Montréal, Québec

le petit guide de comment survivre à l’hiver Québécois (en conservant tous ses doigts)

neige-montreal

Ça y est, après un redoux de deux semaines durant lesquelles on a eu des températures presque positives (et de la PLUIE !!!) (et tout ça en pleine crise du Polar Vortex chez nos voisins américains – à quoi, quelques centaines de kilomètres d’ici) le thermomètre a retrouvé ses moins beaucoup-de-degrés, jusqu’à atteindre un joli petit moins-vingt-trois-ressenti-moins-trente-sept cette semaine. Et j’ai beau aimer l’hiver j’avoue que la perte de (plus de) 20 degrés en 48h le week-end dernier a été un peu violente.

J’aime bien raconter qu’il fait froid à Montréal. Mais genre FROID. Frette, comme on dit ici. Même si ça a l’air cute comme expression, l’utilisation du mot frette est réservée à un vrai gros froid qui pique. Pas comme les gentils -2° qualifiés de « vague de froid » sur la France.
J’aime bien raconter comment il peut tomber 40cm de poudreuse en 24h, et que c’est normal (en Russie), le matin on se lève, on s’habille et on va bosser, as usual. Pas comme les 5cm de neige qui bloquent Paris.
J’aime bien dire « oh aujourd’hui ça va il fait chaud, c’est remonté à -10« . Et voir/entendre le regard effaré des gens. J’aime bien poster des photos des dessins du gel sur la fenêtre de notre cuisine sur instagram, ou la météo, et lire les commentaires. Et j’aime encore plus rigoler quand on me partage ce fabuleux reportage de TF1 sur « l’hiver Québécois », dans lequel j’ai appris qu’ici, l’hiver dure 8 mois par an et que l’homme ne survivrait pas sans ses huskys.

(bon, ok il fait plus froid à Québec qu’à Montréal, mais WTF quand même)

Malgré l’affreuseté de cet hiver sans fin, le Québec attire. Et je me mets donc à la place des futurs nouveaux arrivants (ou des visiteurs de passage an Février) qui doivent nous prendre pour des fous – mais COMMENT font-ils pour SURVIVRE (c’est à dire que la RATP vous aide pas non plus à imaginer que ce soit possible) ? Je vais donc partager avec vous quelques trucs expliquant comment des millions d’immigrants français-devenus-québécois survivent depuis 400 hivers dans cette Belle Province gelée 8 mois par an (lolilol). Voici, mesdames et messieurs, les 11 commandements de l’être humain en situation d’hiver Québécois.

1 Le chauffage tu monteras

Hydro-Québec, qui comme son nom ne l’indique pas vraiment est le fournisseur d’électricité local, a parait-il des tarifs extrêmement bas, alors autant en profiter. Non, payer 400$ de facture d’électricité en hiver n’est pas un luxe, surtout en voyant l’état de des fenêtres Montréalaises. Le double vitrage est un concept qui comprend… deux fenêtres. Comme dans « deux vitres ». Tout simplement. Un expert en isolation Français en perdrait son détecteur thermique. 

fenetre-montrealceci est de la glace. à l’INTERIEUR de la fenêtre de ma chambre (photo prise le 2 janvier 2014)

2 Une tenue adaptée tu te procureras

Un bon manteau et de bonnes chaussures. C’est la base. Le manteau qui tient chaud et qui coupe du vent (par besoin de mettre 800$ dans une Canada Goose, laissons ça aux parisiens quand il fait 10°) (true story), les chaussures imperméables et isolées du sol par une bonne semelle de caoutchouc. Pour info, Decathlon fait des bottes parfaites pour tenir les quelques moins degrés (par contre si tu prévois d’aller passer des vacances à Chibougamau il est possible que Quechua n’ait pas ce qu’il te faut).

3 Les couches tu accumuleras, des jupes tu porteras… et le style tu oublieras

Oui, des jupes. C’est fou à dire mais ça tient plus chaud qu’un jean. Le concept étant: leggings en polaire + chaussettes hautes au dessus du genou + manteau jusqu’aux cuisses + bottes = surface minimale en contact avec l’air froid. Quant au « no staïle quand il caille », c’est une nécessité qu’on apprend très vite à appliquer. Ceci dit, on développe de nouvelles techniques d’accumulation de couches qu’on peut plus ou moins facilement enlever pour aller en soirée, ainsi qu’à emporter au bureau, en plus du lunch, une paire de chaussures de rechange (technique aussi utile l’été en temps de pluie).

chaussettes

4 Ton iPhone tu protègeras

Outre l’impossibilité de garder ses doigts dehors sans en perdre un (de doigt), les iPhone (iOs 7) ont la fâcheuse tendance d’être extrêmement frileux. Le temps d’écrire un texto, et hop, 20% de batterie en moins. En dessous de 50% de charge, c’est simple, le machin s’éteint tout seul (et sans sommation) après quelques minutes d’utilisation. On laisse donc l’iPhone dans la poche (intérieure), pour le sortir une fois au chaud. Petites natures que ces gadgets à 600€.

5 Ta capuche quand il vente tu mettras

Je crois n’avoir jamais autant compris l’intérêt d’une capuche que depuis que je vis à Montréal. C’est à dire que ça protège de la neige, du vent, et ça permet de garder son visage à peu près au chaud. Je vous assure, quand il fait -20 on cherche à retenir le maximum de chaleur près de soi – même celle du visage. A noter que le port de la capuche s’adapte très bien au respect des feux et des passages piétons – car pas moyen de tourner la tête pour voir si une voiture arrive et traverser n’importe quand.

capuche

6 Du soleil tu te méfieras

Le Québec en hiver, c’est un peu le contraire de la logique : ne pas se fier aux apparences. S’il faut beau (très beau), et que le ciel est bleu (très bleu), il vaut mieux checker la météo avant de mettre dehors. En effet, il y a de (grandes) chances que le thermomètre indique une température entre -15 et -20 quelque chose (sans parler du ressenti). C’est beau, mais c’est froid. Mais c’est beau. L’application Meteo Media sera donc ta meilleure amie.

