Intime & Réflexions

Paris.

L’avion a quitté Montréal jeudi, on a parcouru des kilomètres au dessus de nuages cotonneux. Si le vol s’est bien passé, je ne sais pas. Dès les premières minutes, enfermée dans mes bouchons d’oreille, coupée du monde, j’ai déconnecté. Le matin s’est étiré blanc et lourd sur la capitale. Roissy, ses couloirs interminables, l’attente au bout – des SMS lancés pour s’accrocher à ces retrouvailles, je t’attends, j’ai hâte, moi aussi.

Paris pour quelques jours. Paris sous la chaleur poisseuse d’un début de Juillet. Paris dans un petit appartement sous les toits du 16e, duquel on voit la cime des arbres. Ce serait presque reposant.

J’ai coupé les internets, de toutes façons la 3G pourrie réussit à peine à uploader une photo Instagram. Les mails en coup de vent, Facebook d’un coin de l’oeil, le reste n’a plus d’importance. J’ai dormi, beaucoup, des heures insensibles sur un matelas nu, des heures sans compter le jetlag, les nuits trop courtes, les semaines accumulées de stress et de fatigue, tout est tombé d’un coup. J’ai lu, aussi, découvert l’extraordinaire prose poétique de Damasio, frissonné avec la Horde, remonté le Vent, les Vents, jusqu’à cet Extrême Amont, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la chute.

Des orgies de fromage, de vin, de charcuterie. Cet orgasme buccal de redécouvrir les saveurs d’un beurre de baratte, un beurre salé qui croustille au coin d’une planche, ce Chavignol fumant et ce jambon de Savoie pour l’accompagner. J’ai menti, ça m’avait manqué, ça aussi, la bouffe qui a du goût, de la saveur, ce vin fruité, qui remonte dans le nez et jusqu’au fond de la gorge, et le pain.

Les amis, aussi. Les quelques uns qu’on a compté sur les doigts d’une main, choisis, contactés, parce qu’ils manquent, ces copains là qu’on a pas vus depuis six mois, parce que c’est loin d’être loin. Pourtant, lorsqu’on se retrouve, lorsqu’on se serre très fort et qu’on se dit qu’on s’est manqués, il semble que ce mois de Décembre 2012 c’était hier, qu’on s’est quittés il y a si peu, que le temps s’est figé. Pourtant les vies ont avancé, doucement, des départs, des bagues, des projets, des kilomètres de mots qu’on ne s’est pas dits que les quelques heures ensemble parviennent difficilement à trouer. Alors on se dit au revoir, déjà, l’alcool a coulé dans nos gorges, on ne sait pas quand on se reverra – venez me voir, je dis, venez, la porte est grande ouverte, vous me manquez les gens.

Le Vélib, parce qu’il est 3 heures et que le métro est fermé. C’est dimanche soir, m’sieurs dames, ça s’arrête à 1h ! Déjà dimanche, c’est fou, la vue depuis Montmartre n’a pas changé, Paris est belle la nuit, même si on loupe les scintillements de la Tour Eiffel, on roule à toute vitesse dans les rues vides, croisant à peine un taxi, un scooter, quelques voitures, comme si on était libres – libérés de la chaleur, libérés des embouteillages et de la pollution. Jusqu’à déposer la peau salée sur le lit, s’écrouler, une main posée pas si loin – je suis là, pour quelques jours, quelques nuits, quelques heures sans frontières, une éternité.

C’est passé trop vite, je crois, je ne sais plus. La parenthèse se clot sur un quai de TGV, direction le Sud – mon Sud. Posée au bord de la piscine, sous le soleil brûlant, je ne réalise pas trop que dans quelques jours, c’est fini. Je rentre. Chez moi.

 

6 Comments

  1. Profites en bien!!!
    C’est tellement important ces moments où tu retrouves ceux qui t’ont manqués ces derniers (longs?) mois!!Le temps passe…vite mais jamais assez ;-)Sauf peut-être aux moments des retrouvailles! Sale temps qu’on ne contrôle pas!!!
    Pour nous ce sera en décembre…6 mois à attendre 🙂
    J’espère qu’on aura l’occasion de se voir ici!

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