Intime & Réflexions

les petites cases

J’ai un problème avec les cases.

Tu sais, celles où on met les gens, avec des petites étiquettes pour savoir où et comment ranger, catégoriser, sélectionner, et indirectement, porter un jugement définitif.

C’est un jugement, que de mettre une étiquette. Une classification qui s’accompagne d’un tas d’a-prioris, de préconçus, de sous-entendus, et puis ça doit rester là toute la vie, sinon quoi. C’est comme si un jour on te disait, tu es là, et tu y restes, et même si tu voulais éventuellement bouger, tsé, t’es sûr parce que c’est compliqué, t’es bien là où t’es, t’es pas content c’est pour ça ? tu fais une petite déprime ? une crise de la quarantaine – ou d’adolescence tardive ?, et puis ça va déranger toutes les étiquettes qu’on a collées depuis le début là, si tu décides de changer ce qu’on pensait de toi, ça bouscule l’ordre établi, et après, on sait plus quoi faire – parce que tu rentres plus dans les cases toutes prêtes de la société.

J’ai un problème avec les cases, parce que je veux pas me sentir obligée de rester dans un cadre préétabli sous prétexte que « c’est comme ça qu’on a toujours fait », et « t’as fait des études », et puis « mais qu’est ce que les gens vont penser ».

Je viens de finir une formation en massothérapie. On me demande, et après, tu vas faire quoi ? Masser. Toucher des gens au coeur de l’intime. Continuer à me former pour les aider à aller mieux, dans leur corps, et peut être même un peu plus loin. Pourquoi pas reprendre d’autres études, en sexologie, cette fois, et en relation d’aide, parce que c’est difficile de s’arrêter une fois qu’on met le pied dedans, parce que je ne peux pas ignorer ce que j’ai traversé cet été. Et le marketing ? Je vais continuer, aussi, parce que j’aime ça, bidouiller des WordPress et engager les gens sur Facebook et rédiger du contenu et imaginer des stratégies. Parce que c’est bien beau la masso mais mon corps est pas fait pour tripoter des gens toute la journée, 39h par semaine, que ça draine, et que faut aussi manger. Parce que j’ai autant besoin de contact humain que de faire travailler mon cerveau, parce que rien ne m’empêche de partager mon temps, même si ça se fait pas, de quitter une job à 2500$/mois avec assurances et « responsabilités » pour un métier « manuel » aux revenus incertains.

Je me suis mariée au printemps dernier. Je ne parle pratiquement jamais de « mon mari », parce qu’à part une bague et une porte ouverte pour un visa*, ça ne change pratiquement rien à ma vie quotidienne. On s’aimait, on s’aime toujours ; on voulait faire notre vie ensemble, on le veut toujours; on a un joli appart plein de meubles IKEA ; ça arrive aussi qu’on s’engueule, qu’on doute, qu’on ne sache plus comment être deux. C’est une jolie case pourtant, mari et femme, on dirait qu’on est enfin rangé quelque part pour la famille et l’administration, et pourtant. Là aussi, ça fitte pas dans le cadre, de se marier avec juste ses amis, sans mairie ni robe blanche, un jour pluvieux d’Avril, en gardant son nom de « jeune fille »**. J’ai tendance à penser que le fait que je sois mariée ne regarde que Dany et moi. Mais ça surprend, souvent, ça bouscule les clichés, on essaye de comprendre.

copyright Jessica Boily 2015

Il y a la vie publique, et la vie privée. Dans ma vie « privée », il m’est arrivé à plusieurs reprises de poser comme modèle photo, pour des séances plus ou moins habillées. J’assume parfaitement avoir fait ces photos, elles n’ont rien de « vulgaire », mais pendant longtemps, j’ai utilisé un pseudo pour publier ces clichés, afin de cloisonner mes différentes existences. Mon identité professionnelle, publique, en webmarketing. Mon identité sur les média sociaux, ce blog, Instagram, Twitter, pour lesquels j’ai utilisé un pseudonyme, parce que je fais partie de cette génération qui a grandi sur les chats et les forums, à l’époque où le web social était un minuscule monde noyé d’anonymat. Je ne voulais pas « tout mélanger », parce que ça ferait pas joli sur un CV, mes live-tweets de Top Chef et mes réflexions d’insomnie – et que dire du fait qu’on trouve mes fesses sur les internettes.

