Lorsque j’ai commencé à chercher du boulot à Montréal, je me suis très vite heurtée à une vraie question sur le sens du mot bilingue. Comme on a tendance à l’oublier, le Canada est un pays bilingue: l’anglais et le français sont les deux langues officielles, et toutes les instances administratives Canadiennes ont l’obligation d’utiliser les deux langues dans leur communication. Au Québec, on parle français. Du moins, c’est le principe, et la loi (loi 101 ou Charte du français au Québec) oblige toutes les entreprises à utiliser le français comme langue de communication.
Je ne vais pas rentrer dans le détail de la situation de la langue française au Québec (même si c’est hyper intéressant je suis pas encore assez calée sur le sujet), mais si le Québec est une Province francophone il se trouve que dans les faits, la moitié – si ce n’est plus – de Montréal est… anglophone. Comme 80% du Canada. Lorsqu’on travaille dans la comm, il est donc nécessaire de parler les deux langues puisqu’on qu’on a des clients/fournisseurs/prestataires – anglophones.
Sur la plupart des offres d’emploi, on trouve donc cette jolie mention: Bilingue.
« la loi 101, on s’en fout » – je suppose que c’est un fake…
Bilingue. Pour moi, bilingue, c’est lorsqu’on parle parfaitement les deux langues. C’est au delà du « courant » ou « fluent ». Sauf que mon anglais à moi est tout à fait fluent, j’ai déjà travaillé dans cette langue, je suis capable de tenir des discussions, de rédiger des documents, de me faire comprendre et de comprendre la plupart des choses, mais je suis encore loin de me considérer bilingue. Du coup, au moment de rédiger mon CV, j’étais un peu embêtée: bilingue, ce serait mentir ( et pas crédible, je suis Française, ne l’oublions pas), et « courant » n’est pas un terme vraiment utilisé ici. Aprés moultes discussions et environ 30 modifications de mon CV, j’ai donc opté pour une formulation bâtarde mais explicite (merci LinkedIn): « capacités professionnelles complètes ».
Un mois après avoir commencé MonNouveauJob, je crois avoir enfin résolu le mystère autour de cette appellation étrange…
Tout a commencé lorsque j’ai passé mon entretien. Après une première partie en français (avec une recruteuse anglophone), j’ai rencontré mes futures boss. Des Montréalaises dans ce que représente Montréal en terme de multicultarlité: une Italienne, et une Grecque. On a commencé l’entretien en français, puis posé une question en anglais, puis repassé en français, puis… Ma boss m’a alors parlé de franglais, ce terme qu’on utilise chez nous pour nos chères expressions françisées (que les Québécois détestent), mais qui ici veut dire bien autre chose…
Depuis un mois, je travaille donc dans un environnement très particulier. Parmi mes collègues, des Canadiens de toutes origines: Grec, Italien, Amérique du Sud; des Anglophones, des Québécois, et une Française. Un joyeux bordel. Certains ont appris le français à l’école, d’autres ont suivi leurs études en anglais, et la plupart parlent trois langues. Au final, on communique dans un mix d’anglais et de français, passant d’une langue à l’autre au milieu d’une conversation, voire dans une même phrase. Ca m’arrive d’écrire en anglais à une collègue anglophone, qui me répond en français (ça lui permet de pratiquer). Comme on dit ici, c’est le fun !
mood board et flow charts, en anglais…
Personnellement, j’adore cette ambiance. Je trouve que chaque langue a ses particularités, certains mots ou expressions n’ont pas de traduction équivalente dans une autre langue, et l’anglais est une langue relativement « directe », ce qui simplifie en général les échanges.
Au quotidien dans mon travail, je suis supposée rédiger du contenu dans les deux langues, puisque nos clientes sont partout au Canada (et en tant qu’entreprise présente au Québec nous avons l’obligation de communiquer aussi en français). Bien évidemment l’anglais reste ma seconde langue, je fais donc relire mes contenus par une collègue pour validation.
