Au quotidien

homéostasie

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De quand datent vos dernières vacances ?

C’était écrit dans le questionnaire. J’ai répondu « Euh…« . Mes dernières vacances. Tu veux dire plus de 4 jours où je décroche complètement ? Sans compter les retours en France qui ressemblent surtout à un marathon pour voir tout le monde ? Et puis c’est quoi, des vacances, quand ça fait plus d’un qu’on travaille plus vraiment régulièrement ? Alors je sais plus. Ma vie est un sacré bordel depuis que j’ai quitté Paris il y a 3 ans – résumons le comme ça.

Elle a souri. On a continué les questions. Elle me dit « pourquoi tu ne consultes pas pour tes problèmes de sommeil ?« . Je réfléchis. Ça ne m’embête pas, de mettre du temps à m’endormir. C’est rare que je passe des nuits blanches à tourner dans mon lit, finalement. Depuis que je suis toute petite, j’ai du mal à m’endormir. C’est devenu normal.

Elle sourit encore. On parle de mes problèmes de digestion, elle dit, le ventre c’est le deuxième cerveau, et c’est pas la première fois que je l’entends dire. Et puis du chemin qui m’a amenée ici, de ces périodes de fatigue intense qui me prennent, parfois, des journées incapable de faire quoi que ce soit car mon corps ne suit plus – pourtant, je suis très rarement vraiment malade. Des vaginites, tendinites, de mes problèmes de dos. Elle demande, es-tu stressée ?

Non. Jamais. Je ne me sens pas stressée, je gère.

Mais mon corps, lui, dit le contraire. Mon corps somatise, fragilisé par le manque de sommeil, il ya ces semaines où je me sens lourde, le foie chargé comme si j’avais trop bu, ces soirs où je m’écroule, et ces tensions dans la nuque et les trapèzes qui ne se relâchent jamais. J’ai tatoué cette épaule pourtant, comme un mantra, lâcher-prise. J’apprends. J’essaye. Il y a tant de choses sur lesquelles je n’ai pas d’emprise, aucun contrôle, à quoi bon s’énerver, chercher à comprendre. Et puis il y a le reste, ces trucs du quotidien qui doivent être faits d’une certaine manière, ces matins où le moindre défaut et manquement me contrarie. Des oeufs mal cuits, un gâteau raté, un plan de travail pas nettoyé, et j’explose.

Je sais que c’est stupide, de s’accrocher sur ces détails quand il y a beaucoup plus en jeu, que la propreté d’une baignoire ne changera rien à ma vie, que cet oeuf sera aussi bon qu’un autre, qu’on a voulu me faire plaisir. Alors que je me débats à peine face à une administration qui me fait tourner en rond et bloque ma vie depuis des mois, je m’énerve pour l’insignifiant, je renvoie mon stress et ma frustration sur ce que je peux atteindre facilement.

J’aimerais expliquer, c’est pas si facile. Le lien, il n’existe pas. J’ai une maman maniaque, sûrement que ça vient un peu de là. J’ai ces sautes d’humeur, les matins où tout semble aller mal, quoiqu’on fasse, où le seul fait de sociabiliser est un effort. Je ne contrôle pas ça. Parfois, je préfère ne plus parler, parce que je sais que si j’ouvre la bouche, ce sera pour blesser, renvoyer à l’autre cette énergie négative inexplicable qui brûle en moi. Parfois, je préfère couper toute communication, parce que je ne suis pas capable de gérer les problèmes des autres – ceux qui se trouvaient habituellement en moi une oreille attentive et des conseils. Parfois, il suffit d’une étincelle, et plus rien ne tient.

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C’est dur de lâcher-prise. Dur de lâcher le contrôle, de laisser faire, laisser glisser. La vie, ses averses, ses pluies torrentielles, elles coulent sur ma peau sans que je frémisse. Le reste, ces petites choses du quotidien sur lesquelles pour une fois j’ai une emprise, je les retiens, je m’y accroche, je les chéris et les protège, exagérément, je voudrais parfois que tout soit parfait.

Mais ça l’est pas, parfait, la vie, en vrai. C’est pas possible, et ça voudrait dire que quelque part on sait ce que ce mot veut dire. C’est difficile d’accepter de lâcher-prise sur des détails insignifiants lorsque tout nous file entre les doigts et qu’on peut juste regarder aller.

J’apprends. Doucement, je cherche l’équilibre. Le juste milieu, entre ce que j’accepte avec parfois un peu trop de facilité, et ces choses mineures que j’ai tant de mal à laisser passer. La balance, entre la motivation d’avancer et ces matins vides. Apprendre à dégager ce stress que je ne ressens pas mais qui me ronge en dedans. Chaque jour un peu plus, apprendre à (m’)écouter.

Juste le temps de battre des cils

Un souffle, un éclat bleu, un instant qui dit mieux

L’équilibre est fragile…

Chroniques · Voyages

i love rien

(oui, c’est la semaine des titres en angliche) (c’est que je suis bilingue)

Vous le savez, je voyage beaucoup. Enfin, je vais et je viens entre tes reins entre le TGV et les aéroports, entre l’Est et l’Ouest, et parfois le Sud ou le Nord. De la France à l’étranger. De ci, de là, d’ailleurs. Toussa. Je parlais il y a peu des touristes (les autres) qui m’insupportent par leur comportement irrespectueux. Mais parlons un peu… de moi. Moi et le Garçon pensons être de ‘bons’ touristes. Des gens curieux, polis, intéressés par l’environnement qu’ils découvrent et les gens qu’ils rencontrent. Un couple qui aime la nature, la bonne bouffe, les randonnées, la mer, les villes; qui n’a pas peur de marcher des kilomètres pour aller d’un endroit à un autre, ou de tester les coutumes locales.

(ok, en Guadeloupe on s’est quand même payé un gîte de luxe, mais voilà quoi on a goûté de la vraie daurade au barbeq)

Ca, c’est ce qu’on aimerait être. Ou, au moins ce qu’on aimerait que nos rencontres et hôtes de voyage pensent de nous, lorsqu’on leur demande des conseils sur quoi faire, où, quand, comment, que découvrir.

Malheureusement, nous partons avec un handicap majeur. Une caractéristique qui nous empêche – semble-t-il- de ressembler à ce que nous sommes. Qui retient les autochtones (spécialement en France) de nous donner les vrais bons plans, les vrais trucs intéressants à faire, la vraie vie d’ailleurs. Qui leur fait prononcer des phrases telles que: « à partir du moment où vous dites bonjour, s’il vous plait, merci et au revoir, les gens vous rendront service« , ou « vous avez une voiture ? parce qu’à pieds c’est loin, au moins 10 minutes« …

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