Récemment, j’ai repris des cours d’effeuillage burlesque. J’envisage de monter sur scène un jour, j’espère dans pas si longtemps. Montrer mes fesses sur des photos, montrer mes fesses devant audience, qu’est ce que ça change ? J’aimerais, pourquoi pas, développer cette partie artistique au delà du passe-temps, me réaliser dans l’acceptation de mon corps et de ma féminité.

Plus le temps passe, et plus je décloisonne. Plus le temps passe, et plus « j’assume » l’entièreté de mon identité. Je ne suis pas « plusieurs », je suis une. J’ai de nombreux questionnements, bien sûr – comment présenter un CV si éclectique ? Qui voudra embaucher une femme avec deux métiers (et une tendance exhibitionniste) ? Qu’est-ce qui garantit à mon employeur que je ne vais pas lâcher l’un ou l’autre de mes métiers du jour au lendemain ? Où est la « constance » dans mon expérience et mon cheminement ? Comment présenter cette identité entière à mon avantage, et déjouer les éventuels craintes et préjugés qui seraient associées à mon profil ?

Si tout va bien, d’ici quelques semaines, je pourrais à nouveau reprendre une vie « normale », me tasser un peu, recoller les étiquettes, et rentrer dans la case. Si je le souhaite, il me suffirait d’envoyer des CVs joliment arrangés et passer quelques entrevues pour retrouver le chemin sur lequel j’étais en arrivant à Montréal, il y a deux ans. Je sens pourtant qu’il n’y aura plus jamais rien de « normal ». Trop de choses ont changé, profondément, qui m’interdisent de revenir en arrière.

On m’a parfois reproché mon « trop de transparence » ou de « spontanéité », on m’a aussi dit de faire attention, que ça pouvait être une faiblesse. Avec la mentalité Française, dans certains milieux professionnels peut-être ; ici, avec ce que je fais, je ne crois pas. Je souhaite au contraire croire que mon authenticité est un atout, une richesse autant sur le plan professionnel que dans mes relations inter-personnelles. Cela me fermera peut être quelques portes, mais je ne suis plus à ça près. Si on refuse de travailler avec moi parce que je suis moi-même, ça ne m’intéresse pas. Je ne veux pas m’entourer de gens qui se cachent derrière des profils types, qui ont à tout pris besoin de faire rentrer les gens dans des petites cases.

Si tout va bien, d’ici quelques semaines, je pourrais enfin construire ce projet multiple de ma nouvelle vie – devenir travailleuse autonome, partager mon temps (pourquoi pas) entre un emploi à temps partiel dans un spa, des clients à domicile, et des contrats à la pige en web-communication – et peut être, gagner aussi un peu ma vie en montrant mes fesses sur scène et devant l’objectif. Tout est possible. Je l’avoue, j’ai peur, mais j’ai hâte en même temps. Hâte de pouvoir sortir des cartes d’affaires sur lesquelles j’écrirais :

Elodie J. // massothérapeute, stratège-web

Mademoiselle LaNe // performeuse burlesque, modèle photo

 – Femme libre –

copyright Jessica Boily 2015

Photos Jessica Boily, 2015
Notes :
*Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, le fait de me marier avec un Québécois ne m’apporte pas automatiquement la citoyenneté Canadienne, même en tant que Française la demande de résidence permanente par parrainage (dans mon cas depuis l’extérieur du Canada – je reviendrais peut être là dessus un jour pour les explications) prend de 6 à 8 mois à être traitée. En attendant j’ai un permis visiteur ne m’autorisant ni à travailler ni à bénéficier de couverture santé, mais j’ai pu étudier sur une période courte (inférieure à 6 mois)
**Au Québec, depuis la Révolution Tranquille, c’est absolument normal de garder son nom. Légalement, on a le droit d’utiliser le nom de notre mari/femme comme nom d’usage – par exemple dans un cadre professionnel – mais sur le papier, on conserve son nom de famille original. 
Intime & Réflexions

