Intime & Réflexions

nocturne

-post écrit le 22 janvier-

Aller viens, on frissonne un peu, pas parce qu’il fait froid – même si – non, pas pour ça. Fais le silence en toi, il est tard, ou tôt, c’est un après midi, qu’importe, laisse toi emporter. Mets tes écouteurs, ou les enceintes bien fort, il faut qu’on l’entende clair, la musique, que chaque touche qui résonne se fasse un chemin jusqu’à ton oreille interne, et puis ta poitrine, et se scelle dans ton ventre; que tu puisses percevoir jusqu’aux respirations des gens dans la salle – ceux qui toussent, ou se grattent la gorge, et les froissements – c’est pas qu’ils sont malpolis, mais c’est comme si leurs bruits spectateurs faisaient un peu partie du morceau – pour donner un peu d’humanité à la sonorité du piano. Il faut que tu écoutes aussi les grincements des pédales, l’effleurement des doigts sur les touches, ailleurs le son de la tape qui grince et les cliquetis, légers, fermes, tendres, l’amour quelque part qui s’inscrit. Voilà, ferme les yeux… tu y es. Dans la musique. Entièrement.

Aller viens, on frissonne un peu parce que j’ai toujours tellement aimé le piano, et ces morceaux si doux, j’aimerais leur donner un nom – je trouve Chopin si près – Nocturnes. C’est de la musique qu’on écoute seul le soir, la nuit, au fond des draps, dans un salon allongé sur le tapis, lorsque les notes accompagnent doucement l’esprit vers le sommeil – ou ailleurs, c’est selon, selon où la musique viendra se nicher – dans nos ventres, nos têtes, nos pensées. Embrumés par la nuit qui tome et pourtant si alertes – chaque note, goutte de pluie, pas, jusqu’où ira cette course, quel est le chemin, quelle est la question.

Il est minuit, je frissonne, je le connais par coeur pourtant, avec ses bruits et ses respirations, mais la ritournelle encore une fois m’emporte sans préavis, les mots viennent.

Je disparais. À vous.