C’est là que j’ai trés vite réalisé un autre point concernant la langue. Le français québécois a un tas de nuances qui le différencie de notre français. Mon français, donc. Si je comprends très bien la plupart des expressions Québécoises (sous réserve que la personne ne sorte pas du fond d’un rang* avec un accent inaudible), j’ai un peu plus de mal avec les petites variations du langage, de l’usage de certains mots plutôt que d’autres, et de la francisation de toutes les expressions que nous utilisons en anglais, des formulations qui sonnent bizarres pour moi. On ne dit pas « addict » mais « accro », les filles portent des camisoles et non des débardeurs, on déjeune le matin, on dine (ou lunche) à midi et on soupe le soir, les mots anglais sont tous masculins, on pose une question avec une vraie forme interrogative et pas un « est-ce que » », et certains mots sonneraient complètement désuets en France alors qu’ils sont tout à fait usuels ici. Chaque jour j’ai de longues conversations avec Valentine, ma collègue Québécoise, pour comprendre quelle expression utiliser à la place d’une autre, et comment exprimer telle ou telle idée dans un status Facebook.
Je finis par remettre en question ma langue natale – qui aurait pourtant dû être mon « point fort » – et à me dire que finalement, j’ai plus de facilité avec l’anglais qu’avec les milles nuances entre le français de France et celui de nos cousins Québécois. Les langues au Québec ce n’est donc pas seulement une question d’anglais, mais bien de capacité d’adaptation !
Je crois que la langue, c’est le truc qui me fait flipper, en fait. Voilà!
(et du coup je vois que tu as eu une réponse pour savoir comment s’appelaient les trucs avec les choix multiples!)
La réalité c’est que ça dépend vraiment des jobs. Et tu t’adaptes très vite 😉
J’ai trouvé ton article très intéressant, évidemment au milieu de toutes ces langues, et surtout j’imagine des expressions familières utilisées, pas facile de s’y retrouver !
Il y a déjà eu des gros quiproquos ?
Merci !
Non pas de quiproquos, le français « français » et québécois se ressemblent quqand même, mais il y a des expressions qui n’ont vraiment pas le même sens ! Du coup j’essaye de discuter au maximum avec mes collègues francophones avant de publier quoi que ce soit pour la marque pour laquelle je travaille.
Je me fais la même reflexion sur le français que je trouve parfois trop complexe et prise de tête… alors qu’avec tous mes collègues anglais, j’ai beaucoup moins de galère 🙂
La langue joue, et la culture aussi. C’est sûr que c’est très lié mais par ex je trouve les Québécois mois compliqués que nous pour exprimer une idée – ils ont intégré la culture de l’anglais je crois !
Je me dis que j’aurais galérer pour trouver un job là-bas, même si je veux toujours y aller 🙂
Ah comme je disais à Camille ça dépend vraiment de où tu bosses! Dans ma branche c’était quasi impossible de trouver un bon boulot sans parler anglais, mais c’est pas le cas partout 🙂
Tu es tellement forte de vivre ça au quotidien. Moi j’ai la chance de parler (avec une copine greque) en anglais et ded lire bcp mais on se rends compte que chaque expressions est différentes … bref je ne sais pas comment tu fais avec tous ces nouveaux mots français. tu es presque comme un enfant qui doit réapprendre sa langue
Bon courage
Je crois que c’est pour ça que j’aime bien l’anglais. Je trouve la langue plus simple et plus décomplexée, et dans la pratique aussi, les étrangers qui parlent (mal) le français le parlent quand même, même si ils font des fautes.
Alors que chez nous, si on fait une faute, on passe pour des gros débilos. Je crois que c’est aussi pour ça qu’il y a des français qui n’osent pas parler en langue étrangère.
Moi je parle un anglais touristique et mon allemand atteint des niveaux d’un enfant de 4 ans. Mais je le parle quand même, le principal c’est qu’on me comprenne (et puis les allemands sont contents quand quelqu’un tente de parler leur langue qui est quand même bien chiante).
Du coup, je me demande si le français n’a pas un rapport tellement fort à sa langue que ça fausse son rapport aux langues étrangères…
Voilà, c’était l’interrogation de 15h45 ^^
Salut Béné!! tout d’abord je salut ton initiative car j’ai beaucoup appris de ton article chargé de bonne humeur tout en gardant une grosse dose de réalité car de nombreuses personnes ayant expérimentées tes dires le confirment.
Pour ma part, je suis un Graphiste 2D/3D avec une expérience professionnelle de 6 en agence de com mon anglais est plutôt moyen mais, j’ai déjà la solution à ce problème ( Etude approfondie) je me suis donné du temps. je vis au cameroun et mes questions sont les suivantes:
– je voudrais trouvé un emploi à montreal le PVT est la seule solution?
– Si oui quel procédure dois-je suivre pour avoir un PVT sachant que je réside au cameroun?
– ya-t’il un autre type de visa envisageable pour immigré au canada afin de chercher un emploi en tant que travailleur qualifié? des infos sur la procédure à suivre?
merci.