moi, féministe

mustache

Il y a quelques années, j’ai écrit sur ce blog un post intitulé « pourquoi je ne suis pas féministe« . Je parle rarement de mes engagements et valeurs socio-politiques ici, pourtant ces dernières années – et particulièrement ces deux dernières à Montréal – m’ont permis de réaliser à quel point certaines choses m’importent.
Je disais il y a 4 ans « je ne me sens pas féministe parce que« . Aujourd’hui, j’ai envie de l’assumer enfin, de le dire non plus comme un secret honteux mais comme une fierté : je suis féministe. Parce qu’il ne peut en être autrement.

Mon féminisme est né il y a longtemps, mais je n’avais pas conscience de cette réalité à cette époque. Ma vision de ces valeurs était étriquée et biaisée par les quelques personnes et mouvements qui prenaient le devant de la scène, j’avais des idées préconçues du féminisme faute d’avoir lu/vu autre chose.

Mon féminisme est né de lectures, de rencontres, de débats d’idées. Je n’ai jamais considéré être le genre de personne qui a besoin du féminisme, faisant partie de cette catégorie de femmes relativement « aidées », née dans un corps qui me convenait, qu’on m’a appris à aimer ; blanche, mince, avec les capacités de faire des études et travailler dans un milieu relativement peu macho. J’ai réalisé il y a peu à quel point j’ai grandi dans un contexte qui ne m’a que très peu bridée, avec la chance d’avoir un frère avec qui j’ai autant joué aux Barbies qu’aux Lego ou Action Man, des parents qui m’ont appris le respect, de moi et des autres. Je ne me souviens pas avoir eu de tabou, on m’a laissé explorer et découvrir sans honte, sans culpabilisation.

Mon féminisme est né de cette liberté, cette ouverture d’esprit qu’on m’a donné l’opportunité de développer. J’ai fait mes expériences, mes découvertes, eu des réflexions, des prises de conscience. Un jour j’ai réalisé que je ne me reconnaissais pas (plus ?) dans ce moule, dans ces cases, dans cette « norme » et ce chemin que la société avait tracé pour moi. Faire des études pour avoir un bon travail, rencontrer un gentil garçon, me marier, jurer fidélité devant un Dieu qui ne me parle pas pour se tromper dans quelques années, divorcer, pourquoi pas. Être jolie, épilée, bien habillée, sexuellement disponible, mais surtout pas avec quelqu’un d’autre que mon copain. Vivre dans la contrainte d’un modèle de couple dans lequel je me sentais à l’étroit, et qui ne me proposait que peu d’alternatives. Je voulais faire mon propre cheminement, avoir le choix de ma sexualité, mes pratiques, mon ouverture sentimentale. J’ai rencontré des gens, j’ai lu, j’ai échangé, j’ai expérimenté. Et j’ai construit mon modèle, selon mes envies, mes valeurs, mes besoins. Ce modèle ne m’a été imposé par personne, il est souple, en constante évolution, parfois difficile à comprendre pour les autres. Je le construis encore, au quotidien, avec celui que j’aime, avec ceux qui m’entourent, avec ce que la vie m’apporte.

Mon féminisme est né d’une prise de conscience. Mon corps m’appartient, j’en fais ce que je veux. Je me fais tatouer, et oui ce sera visible, et étendu, et je l’assume. Je fais des photos nue, parce que je trouve ça beau, parce que je n’ai pas de tabou concernant ma nudité et qu’il n’appartient qu’à moi de décider à qui je montre mes fesses et mes seins, parce que je considère que l’intime, c’est bien plus qu’un bout de peau. Je porte des jupes et des talons si ça me chante, et tant pis pour ceux qui trouvent que c’est provocant. Je porte des jeans, et des chemises, et je coupe mes cheveux, et tant pis pour ceux qui trouvent que c’est pas assez « féminin ». Je parle de cul parfois trop fort, je bois, je couche avec des gens que je ne rappelle pas le lendemain, j’expose mes idées même si tout le monde n’est pas d’accord, je suis incapable me contenter d’être « jolie et tais-toi ».

