Au quotidien

la (nouvelle) coloc.

Ca y est, j’ai une coloc. A nouveau, je devrais dire, parce que c’est ma (… laissez moi compter…) sixième colocation. Sur les onze appartements dans lesquels j’ai vécu en 8 ans. Puis hors colocation, j’ai quand vécu deux fois en couple. Fait qu’à part un an à Paris dans un 16m² et les trois mois qui viennent de s’écouler, j’ai pratiquement jamais vécu seule.

C’est pas que j’aime pas vivre seule, hein, je veux dire, ça a ses avantages. Se promener à poil comme on veut. Mettre la musique très fort et chanter faux dans sa cuisine. Faire la déco à son goût sans demander son avis à personne. Laisser la porte ouverte quand on est sur la chiotte, et laisser traîner la vaisselle sale pendant 3 jours dans l’évier. Recevoir des gens à dormir sans avoir besoin de prévenir – ni se restreindre d’être bruyant. J’aime ça, pour tout dire j’ai même failli vivre seule quand j’ai quitté mon précédent appart (NB: ça s’est très bien passé avec ma précédente coloc, juste c’était prévu depuis le début que je reste que 6 mois, car je remplaçais la petite soeur en semestre à l’étranger).

La vérité, c’est que c’est vraiment cool de partager son chez soi, d’avoir quelqu’un avec qui discuter, glander devant des séries sans se sentir trop coupable (parce qu’on est deux à faire ça), cuisiner et partager les repas, et avoir un appart immense pour un prix dérisoire. Enfin, c’est comme tout, vaut mieux vivre seule qu’avec un coloc hippie geek dégueu (true story), ou partager un appart où on se sent pas vraiment chez soi. Mais quand on trouve des gens avec qui ça se passe bien, la coloc, c’est vraiment génial.

C’est toujours un risque à prendre, de vivre avec quelqu’un. Si c’est un(e) super ami(e) et que tu découvres que t’as pas du tout le même mode de vie, ça peut briser une amitié. Si c’est quelqu’un que tu connais pas, y a aussi le risque d’incompatibilité de caractère, de notions différentes de rangement, de propreté, d’espace, d’intimité, voire de confiance. Alors on peut bien en discuter avant et savoir si l’autre est du genre à fumer un paquet de clopes par jour dans le salon (en laissant les mégots), ou s’il/elle est un(e) gros(se) maniaque de la propreté (mais on peut vivre avec une maniaque, la preuve, je l’ai fait et je suis toujours vivante), c’est toujours difficile de savoir si l’autre est capable de nettoyer ses poils au fond de la baignoire, ou supporter qu’on ait une vie sexuelle dans la chambre à côté. C’est des ajustements de chaque jour, parfois mettre clairement les choses au point. Rien de pire qu’une tension pas exprimée dans un appartement…

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Voyages

meet me there

“J’ai toujours aimé le désert. On s’asseoit sur une dune de sable. On ne voit rien et cependant quelque chose rayonne en silence. Ce qui embellit le désert, dit le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part.”

– Antoine de Saint Exupery

Je ne suis jamais allée dans le désert. Je veux dire, jamais vraiment. J’ai traversé la Death Valley, il y a longtemps, lors d’un road trip en famille dans l’Ouest américain. J’ai touché des yeux les dunes du Sahara, en Tunisie, il y a pas mal d’années. J’ai pris la route qui vacille au milieu du Désert des Agriates, en Corse, qui n’est pas vraiment un désert.

Je fantasme peut être, mais il y a là quelque chose qui m’attire. L’immensité du vide. La chaleur, ou le froid, là où se rencontrent les extrêmes.  Le sable, la poussière, l’aridité d’un paysage dans lequel toute erreur est fatale. Le soleil qu’on voit se lever et se coucher sur un même horizon. Le temps, ralenti, différent.

