Intime & Réflexions

les jours sans

C’est beau d’écrire sur le positivisme et l’optimisme, mais il y a des jours où on a plus de mal à appliquer ses principes. Des jours gris où le ciel pèse sur la ville, pleure des milliards de gouttes humides sur les arbres, les trottoirs, les parapluies des gens.

Des jours qui parfois s’accumulent comme un collier de perles sombres qui pèse sur nos épaules, le regard inexorablement attiré vers le sol, le corps lourd et le coeur aussi.

Ces jours sans, il commence à y en avoir beaucoup. Des jours qui se suivent et se ressemblent, semaine ou week-end, il n’y a que trop peu de choses pour rompre la monotonie de ces heures qui se dessinent, aussi floues et brumeuses que celles qui viennent de s’écouler.

Des jours remplis de vide.
Des jours sans soleil, sans chaleur, de ce gris immuable qui recouvre l’île, nous oblige à ressortir écharpes et manteaux, le corps emmitoufflé dans ces bandages de fortune.
Des jours sans envie, sans motivation, car rien ne réussit à briser la litanie des paysages qui se profilent.
Des jours sans ceux qu’on aime, des jours où Skype et le téléphone ne sont que des erzatzs sans goût et sans odeur – une maigre consolation qui rappelle la distance, dure, froide, violente. Des jours à observer la vie des autres dans le bocal du web 2.0, réaliser que ça y est, on ne fait plus partie de leur quotidien.
Des jours sans sourire. On s’y essaye parfois, lorsque le vin coule, lorsqu’on sociabilise, avec un semblant d’envie d’y croire, pour rire un peu le temps d’une soirée durant laquelle, au final, on s’ennuie.

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Montréal, Québec · Voyages

à la recherche du burger presque parfait (épisode 1)

Après une semaine encore bien chargée et avec le moral dans les chaussettes (vous avez de la chance, mon emploi du temps trop rempli vous a évité un post dépressif), j’ai enchainé sur un week-end « en chalet » dans les Laurentides. Je reviendrai sur le concept, car le sujet de ce post n’est pas le chalet, mais la bouffe. En une semaine, j’ai donc mangé… quatre burgers. Oui oui oui. mon équilibre alimentaire se porte bien, merci.

Quatre burgers, donc, dont deux durant ce fameux week-end, qui m’ont fait réaliser qu’en quatre mois à Montréal, je n’ai toujours pas partagé mes « bonnes adresses » locales. Et il y a deux « spécialités » Nord Américaines qui peuvent compétiter (du verbe compétiter) haut la main avec la gastronomie française: le grilled cheese, et le burger.

Bon ok, le mac’n’cheese se défend bien, mais on va garder ça pour plus tard.

Côté grille-cheese, j’avoue avoir choppé THE technique dont je vous parlerai plus en détail si je me motive un jour à reprendre mon blog cuisine. Côté burger, je ne me suis pas encore lancée dans l’expérience à la maison, mais j’ai commencé à tester quelques adresses… Continue reading « à la recherche du burger presque parfait (épisode 1) »

Intime & Réflexions

des milliers d’étoiles

Je me considère comme une fille chanceuse. Je veux dire, globalement, dans ma vie, je n’ai jamais été confrontée à des situations graves, je suis née et j’ai grandi dans une famille aimante, avec des parents qui m’ont entourée et soutenue, qui m’ont donné une certaine qualité de vie et qui m’ont permis de faire de bonnes études. Je n’ai jamais eu de problèmes d’argent, je gagne plutôt bien ma vie, j’ai un job intéressant. Je n’ai pas non plus eu de problème de santé graves, pas de maladie incurable, d’os cassés, ou d’accident. J’ai vécu de belles histoires, j’ai aimé, j’ai été aimée, et si ça n’a pas toujours marché mes histoires se sont en général pas trop mal finies.

