Intime & Réflexions

les jours sans

C’est beau d’écrire sur le positivisme et l’optimisme, mais il y a des jours où on a plus de mal à appliquer ses principes. Des jours gris où le ciel pèse sur la ville, pleure des milliards de gouttes humides sur les arbres, les trottoirs, les parapluies des gens.

Des jours qui parfois s’accumulent comme un collier de perles sombres qui pèse sur nos épaules, le regard inexorablement attiré vers le sol, le corps lourd et le coeur aussi.

Ces jours sans, il commence à y en avoir beaucoup. Des jours qui se suivent et se ressemblent, semaine ou week-end, il n’y a que trop peu de choses pour rompre la monotonie de ces heures qui se dessinent, aussi floues et brumeuses que celles qui viennent de s’écouler.

Des jours remplis de vide.
Des jours sans soleil, sans chaleur, de ce gris immuable qui recouvre l’île, nous oblige à ressortir écharpes et manteaux, le corps emmitoufflé dans ces bandages de fortune.
Des jours sans envie, sans motivation, car rien ne réussit à briser la litanie des paysages qui se profilent.
Des jours sans ceux qu’on aime, des jours où Skype et le téléphone ne sont que des erzatzs sans goût et sans odeur – une maigre consolation qui rappelle la distance, dure, froide, violente. Des jours à observer la vie des autres dans le bocal du web 2.0, réaliser que ça y est, on ne fait plus partie de leur quotidien.
Des jours sans sourire. On s’y essaye parfois, lorsque le vin coule, lorsqu’on sociabilise, avec un semblant d’envie d’y croire, pour rire un peu le temps d’une soirée durant laquelle, au final, on s’ennuie.

Des jours sans une présence, sans personne à retrouver le soir, personne à qui tout dire, pour se vider, pour oublier, rigoler comme des gamins, se bagarrer sur le lit, et puis se serrer très fort juste parce qu’on est bien ensemble même si ya pas de demain.

J’ai compté les jours, les semaines. J’ai voulu pleurer, souvent, frapper dans un mur, hurler très fort pour extirper ce qui me rongeait, ce sentiment d’impuissance face à la réalité qu’on n’a pas choisie. Et puis j’ai arrêté. Ca faisait un mois, tout pile, alors j’ai décidé de prendre ce corps absent à revers, de tenter de boucher le vide, même si rien ne se remplace vraiment.

J’ai commencé à écrire ce post il y a 10 jours. Et puis ces derniers jours, malgré la pluie, malgré la fatigue, malgré la lassitude, quelques rayons de soleil se sont profilés. Je suis partie prendre l’air, pas si loin, juste entourée de gens biens, d’amis qui sont capables de danser sur de la pop commerciale et de te dire merci parce que tu as allumé un feu avec du bois humide. J’ai réussi à l’allumer, ce feu, même si c’était pas gagné, on l’a fait à huit mains, une frontale et la lumière d’un smartphone, et c’était bon de se réchauffer au bord de ce lac, assis sur un tronc à 2 heures du matin.

Il y a eu des rencontres. Une soirée à faire de la balancoire et manger des nachos avec une fille adorable – les belles rencontres d’Internet. Et ça fait du bien, de pouvoir trouver un écho, parler de tout et de rien, de se dire « cette fille, ça pourrait devenir une amie ». D’autres soirées avec d’autres gens biens, des discussions musique jusqu’à 4h du mat, des amis qu’on serre fort dans ses bras parce que bon, nos jours sans sont finalement pas si graves rapport aux merdes qu’apporte parfois la vie.

Et puis des projets. Des projets pas si fous, mais après la dynamique qui m’a emportée pendant des mois pour la préparation de ce départ, j’ai eu un peu de mal à retomber dans le quotidien. Des projets d’appart, une proposition de coloc. Appart trouvé, coloc acceptée, j’ai presque envie de sautiller partout. Je déménage début Août. J’ai hâte, de pouvoir retrouver un chez moi, décorer, meubler, aménager cet espace blanc – voilà un an que je bouge sans cesse.

Dans une vingtaine de jours, ma période de rush au boulot sera finie. Ce sera l’été. Je prendrais un avion pour la France, Paris, Aix-en-Provence, revoir les gens, les lieux, les souvenirs, retrouver chez moi, me ressourcer un peu.

Au milieu des jours sans, il y a ces pointes d’éclaircies. Le soleil revient toujours, je crois, et même si ce matin c’était dur de reprendre le chemin du bureau, j’y suis arrivée, ma to-do list de la journée est pratiquement finie, et je vais rentrer chez moi avec le sourire.