femmes-beauvoir_nobs2008

Mon féminisme est né d’un départ à l’étranger, et de la découverte d’une réalité différente. Parce qu’à Montréal, c’est rare qu’on vienne t’aborder dans la rue parce que « t’es bonne salope« , qu’on n’a pas peur de rentrer seule le soir, qu’ici l’égalité entre hommes et femmes est beaucoup plus concrète qu’en France, que l’apparence a moins d’importance. Que ce sont plutôt les filles qui draguent, qui mènent la danse. Qu’on ne se sent pas autant jugé sur ses choix de vie, son look, sa sexualité. Que j’ai pris conscience de ce qui se passe en France, que même si tout n’est pas parfait ici, il y a quand même un grand pas à faire.

Mon féminisme est né de nombreuses prises de conscience. Comprendre ce qu’est la construction du genre, comment on nous inculque une notion de ce qui est plus « féminin » ou « masculin », alors que ça n’a que peu de valeur réelle – que l’impact qui en découle sur les relations interpersonnelles et la société ; comment on nous impose une « norme » qui n’est qu’une construction sociale, issue d’une évolution de plusieurs centaines d’années certes, mais que rien ne nous oblige aujourd’hui à accepter. Découvrir comment la société/l’Église ont doucement « imposé » la norme du mariage hétérosexuel romantique et exclusif  pour (entre autres) contrôler la sexualité des populations et brider la liberté des femmes. Expliquer la colère qui me rongeait doucement lorsque j’étais ado et que je me faisais mater par des « vieux » de 40 ans – d’où venait ce « droit de regard » sur mon corps ? Accepter qu’un homme puisse aussi être « faible », décrocher de ses responsabilités d’homme et délaisser sa « virilité » – parce qu’homme ou femme, on est tous faits pareils, nous sommes des êtres humains aux personnalités diverses. Avoir honte de cette France conservatrice, de ceux (même des gens proches) qui refusent de reconnaître le droit à TOUS d’être parents.

La chose la plus importante que j’ai comprise, c’est qu’il n’y a pas UN féminisme. Et qu’on n’a pas besoin d’avoir besoin du féminisme pour partager ses valeurs. Les combats et les sujets de réflexion ont évolué avec la société, et continueront d’évoluer en fonction de ceux qui relaient ces idées. À mon sens, le féminisme devrait être l’affaire de tous, et pas seulement d’une poignée de militantes qui l’incarnent à leur façon.

Je suis féministe. Je suis pour la liberté de choix, l’égalité des chances, l’apprentissage du respect de l’autre et de soi-même. Je suis contre le sexisme, la soumission à la « norme », la loi d’un modèle patriarcal sans fondement. J’aimerais que tout le monde, hommes et femmes, filles et garçons, aient la liberté d’être et de grandir comme bon leur semble, avec la possibilité et la capacité de faire ce choix en conscience, en sachant respecter ceux qui les entourent en tant que personnes. Je crois qu’il ya encore beaucoup de chemin à faire même dans nos sociétés occidentales, que le féminisme n’est pas réservé aux femmes, et ne concerne pas que le droit de celles-ci, mais bien la liberté de tout le monde.

Voilà pourquoi je suis fière aujourd’hui de dire « je suis féministe ».

Photo moustache par Oognip
Photo de Simone de Beauvoir nue, par Arthur Shay
Intime & Réflexions

et les amours

bedJe ne sais plus dire je t’aime.

Enfin, je crois. Bientôt deux ans que je suis « célibataire ». Avec des avec et des sans, des coups de coeur, des moments tendres, des moments doux, d’autres plus violents. Des gens qui s’en vont, des qui sont loin, des qui n’iront nulle part parce que c’est comme ça – question qu’on est pas compatibles. Deux ans que je vogue d’un corps à un autre, sans jamais m’accrocher vraiment. Deux ans que je n’ai pas dit je t’aime à quelqu’un d’autre que ma famille, mes amis et mon chat. Pourtant j’ai eu des papillons dans le ventre, souvent ; je suis tombé amoureuse, parfois ; j’ai pleuré tard le soir, et eu envie de frapper dans des murs quand ça faisait trop mal au ventre. J’ai crié des mots d’amour très fort dans ma tête et sur le papier quelques fois parce que c’était vrai, sur l’instant, mais j’ai gardé tout ça pour moi parce que c’est toujours éphémère, ces émotions, parce que ça implique tellement de les sortir ; parce que je sais bien que ça prend du temps d’aimer pour de bon.