Et puis il y a ces autres trucs, ces petites choses « en plus » qui font que j’estime avoir une bonne étoile. J’ai parfois fait des choix qui auraient pu être des grosses erreurs, mener à des situations pourries, ou me mettre en danger. Il ne m’est jamais rien arrivé. Les choses ont pour la plupart du temps tourné en ma faveur, même si ça n’était pas gagné au départ, même si ça n’était pas un choix – par exemple, je suis arrivée en école de commerce par hasard, partie pour faire Science po, je n’ai pas été prises en prépa BL (hypokhâgne pour les S) et j’ai atterri en prépa ECS. Au final, je me suis éclatée dans mes études, et j’ai (encore une fois) eu la chance de trouver ma « voie » en faisant mon stage dans un boite de comm’ web.

Des histoires comme ça, de mauvaises décisions, de chemins que j’ai pris un peu par hasard et qui m’ont mené à quelque chose de bien, j’en aurais des tas à raconter. Comme le disait Camille dans ses mondes paralèlles, il y a toujours cette idée de « et si ». Oui, je pense que j’aurais été heureuse dans un autre domaine professionnel, j’aurais aussi trouvé quelque chose qui me plait si j’avais fait d’autres études, qui sait. C’est là que je me dis que finalement, la « chance » est aussi une question d’attitude vis à vis de ce qui nous arrive. Les choses nous tombent parfois dessus sans qu’on s’y attende, mais on peut provoquer les occasions – ou du moins les prendre, transformer ces imprévus, ces hasards et ces non choix en quelque chose de positif.

J’avais envie de rebondir sur l’article d’Anne So à ce sujet, car il y a cette phrase qui m’a complètement parlé: « je me suis rendue compte également que je percevais tout ce qui arrivait comme une opportunité ». Voilà.

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Chroniques · Montréal, Québec

la deuxième porte au fond à gauche

Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais cette semaine, à Montréal, on a été en avis d’ébullition. Alors non, ça veut pas dire qu’on crève tellement de chaud qu’on bout sur place (ce serait super dangereux quand même…), mais qu’on avait plus le droit de boire l’eau du robinet sans l’avoir préalablement fait bouillir pendant au moins 1 minute. Paraîtrait que l’eau d’une des usines de traitement se serait mélangée à des sédiment du fond de la cuve, fait que (expression Québécoise) la moitié de l’île de Montréal a été privée d’eau potable par mesure préventive.

C’est vachement pratique, je t’assure, de faire bouillir son eau. Tu veux un thé, tu pars avec ta bouilloire et ton chronomètre pour être sûre de pas t’intoxiquer. Si tu veux boire de l’eau froide, c’est encore plus simple – y a plus qu’à attendre que ça refroidisse. Puis bon, pour laver tes légumes et cuire ton riz avec de l’eau de source (Eska), c’est pas terrible.

Heureusement, on a quand même eu le droit de prendre des douches et se laver les dents, sous réserve qu’on recrache bien l’eau qui va dans notre bouche (tu m’as vue boire l’eau qui sort de la tuyauterie pourrie de ma douche… ?). Je vous rassure donc, ça ne s’est pas mis à puer dans le métro à cause des gens pas lavés.

Mais bref, c’est pas vraiment le sujet. Je voulais vous parler d’un changement apparu dans ma vie depuis quelques mois. Depuis que je suis arrivée ici en fait. Ca fait donc trois mois et demi, bientôt quatre, et ça commence à devenir un truc quasiment normal. Si j’en parle ici, c’est que c’est une question d’hygiène assez importante, et que ça m’inquiète un peu – je vais rentrer en France cet été, pas longtemps, juste une grosse semaine, mais suffisamment pour avoir l’occasion d’oublier ce réflexe de survie pourtant simple.

Voilà, depuis que je suis à Montréal, lorsque je vais aux toilettes dans un lieu public, je m’assois directement sur la cuvette.

image issue de l’excellent blog Tu Mourras moins Bête Continue reading « la deuxième porte au fond à gauche »
Intime & Réflexions

lettre à mes 16 ans

Lorsque La Défraîchie a écrit sa lettre à sa moi de 16 ans, j’ai adoré le concept. Et puis Ginie a suivi, et Fanny, et d’autres. Alors bon ça fait un peu suiveuse, mais on s’en fout non ?