Cet été, j’ai fait une rencontre. Plusieurs, je pourrais dire, mais c’est difficile à expliquer. Cet été, j’ai réalisé qu’il y a quelque part où je veux aller. Parmi les centaines de destinations qui occupent l’espace de mes envies, celle-ci a soudain pris une dimension réelle, au travers de ceux qui en sont revenus, qui m’ont raconté, à cause d’une cabine téléphonique improbable perdue au milieu du désert, peut être aussi.

C’est un lieu isolé, coupé du monde réel, quelque part au milieu d’un état de l’Ouest Américain. Un lieu fantôme, qui n’existe que dans l’esprit de ceux qui l’occupent, et prend racine seulement 10 jours dans l’année. Un lieu utopique, je crois, mais qui semble pourtant réel, perdu au milieu de la dust, durant lequel on croise des véhicules fantasmés, des formes étranges, des gens colorés, et un homme de bois.

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Au quotidien · Intime & Réflexions

les habitudes

On a tous des habitudes. Des petites, ou des grosses, des mignonnes, des plus chiantes, des bonnes ou des mauvaises.

Je veux dire, c’est pas notre faute, on a été élevés comme ça. Lave toi les dents. Mets pas tes coudes sur la table. Accorde la couleur de tes chaussettes à ton t-shirt. Et j’en passe. Et puis il y a celles qu’on s’est créées touts seuls, comme des grands. La façon de manger ses Petits Beurres, en commençant par les coins, et de décoller les Prince pour lécher le (faux) chocolat dedans. De tartiner nos tranches de pain, plus ou moins près du bord. De pas marcher sur les lignes des trottoirs, parce que ça porte malheur. Comme croiser et pas se regarder dans les yeux quand on trinque. Il y a les habitudes du quotidien, repousser le réveil une fois, deux fois; mettre mon chat sur Instagram au réveil; boire mon thé en arrivant au bureau le matin. Les habitudes de coller des smileys partout, de me bouffer l’intérieur de la bouche, de dire ‘pute‘ quand quelque chose m’énerve, d’aller pisser toujours dans le même toilette au bureau.

#chatdumatin

On dit aussi, les mauvaises habitudes. Et puis les habitudes tuent le couple. Parce que dans la tête des gens, on dirait que les habitudes, c’est un truc qui te plombe, un truc qui t’amène à l’ennui et à toujours la même chose et qui va finir par te bouffer tout cru (ou c’est ton chat qui le fera). Et même si oui, les habitudes naissent de la répétition d’un geste auparavant banal qui devient une chose qu’on fait sans plus y penser – par réflexe -, et bien je suis pas d’accord sur le principe de dire que les habitudes amènent à l’ennui. Continue reading « les habitudes »

Montréal, Québec

I love you Montréal

Il y a un an, je prenais la décision de quitter la France pour le Québec, et plus particulièrement cette ville, Montréal. Il y a un an, je n’en connaissais pas grand chose, si ce n’est rien. Les avis des amis qui disaient tu verras, Montréal, c’est génial. Tu vas aimer. Tu vas t’y plaire.

J’espérais. Je voulais y croire. Comme on croit quand on a plus que ça.

Il y a un an, je prenais la décision de quitter ma vie pour l’inconnu, quitter mes amis, ma famille, m’éloigner des gens qui comptent pour aller voir plus loin. J’avoue que je n’espérais plus grand chose – j’étais dans une période où je n’avais pas d’autre option que d’aller de l’avant. J’attendais tout et n’importe quoi, pourvu que ce soit différent, pourvu que je change d’air, que je puisse reprendre une vie, autrement.

Il y a un an, je ne savais pas vraiment où j’allais, mais c’était comme ça. Un quelque chose au fond de moi qui savait, depuis longtemps, une envie cachée pas loin qui s’exprimait enfin. Ca a été long; l’attente, les mois de chômage, le PVT, la préparation. Un an, je n’ai jamais douté. J’ai eu peur, oui, je me suis souvent demandé si j’avais bien fait de dire non à cette proposition de job à Bordeaux, si j’avais pas complètement déconné en quittant une vie toute tracée avec quelqu’un qui m’aimait plus que tout pour un avenir incertain. Bien sûr que je me suis remise en question, que j’ai eu des moments de vide, des moments de flou, où je ne savais plus rien. Et puis j’ai posé le pied sur le sol Canadien, armée de mon Visa, de trois (trop) grosses valises, et de mon envie d’avancer.