Voilà. Ca faisait longtemps…

24 Comments

  1. C’est bien vrai, tout n’est pas toujours tout rose et il faut s’accrocher aux rayons de soleil 🙂 Ton voyage en France te ressourcera et te rassura.

    Si jamais tu as envie de te changer les idées à Toronto, fais moi signe 🙂

    Bonne semaine ensoleillée.

  2. Je comprend ce que tu vis! Après les premiers moments d’excitation face à la nouveauté, il y a une periode de creux un peu dure. On a pas encore fait vraiment sa place et les amis et famille manquent cruellement surtout que eux n’ont pas arrete de vivre pendant ce temps là. T’inquiète pas, ca dure pas!!! Tu vas trouver ta place! D’ici là bonnes vacances en France!

  3. Je comprends parfaitement ce que tu vis. Et on le vit toujours et tous quand on est à l’étranger. Comme le dit Curiosités à NY, après l’excitation de la nouveauté, les émotions retombent et on est dans une petite pente. Mais ça remonte vite, ne t’inquiètes pas. Et parfois ça redescend puis remonte… Le temps de trouver sa place, de s’entourer des bonnes personnes (même si celles-ci ne remplacent jamais la famille et les amis de longues dates en France). Après presque 4 ans à Montréal… j’ai eu plusieurs phases comme celle que tu décris. Et puis ça passe… 😉 Bises

  4. Il y a des jours sans et des jours avec je suis bien d’accord et puis souvent quand c’est pas évident on pense que les petits malheurs sont insurmontables alors accroche toi bien je parle en connaissance de cause!
    Ps: tu habitais où depuis ton arrivée? Et oui comme Jasmin si tu passes par Toronto tu peux le faire signe aussi 😉

    1. Je suis en coloc avec une Québécoise, ça se passe bien mais c’était prévu que ce soit temporaire 😉 (je remplace sa petite soeur qui est en Europe)
      Donc c’était parfait le temps de m’installer, mais hâte d’avoir un « vrai » chez moi!

  5. J’ai lu, j’ai aimé les mots employés et la mélancolie qui se dégage de ton texte. Mais voilà, ce n’est pas un texte, mais de vraies émotions que tu décris, et pour çà, je ne peux que te dire qu’il y a effectivement des jours sourires que l’on est heureux de retrouver surtout en sortie de jours pluie…

  6. <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3 <3

  7. Les jours sans, on ne les comprends pas toujours mais ils sont bien là tapis dans l’ombre à nous gâcher l’existence. Le soleil commence juste à les chasser mais je te comprends car mes jours sans ont été nombreux et m’ont scotché sur place.
    Plein de bisous jolie Lane <3

    1. Bon courage à toi aussi ! (tu vois mes jours sans sont loin des tiens … tu fais partie des gens/choses qui me rappellent que j’ai pas vrais soucis et que faut profiter de la vie!)

    1. Ahah. C’est ma BO du moment. Ya sûrement un peu d’eux dans ce texte d’ailleurs…

      Nique sa mère le blizzard, c’est ça qu’on dit ? 😉 (et ils sont en concert ce soir à Montréal !!!!!)

      1. Haha oui j’ai un peu senti l’inspiration j’avoue 😉 Perso écouter l’EP en arpentant les rues de Londres est un de mes kiffs du moment. Cool pour le concert, je désespère pas qu’ils viennent jouer dans le coin un de ces 4 🙂

  8. Arff les jours sans et avec, j’en ai connu a mes debuts en GB (ou internet n’existait pas encore!!!). C’est bien d’avoir une colloc, ca permet de papoter plutot que de ruminer tte seule. Mais je te comprends vivement ton chez toi: home sweet home. Et puis l’arrivee des beaux jours fera remonter le motal. Courage and keep posted 🙂

  9. Je pense qu’on passe tous par la, expatriation ou non. Il y a toujours des jours ou ca va pas, ou rien ne va, ou tout s’accumule et la seule hate que l’on c’est de se blottir sous la couette avec un bon chocolat chaud/the/cafe et de se laisser aller. Et je me suis toujours dit que se laisser aller c’etait normal un certain temps, ca permet une remise en question, une petite analyse … mais il ne faut pas que ca dure trop. C’est normal de pleurer un peu, de tout laisser mais l’important c’est de se relever, se mobiliser et de ne pas baisser les bras. Les jours sans ils sont toujours la tapis dans l’ombre a nous attendre au tournant, il faudrait pas qu’on soit trop heureux quand meme sinon ca serait pas drole la vie. mais j’aime que tu y vois des eclaircissements dans ses jours sans, ces petits instants de bonheur qu’on cueille douement au creux de la main et qu’on garde jusqu’a ce qu’on en attrape un autre, qui finissent par chasser les jours sans.
    Tu as de tres jolis mots comme toujours.

    Des bisous !

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