces six mois qui me séparent de ce mois de Juillet, à l’aéroport Marseille-Provence, à dire au revoir à mes parents au milieu des sacs colorés. C’est savoir que quelqu’un m’attendra, là bas, demain à Roissy, dimanche à la gare TGV d’Aix-en-Provence, que je vais serrer dans mes bras tous ces gens qui sont si loin, les toucher, les embrasser, leur parler en vrai.

C’est une chose étrange que la distance. Si loin d’ici je ne me rends pas compte des kilomètres qui nous séparent, et encore moins des mois. J’entraperçois des bouts de vie et de visages au détour d’un post Facebook ou Instagram, je partage sur Snapchat les pérégrinations dans Paris, les textos échangés au milieu de la nuit alors que de l’autre côté de l’Atlantique c’est déjà le matin.

Je ne réalise pas cette distance, la plupart du temps. Ma vie ici est tellement différente, tellement intense, en tous points, que je ne ressens pas de manque. Et puis il y a ce moment où tu prends ton billet et tu te dis « putain, ça fait six mois ». Il y a cette amie qui a perdu tellement de poids qu’elle est méconnaissable. Cette autre qui a coupé ses cheveux. Les grands-parents qu’on a pas vus depuis des mois. Et puis celui dont on a presque oublié l’odeur, le parfum, le goût de la peau, et les nuits blanches…

J’ai parfois la sensation d’avoir deux vies. Ici, et là bas. Deux chez moi. Deux existences en parallèle qui parfois se croisent en un ballet étrange coincé entre les fuseaux horaires. Et si j’ai hâte de retrouver Paris, la Provence, ma famille, mes amis; si j’ai hâte de voir s’illuminer la Tour Eiffel et de sentir le soleil du Sud sur mon visage; je sais que tout ça va me manquer. Ma coloc, mon chat, mon lit, Montréal, mes amis, chez moi. Que je serai contente, dans dix jours, de remonter dans cet avion, rassasiée de la France.

En attendant, je vais fermer ma valise. Et ouvrir cette parenthèse, pour mieux revenir.

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