Chroniques

vingt ans

Ces derniers jours, j’ai passé plusieurs heures assise sur le béton, les mains pleines de poussière, à trier et vider des cartons. Depuis que nous sommes petits, MonFrère et moi avons en effet conservé une grosse partie de nos cahiers de classe, le tout était donc rangé dans le garage de mes parents, attendant que nous nous motivions à faire le tri.

J’ai donc retrouvé une dizaine de cartons dans lesquels s’amoncelaient des quantités de feuilles, classeurs, livres, cahiers, pochettes plastiques et autres choses plus ou moins remplies de nos écritures. Des mots d’enfants, d’abord, avec les dessins de maternelle, et les premières lignes d’écriture du CP, et puis ces dictées de primaire – celles où j’avais toujours entre 8 et 10/10, des rédactions (même si ça ne s’appelait pas comme ça), les tables de multiplication, les cahiers de science nat et de poésie – avec les dessins qu’on faisait pour illustrer. Des mots d’adolescente, ensuite, des kilomètres de feuilles du collège et du lycée, où mon écriture s’affirme, s’arrondit, tente des pleins et déliés, du penché, du re droit.

Rédaction de CM2

J’ai retrouvé des cahiers couverts des dessins (moches) que je gribouillais en cours lors des moments d’ennui, d’étoiles à cinq branches (ma grande spécialité, j’en ai couvert des pages entières de ces étoiles dessinées d’un seul trait), de mots des copines. Et puis mes pochettes de cours au lycée,  recouvertes de photos, poèmes, paroles de chansons, citations plus ou moins connues à base d’amour et de cigarettes, de trucs de Nirvana, Linkin Park, Saez. Des classeurs remplis de cours d’un tas de choses, de maths, physique, chimie, histoire géo, allemand, latin, SVT, anglais maladroit, grammaire aux règles étranges, TPs, PAO en technologie. Plus tard, mes cours de prépa, des pavés de centaines de pages de notes, des milliers d’heures de cours, des cartes de géopolitique, des maths à un niveau poussé. Enfin, quelques dossiers remplis de mes cours d’école de commerce, vestiges des quelques profs qui ne faisaient pas tout sur PPT. Négociation, droit des affaires, marketing, analyse stratégique, finance. Autant de notions qui me restent très floues aujourd’hui. Continue reading « vingt ans »

Intime & Réflexions

#Paris

Paris n’a pas changé. Angus Stone dans les oreilles, je marche dans ses rues et c’est une tonne de souvenirs qui m’assaillent. Ceux des débuts, quand je venais d’arriver, jeune provinciale fascinée par cette ville sans cesse en mouvement. Ceux des moments ici, des après midi à se promener, des pauses shopping entre midi et deux, des détours par ci par là, des heures perdues dans les lumières des magasins. Ceux de la fin, les derniers jours de Juillet où il faisait si chaud. Mes pas ont repris quelques uns des trajets que je faisais tous les jours, ou moins souvent. Ligne 13, bus 66, Grands Magasins, Saint Lazare, Haussman. Le 17e, Batignolles, rue Nollet… Les réflexes reviennent, dans le métro bondé pousser les gens, les yeux rivés sur mon iPhone, dans le bus je ne fais pas attention au trajet que je connais par coeur, encore. Paris est belle, mais j’y suis insensible. Blasée, peut être, comme ceux qui y vivent, on a tendance à oublier la beauté de cette ville, noyée dans son agitation. Rien n’a changé et pourtant tout est différent. Comme plonger à pieds joints dans un souvenir, comme si c’était encore un peu chez moi, familier, et pourtant je n’y ai plus de chambre. Juste un matelas chez des amis pour accueillir mes nuits…

Paris pue, et pourtant Paris fourmille de ces odeurs caractéristiques à l’automne. Je respire à pleins poumons, les parfums des gens, l’odeur de la rue Porte de Saint Ouen, les vendeurs de maïs grillés devant le Printemps, la friture du MacDo, les boulangeries. Comme cette foule – les gens se pressent, tous âges, tous styles, toutes origines. J’avais oublié ce que c’est, une ville qui grouille, un mercredi après midi. J’avais oublié ce monde, ce mouvement, perpétuel, infini.

Deux mois ont passé depuis mon dernier passage ici. Je n’étais pas revenue dans ces rues qui ont abrité ma vie ces dernières années, pourtant. Le code n’a pas changé, la gardienne non plus. Les volets du square sont fermés, comme d’habitude. Ils sont en train de changer l’ascenseur. Voilà, c’est fini. La porte s’est refermée. Je suis déjà repartie.

Paris n’a pas changé, je crois. Mais peut être que moi, si.