Au quotidien

entre nos doigts

fatigue

J’ai pas le temps, je répète souvent, le temps passe à une vitesse folle, merde on est déjà en juin, dans un mois c’est mon anniversaire, mais dans ma tête j’ai déjà 29 ans. C’est ma manière à moi de me préparer à vieillir parce que malgré ce que dit mon certificat de naissance – celui où j’ai découvert que je m’appelle E(u)lodie et non Élodie parce qu’en France on met pas d’accent sur les majuscules et que peut être que mon papa était un peu trop ému quand il a déclaré mon arrivée – on me donne toujours quelque part entre 18 et 25 ans, je trouve ça plutôt cool finalement si l’âge des PVTs de ce monde était pas limité à 30 ans et que je commençais pas à avoir une bizarre envie d’enfant qui se réveille (oui, c’est dit, et j’assume cette phrase).

Le temps passe trop vite et j’ai tellement de choses à dire, écrire, raconter. Je prends plus le bus ou le métro, je suis sur mon vélo tout le temps pour me déplacer et à la maison j’avoue que je délaisse un peu les internets pour les rares moments où je me pose derrière un clavier (faut que je termine Tropico 4 pour acheter le 5 mais mon cher laptop en a décidé autrement, ce qui lui a valu 3 jours chez le chinois-docteur-IT sur Beaubien, et moi de perdre 50$), faque j’ai pas trop d’occasions d’écrire ici. J’ai environ 12000 brouillons de trucs que j’arrive pas à finaliser, parce que je trouve pas les mots justes, parce que j’ai déjà de nouvelles idées avant même d’avoir terminé mon billet, parce qu’il se passe tellement de choses que je n’arrive plus à suivre, à réfléchir, à me poser pour mettre tout ça à plat.

Alors c’est presque l’été, à Montréal, on se noie sous la pluie trois jours semaine et le reste du temps on se laisse bronzer. Je bois trop de bières, pas ma faute si le quartier regorge de bars de microbrasseries incroyables et que j’ai fait de l’Isle de Garde mon QG. J’ai mal à la tête, le lendemain, une vrille sur la tempe droite, c’est pas normal je sais, je travaille là-dessus, ou bien j’ai une cirrhose du foie à pas-encore-trente-ans. YOLO.

J’ai mal au dos aussi, c’est le comble quand on étudie en massothérapie mais on se fait tellement tripoter, effleurer, pétrir, percuter, frictionner, fouler, drainer qu’à un moment ça bouge là-dedans. Je vous parle même pas des cours de « communication » qui ressemblent de près à une grosse psychothérapie collective, on est beaux tous à ouvrir nos blessures et exprimer nos ressentis, ya des jours on sort de là vidés, brûlés, malmenés par les souvenirs qui remontent et les émotions lourdes des autres. C’est beau, d’un côté, cette énergie, on est tous à notre manière des marginaux de nos vies, autant de raisons d’être là que de parcours et de personnalités, et le tout se mêle en un superbe pot-pourri. Je vais le répéter une énième fois : j’aime ça, elle est magnifique cette énergie collective, cette passion qui nous unit.

J’ai pas le temps, alors je me recentre sur le présent, sur ceux qui sont là, ceux qui sont proches. C’est pas loin des yeux loin du coeur mais on est tous tellement occupés ici et là-bas. Il ya des amis à qui j’ai pas parlé depuis des mois, doucement je me détache de l’immédiateté qui a fondé notre relation, et c’est correct, j’accepte que la vie continue là-bas comme pour moi ici, j’observe le peu de leurs vies que me laisse entrevoir le prisme étrange des réseaux sociaux, en attendant qu’on se serre à nouveau dans nos bras, qu’on puisse se passer de mots pour se dire tu m’as manqué, et tu comptes toujours autant dans ma vie.

Le temps file à une vitesse folle, pourtant on dirait qu’on a encore toute une vie à vivre, ressentir, rêver. Jusqu’ici tout va bien, on est pas vraiment pressés. Il reste tellement à voir. Alors j’apprends à respirer.

(et puis Foals va sortir un nouvel album en août – et ça c’est <3 <3 <3)