Au quotidien

parmi vous

aborted-beginingsJ’ai environ trois ou quatre brouillons de cet article où j’essaye de raconter, d’expliquer, le pourquoi du comment, les derniers changements, le bordel continu qui se stabilise aussi d’une certaine façon, le où je suis, où je m’en vais, je fais quoi. J’ai tenté de faire simple, et puis ça ne s’explique pas – enfin, si, j’ai un tas de mots rationnels à poser pour justifier le chemin que j’ai pris, la vérité c’est que c’est une fois de plus un choix par « fait accompli », une issue de secours qui se transforme doucement mais sûrement en une nouvelle voie, la vérité se résume en quelques mots sans équivalent en français : life happens.
« La vie arrive ». On pourrait dire ça. J’ai évoqué tellement de fois le bordel de ma vie, les changements incessants, le flou, les décisions qui n’en sont pas vraiment – parce que si j’avais tracé ma vie il y a quelques mois je ne m’imaginais pas là – et je ne cesse de répéter cette phrase – si j’avais pensé que.

Mais voilà. Aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai la sensation que dans tout ce flou, dans toutes ces incertitudes, cette instabilité, j’ai commencé à me trouver. J’ai eu un million de prises de conscience, d’épiphanies plus ou moins heureuses, parfois simplement en réalisant que ce truc que je vivais « par défaut », comme « solution temporaire », était peut être quelque chose qui me convenait. Et par la force des choses, l’impossibilité de continuer la route que je voulais suivre à la base, j’ai fini par prendre tout ça sous un autre angle, et au delà de l’acceptation, m’approprier ce qui se passe. Je pense qu’on passe tous par là à un moment, si on se retrouve privé d’une capacité qui jusqu’ici nous semblait normale, ou bien les choses arrivent, et on change de direction. Je pense à Laura qui a décidé de devenir prof de yoga et dont l’histoire résonne étrangement avec la mienne. Lucie et Thibault qui sont partis s’installer au fond de la Bretagne dans un moulin qui prend l’eau. Fanny qui a découvert il ya quelques mois qu’elle avait un problème à la hanche qui sera un handicap à vie. On fait quoi dans ces cas là ? On apprend à vivre différemment, je crois.

J’ai pas perdu de hanche, ni eu d’accident, je suis en santé ; mon seul « handicap » temporaire, c’est les joies des visa, c’est de ne plus pouvoir travailler. C’est d’avoir décidé de rester ici malgré tout, de m’accrocher, accepter les aléas.

Life happens. Ces derniers mois, après une énième décision arbitraire de l’immigration, j’ai donc perdu une opportunité de job, je me suis mariée, et j’ai repris des études – pour occuper ces longs mois d’attente. Une formation courte (je peux pas étudier plus de 6 mois sans permis d’études) en massothérapie, encore une décision sur un semi-coup de tête, qui mûrit quand même depuis presque un an. Je reviendrais plus en détails dans un autre post sur la massothérapie au Québec, et plus spécifiquement ma formation (c’est très différent de ce qui existe en France, et oui c’est fascinant). Le fait est que, partie à la base pour faire ça « pour m’occuper » et « pour ma culture générale », et « on verra bien ce que j’en ferais quand j’aurais ma RP », je commence doucement à me poser réellement la question d’en faire mon métier, à temps plein, ou en partageant mon temps en freelance avec ce que j’appelle encore mon « vrai » métier, le webmarketing. Il y a aussi ce cap à passer qui m’éloigne définitivement de la France, de ma vie d’avant, le lien qui s’affaiblit, la distance. Suis-je encore parmi eux… ?

masso

Je suis loin d’avoir une réponse. Là encore il y a des listes qui s’écrivent dans ma tête tous les jours, des pros et des cons, des questionnements, des doutes, des envies, des projets, et tout ça qui se mélange. J’ai toujours pensé qu’un jour je changerais de voie, reconversion, autre, mais pas là, pas à 29 ans, pas avec si peu d’expérience dans mon domaine. Je m’éclate aujourd’hui dans ma formation, mais c’est nouveau, qu’en sera-t-il si j’en fais mon métier ? De l’autre côté, je m’éloigne de plus en plus d’internet, de la comm, j’observe les opés et les événements d’un oeil blasé, qui se dit « à quoi bon ? » (et je te parle pas de ce que je pense des « tendances », des magazines féminins et du bullshit général bien pensant…). C’est pas le cas pour tout, bien sûr, il y a encore des projets qui me font vibrer comme ceux auxquels j’ai participé – trop brièvement – l’été dernier et cet hiver ; et je suis certaine que je retrouverais la « flamme » si je replongeais pour de bon dedans.

Mais.

L’année est loin d’être terminée. Les questionnements se posent, doucement. J’accepte moi aussi ce changement qui s’est fait, dans ma vie, en moi. Je cherche l’équilibre. J’ai la chance de n’avoir aucune obligation, aucune responsabilité, aucun engagement, et des gens qui me soutiennent sans me juger. J’ai l’impression d’avoir fait les choses dans le désordre, d’avoir agi en réaction à des événements, presque dans l’urgence, et maintenant que cette urgence n’est plus, je réfléchis enfin à ce que je vais faire de tout ça. Peut être que c’est ça la vie, finalement. Une succession de réactions qui finissent par s’ancrer définitivement, tout ça parce qu’un jour, on a décidé de sortir du chemin. 

La suite, au prochain épisode…