Je n’ai pas eu un seul jour de regret. Pas un seul jour de doute. Pas un seul moment à me demander ce que je foutais là. On m’a souvent demandé si j’allais rentrer. Pour retrouver quelqu’un. Pour retrouver ma vie. Pour mes amis. pour le vin et le fromage. N’importe. Je sais que la réponse parait étrange et même brutale pour certains, mais la réponse est non. Aujourd’hui, ma vie est ici. Montréal est une évidence, cette ville m’a dans la peau, je suis tombée amoureuse et c’est elle qui passera avant tout – pour le moment du moins. Tombée en amour avec la ville, la culture, la mentalité, les gens. Oui, même les Français que je rencontre ici – parce que je crois au fond que si on s’était rencontrés à Paris, tout aurait été différent. Amoureuse de cette sensation de liberté qui est là, en moi, l’envie de vivre à fond, au présent, sans me poser de limites ni de questions. Et même si les amis me manquent, même Skype, les mails/text messages et le téléphone ne comblent ce vide que modérément, même si tout n’est pas rose et que je me souviens parfois que je suis là avec un Visa d’un an, en probation, je ne doute pas. Je voudrais dire à tous, venez, passer deux semaines ici, pour comprendre. Cette vibration. Cette ambiance. Cette lumière, cette putain de lumière sur la ville, et ces ciels immenses, et les arbres, partout.

Montréal m’a changée. Cette année m’a changée. C’est bon de le dire, je ne renie pas tout ce qui s’est passé avant – car ça m’a permis d’être là, aujourd’hui – mais c’est là. Alors peut être que la ville n’y est pour rien, et peut être simplement que l’éloignement – la rupture concrète avec ma vie d’avant – m’a permis de libérer certaines choses, d’oublier certaines peurs, de trouver ce putain d’équilibre pourtant si instable. Peut être que c’est juste une question de moment, de rencontres, de ressentit, mais putain c’est là, et ça vibre en moi.

J’ai 27 ans, et parfois l’impression d’en avoir 15 à nouveau, sans la peur de souffrir – et c’est merveilleux je crois. Alors la tête dans la musique du Piknic Electronik, les yeux perdus sur la ville qui doucement s’allume, je peux le dire – le crier peut être – et même si c’est indécent – Je t’aime, Montréal. Que notre histoire ne s’arrête pas…

Voyages

j’ ai mal à Marseille

Peut être le savez vous (ou pas, si vous êtes arrivés ici il y a peu), mais je suis originaire du Sud de la France. Je suis née à Aix-en-Provence, et j’ai grandi (et vécu la plus grosse partie de ma vie) dans un village entre Aix et Marseille. Après avoir fait mon lycée et ma prépa à Aix, j’ai intégré une école de commerce à Marseille (Euromed / KEDGE pour ceux que ça intéresse), où j’ai passé deux ans.

Lorsque je suis arrivée à Marseille, je connaissais très mal cette ville. On y allait parfois avec mes parents quand j’étais petite (surtout aux plages du Prado et aux Calanques, et tout ça me paraissait très loin), et plus tard lorsque j’ai eu l’âge de sortir toute seule, j’allais plus souvent à Aix qui était plus facile d’accès en bus, plus petit, et où tous mes amis sortaient. Pour avoir vécu à seulement 20 km de Marseille pendant 20 ans, j’avais pourtant un sentiment d’insécurité en y allant, et si je n’avais aucune crainte lorsque je m’y suis installée, j’étais contente de ne pas être très loin d’Aix et de chez mes parents.

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Chroniques

la musique.