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7 De ton hydratation tu te soucieras

Sur le visage: crème matin et soir, plus une couche de Cold Cream pour le nez et les joues. De la crème pour les mains. Pour les lèvres. Pour le corps. Et boire beaucoup d’eau, car le froid assèche. Je me serai depuis longtemps transformée en crocodile sans ça.

8 Des verres anti-buée tu te procureras

Porteur de lunettes, ceci est pour toi. C’est l’hiver, il fait froid (FROID) dehors, et tu rentres dans un lieu chauffé, plein de monde et donc potentiellement humide (au choix: métro, bus, bar, appartement d’un ami, bureau, magasin,…). Grâce aux lois de la physique, la condensation s’accumule instantanément sur tes verres. Et paf, tu vois plus rien. A Montréal en hiver, c’est encore pire, car les verres sont froids – et la buée gèle. Et c’est aussi valable quand on marche dehors et que notre visage produit de la chaleur et de l’humidité (phénomène naturel). Voilà. Ca et la capuche c’est super pratique pour voir quelque chose. Je vous raconte pas.

buee-lunettee-neige

9 Ta technique de patinage sur trottoir tu développeras

Avec l’alternance chaud/froid, on devient vite super doué en technique de randonnée sur terrain instable et gestion de la glissade. Sur verglas, sur neige fondue, sur glace mouillée (la pire), ou autre. Le truc: des chaussures non lisses, ne pas donner trop d’élan quand on pose le pied – toujours bien à plat et on déroule – et suivre les gravillons (ceux qui vivent à Montréal comprendront) (je FUCKING HAIS ces gravillons) (c’est dégueulasse ça colle aux semelles ça rentre dans les maisons yen a PARTOUT) (mais ça empêche de glisser) (faque pas le choix…).

salomon

10 A Igloofest tu festoieras

Parce qu’Igloofest, c’est quand même un des trucs les plus barrés qu’on puisse faire à Montréal en hiver et raconter à un Français : imaginez des soirées électro en plein air, sur le Vieux Port de Montréal, pendant les week-ends les plus froids de l’année. Des sculptures de glace. Des tas d’activités l’fun. De l’alcool. De la musique de ouf. Des gens habillés en tenue de ski quétaine (vintage). Un compte Twitter déjanté. Bref, c’est juste malade.

igloofest

11 De l’été à fond tu profiteras

Parce que contrairement à ce que croit TF1, l’été ne dure pas qu’un mois. C’est une période incroyable. Et surtout, il faut chaud (comme dans CHAUD). Comme la météo Québécoise ne connait pas le mot « tempéré », l’été, on subit du 30°C ressenti 40, grâce au facteur humidex. Il faut chaud. Il fait beau. Ya des festivals partout, tout le temps. Ya des gens dehors, partout, tout le temps. Ya des orages incroyables. Des nuages incroyables. De ciels incroyables. Des couleurs qui en l’espace de 2 semaines passent du gris au vert, puis du vert au orange-rouge-jaune. Parce que si yavait pas cet hiver intense, on se rendrait pas compte à quel point l’été, c’est bien.

ciel-ete-montreal

10 Comments

  1. Je dois me faire à l’idée de ne pas y aller finalement… J’espère quand même encore pouvoir y faire un tour en février (mais la recherche d’un appartement primera), mais au moins je connais les commandements pour ne pas mourir de froid dans le cas où je pourrai y aller 😉 Merci !

  2. Je te rejoins dans tout ce que tu dis dans cet article ! Et sinon ouii, le sable et les gravillons. Je pensais être la seule à les haïr autant — tout en les aimant d’amour parce qu’en montée et en descente, quand tout est recouvert de verglas, on les bénit très fort. Ma mère syncope au téléphone à chaque fois quand il fait -10° et que je lui sors un « Ah tiens, il fait chaud aujourd’hui. », ah, ah x)

  3. Ton article est juste génialissime !!! Par contre j’hallucine ta fenêtre de l’INTÉRIEUR !! wahou ! ( et faudra que tu m’apprennes la technique pour pas glisser. J’en suis à ma 5e chute ! )

  4. Super intéressant ! 🙂
    C’est dingue le truc de l’iPhone qui ne supporte pas le froid !! (Du coup impossible d’utiliser le GPS en hiver… Tu fais comment, tu révises bien ton itinéraire avant d’aller quelque part ? ^^)

  5. C’est que j’aurai peut etre bien envie de venir tester cet hiver canadien/montrealais 😉 Et j’ai entendu parler de l’igloofest, ca a l’air dement ! Faire la fete dehors par -30 haha
    (mais l’automne aussi ca serait pas mal avec toutes ces belles couleurs, et puis vu ce que tu dis de l’ete ca donne aussi envie)

    (un jour peut etre que j’arreterai de parler, et je passerai a l’action)(chouette photos en tout cas)

  6. Je te remercie à genoux pour ce mini guide instructif. J’en cherchais un depuis longtemps. Me voilà rassurée (d’en avoir trouvé un, parce que l’hiver ne me rassure sinon pas du tout). Enfin, à la longue ça doit pas être si terrible..

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