Parce qu’il y a toujours eu un au revoir.

Je vais avoir 28 ans, et à 28 ans on se case et on fait des projets de vie à deux, alors j’ai droit à cette question à chaque fois – de mes parents, mon grand-père – et les amours ? Je ne réponds rien. À quoi bon raconter les histoires qui ne dureront pas – je le sais d’avance. À quoi bon engager un espoir, prendre le temps d’expliquer, alors que je ne suis jamais sûre, que tout peut changer du jour au lendemain. Comment raconter les amours impossibles, les belles rencontres, les moments tendres, et le sexe, qui s’arrêteront au petit matin, dans une semaine, ou dans deux mois.

À ma mère la dernière fois, j’ai demandé si c’était important, qu’il y ait quelqu’un dans ma vie. Si ça la rassurerait, quelque part, de me savoir « en couple ». Que j’ai quelqu’un à qui dire je t’aime, quelqu’un qui prendrait soin de moi. Ma mère m’a répondu « c’est pas important, si tu es heureuse comme ça. » Et puis « tu as l’air d’être heureuse. Tu as l’air de n’avoir besoin de personne. Tu trouveras quelqu’un, mais ce sera pas pour combler un manque. »

J’ai pas de manque. J’ai pas besoin de quelqu’un. Parce qu’en vérité, des amours, j’en ai plein : il y a mes amis (les plus géniaux du monde), il y a Dora (le seul être vivant à qui je dis mon amour), et il y a Montréal.

#26

Voilà. C’est peut être là, le fond des choses. La réponse au pourquoi je n’ai pas réussi (mais ai-je vraiment cherché ?) à me remettre dans une relation. Parce que ma liberté importe plus à mes yeux que tous les jolis garçons que j’ai rencontrés jusqu’ici. Parce que j’ai pas besoin qu’on me sauve, pas besoin qu’on me répare, pas besoin qu’on me console, pas besoin d’un mec-béquille pour avancer. Parce que j’ai plus l’envie de cette vie là dont j’ai eu un avant-goût – vivre ensemble, acheter un appart, se marier, faire des enfants. Parce que je veux rien devoir à personne, je veux ma liberté et mon indépendance, et je chéris ces dernières plus que tout le reste – même si c’est au prix de mon « célibat ».

J’ai arrêté de croire au coup de foudre. Comme un tas de monde dans mon entourage, je ne cherche pas l’amour, ni rien de très sérieux. N’empêche, ça me dérangerait pas de tomber dessus par hasard, un peu comme on trébuche et on perd l’équilibre. C’est jamais sérieux de perdre l’équilibre. Ça fait rigoler. Ça rend un peu heureux. Je cherche rien d’engageant, mais c’est toujours rassurant de savoir que y a quelqu’un pour répondre à tes SMS tard le soir parce que « j’arrive pas à dormir ». Quelqu’un qui voudra bien partir sur un coup de tête en voyage à l’autre bout du monde – ou en week-end un peu moins loin. Quelqu’un avec qui le silence ne sera jamais pesant. De ces rencontres où tout est fluide, où chaque jour passe sans se poser de questions et où on se dit « on verra bien demain », et soudain, ça fait des mois que c’est demain, on a pas vu le temps passer, et on a toujours envie de se voir et des choses à se dire. On sait que l’autre sera encore là le jour suivant, et tous les jours d’après. On a pas besoin de se le dire, c’est une évidence. Quelqu’un à qui peut être je pourrais dire je t’aime sans avoir peur que ça nous enferme et nous détruise. Et y croire cette fois-ci, sans date de péremption.