Je n’arrive jamais à me souvenir quel était le modèle de la voiture de mon père. C’était une Peugeot, ça j’en suis sûre. Une Peugeot berline grise, sièges gris, tableau de bord anthracite, quelque chose dans le genre. Plus tard, il a eu une 406. Break, grise, sièges gris, tableau de bord anthracite. C’était ma mère qui avait des Renault. Comme un hommage à l’industrie automobile française.

Chaque été, on partait en vacances. Souvent, c’était pour faire du camping, ou aller dans un gîte. On partait au ski l’hiver, en colo l’été, et à l’étranger à Pâques ou à la Toussaint, alors avec mes parents, en Juillet, c’était des vacances plus cheap. On a fait toute la France, ou presque. La Corse, de nombreuses fois, les Alpes, les Pyrénées, l’Alsace, où nous avons une maison de famille, l’Auvergne, les Landes. Parfois même on montait jusqu’à la Vendée, faire un coucou aux cousins à l’Ile de Ré. On en faisait des kilomètres d’autoroute, du Sud au Nord, par la vallée du Rhône, à l’Ouest en passant près de Toulouse et Carcassonne, et puis ce périple de 99 où on a traversé de l’Alsace à la Charente Maritimes. C’était l’été de l’éclipse. Même qu’on l’a regardée au bord du Rhin…

Le reste de l’année, il y avait ces petits trips. Une heure ou deux, pour aller dîner chez des amis, randonner dans le Luberon, visiter l’arrière pays Cannois. On en a fait, des heures de voitures, MonFrère et moi coincés à l’arrière, mon père au volant. On avait nos habitudes. J’étais derrière à droite, Nico à gauche, chacun derrière nos parents. Et puis il y avait les CDs.

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Intime & Réflexions

de la féminité

(Il y a un bout de temps maintenant,) il y avait cet article, chez Camille, où elle parlait de la féminité, ou plutôt de son rapport à la féminité.

N’allez pas croire que je suis devenue obsédée par Camille depuis que ça va être ma nouvelle roomie, non, d’ailleurs à l’époque de cet article je sais même plus si on était déjà futures colocs ou pas encore. Mais on s’en fout.
Bref.

Donc y avait ce post où Camille parlait de sa féminité. Ou plutôt de sa « non » féminité. Et j’avais envie de réagir. D’écrire un truc moi aussi, parce que je suis pas vraiment d’accord quelque part. Que ya une notion qui m’échappe à un moment, quand on dit « les robes, c’est féminin ». Et alors ? Je vais pas te faire une apologie du féminisme et de l’égalité homme-femme (ce serait mal me connaitre), mais on va essayer d’en parler.

Je suis féminine. Enfin, je crois. Si on prend tous les clichés sur les filles, je suis en plein dedans.

Je suis menue, les cheveux longs, le visage fin. J’ai 40 paires de chaussures, majoritairement à talons. J’ai une armoire remplie de robes et de jupes et de collants, et d’ailleurs l’été c’est difficile pour moi de porter autre chose (sans les collants) (ça on garde pour l’hiver) (oui, l’hiver, je porte des jupes et des robes aussi, parce que ya pas de raison). J’ai une collection de culottes qui me fait un peu peur parfois, des tas de colliers, une 20 aine de vernis, je sors très rarement sans être maquillée. Oui, j’aime jouer avec les codes de la féminité. J’aime ces atours, ces accessoires, ce jeu de se transformer chaque jour – celui ci avec une mini jupe et des escarpins de 12 pour voir le monde de plus haut, le lendemain en jean baskets sweater parce que j’ai la flemme. A ce sujet, il y a cette citation que j’aime beaucoup (et qui pourrait tout à fait s’appliquer à l’autre sexe):

Lorsqu’une femme dit « Je n’ai plus rien à me mettre », ce qu’elle veut vraiment dire c’est « il n’y a rien ici pour celle que je suis supposée être aujourd’hui ». Continue reading « de la féminité »