Culture

une ligne dans les manuels d’histoire

Il y a quelques semaines, Fanny disait sur Twitter « je n’y arrive pas. j’arrive pas à écrire sur ce film« . Elle a fini par y arriver, mais après avoir assisté à la projection du film La Rafle hier soir, je ne peux que comprendre son sentiment.

Je ne suis pas Juive. Je n’ai pas de grands parents, résistants, ou allemands, qui aient été impliqués dans cette guerre. Je suis française, petite fille et arrière petite fille d’immigrés Italiens, comme beaucoup, et des origines Alsaciennes, mais française. Et pour la première fois, hier soir, devant ce film, j’ai eu honte.

Une ligne dans les manuels scolaires. C’est comme ça que Rose Bosch, la réalisatrice du film La Rafle, nous a présenté hier soir ce passage de l’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale et de l’Occupation Allemande. C’est comme ça que la plupart de nous connaissent cet épisode. Un truc qui dirait, entre deux pages sur les camps de concentration et le nombre de morts au Débarquement

« 16 Juillet 1942, Rafle du Vel d’Hiv, 13 000 Juifs »

Deux heures de film, pour raconter l’histoire de ces 13 000 personnes, enfants, parents, vieillards, sortis de leurs lits par la police française un matin d’été. L’Histoire, avec un grand H, de ce gouvernement de la « France Libre » (mais WTF ??) qui autorisa cette Rafle, à la demande d’Hitler. Qui déporta hommes, femmes et enfants. Froidement.

C’est court, deux heures, mais ça suffit pour faire pleurer une salle. Dont moi.

J’imagine que chacun y a vu et ressentit des choses différentes. Personnelles, ou non. Des arrières grands parents déportés, des grands parents SS, des ancêtres impliqués. Il y a ceux qui se disent « que ferai je à leur place« , et ceux qui revivent au fond d’eux même l’histoire de leurs origines.

Pendant deux heures hier soir, je n’ai pu cesser de penser que cette chose est réelle. Que ce qu’on nous raconte ici est vraiment arrivé. Que non, il n’y a pas que les Allemands qui ont été impliqués dans cette abomination. Je suis française. J’ai honte pour mes ancêtres d’avoir laissé faire une telle chose. J’ai honte pour certains de mes contemporains qui osent nier la vérité du passé. Et j’ai peur.

Je pense « et si« . Et si on se retrouvait à nouveau dans un régime totalitaire. Et si une part de la population était à nouveau opprimée, supprimée ? Que ferions nous ? Prendrions nous les armes ?

Je pense qu’il existe, aujourd’hui, dans le monde, des situations comparables. Des massacres entre peuples. Entre être humains.

Ce film fout une claque, c’est sûr. Comme un rappel. Un mémorial de plus dressé au souvenir des horreurs perpétrées, un drapeau rouge pour dire « plus jamais« . N’oublions pas que oui, l’Homme est capable d’abominations. N’oublions pas qu’Hitler et le régime nazi ne s’est pas fait en un jour. N’oublions pas que nous autres français avons participé indirectement à cette Histoire, protégés derrière l’ignorance et manipulés par la propagande.

Voilà. Je souhaite à qui se sent capable d’encaisser cette histoire d’aller voir ce film.

*

Sortie le 10 Mars. Je vous invite à vous rendre sur le site du film pour plus d’informations