Chère moi de 16 ans, 

Je sais, tu peux me regarder de haut, à te demander qui c’est cette vieille fausse rousse à lunettes qui vient te donner des leçons. Et t’as raison, je commence à être un peu vieille, et surtout je suis très mal placée pour te dire quoi faire. J’ai peut être dix ans de plus, pourtant je me souviens très bien de l’adolescente que j’étais à ce moment. Alors voilà, rien ne t’empêche de croire tout ce que je vais écrire, mais ce sera dit. 

C’est donc ton moi de 26 ans qui t’écrit. 26, bientôt 27, ça fait pas une grande différence. Tu verras, en grandissant le temps passe plus vite, et toi qui voudrait tout de suite être adulte – avec la peur que ça arrive, pourtant – je peux te dire que ça vient vite. Ou plutôt, non. On se réveille un jour et on est « grande », et c’est pas pour autant qu’on est adulte. La limite est même très mince – une question de salaire, de responsabilités et de choix, je crois. 

26 ans, ça va arriver vite. Mais tu as le temps. Note bien cette phrase, c’est important. TU AS LE TEMPS. Pas besoin de te jeter dans toutes les expériences parce que tu veux les vivre avant qu’il soit trop tard. Mais trop tard pour quoi ? Chaque chose viendra en son temps. C’est pas parce qu’on a passé la vingtaine qu’on sait plus s’amuser, profiter, ressentir, que la vie est terminée. A ce propos, ton état qui fait que tu ressens tout à 2000 et qu’un rien te bouscule, c’est normal. Ca s’appelle l’adolescence. Profite, c’est beau. Même si ça fait mal parfois, c’est la vie. Ca permet aussi de grandir, de se construire, d’apprendre à se protéger. 

Te protéger, tiens. Je sais que t’as une bonne étoile, mais fais quand même attention. L’année prochaine, ta terminale, ça va être une des pires années de ta vie. Mais aussi une des plus belles. Celle de tes plus grosses expériences, de celles qui vont marquer beaucoup de ce que tu vas devenir. Alors vis la à fond, ok, mais déconne pas. T’es belle, tu le vois peut être pas dans les yeux des autres, mais t’as pas besoin de porter des mini jupes et parler de cul trop fort pour plaire. Ca viendra avec l’âge, tu vas tomber amoureuse, souvent, et tu vas aussi briser un tas de coeurs. Oui, t’es amoureuse de deux garçons en ce moment, mais c’est des choses qui arrivent, et c’est pas non plus la fin du monde – quelle idée t’as eu de t’accrocher à un mec qui vit à Paris aussi… A ce sujet, Antoine, ce sera ton premier grand amour, mais pas l’amour de ta vie (s’il existe). Alors c’est pas grave si tu le vois pas aussi souvent (tu diras merci de ma part à nos parents pour le sponsor TGV), et lâche ton téléphone un peu. Quant à Tristan, tu l’oublieras très vite. Alors ça sert à rien de te faire des films.

Je pourrais te donner d’autres conseils. Te dire de bosser un peu plus ton bac français – non, tes 17 en écrit d’invention au bac blanc ne vont pas continuer, et tu devrais relire tes fiches sur Don Juan – ou d’arrêter de discuter en maths avec Gus et écouter un peu plus. Mais c’est peut être mieux comme ça, finalement. Car non, tu seras pas architecte, et tu feras pas non plus Science Po – tu peux remercier ta note de bac français, justement. Et puis tu vas aimer la S, avec le recul, parce que même si t’es frustrée de pas avoir fait Eco, la physique-chimie, c’est passionnant. Tu feras de l’éco plus tard, et même du marketing. Continue à glander sur Internet aussi, juste ce qu’il faut, à tenir ton blog. Ca va te sembler un peu fou, mais dans quelques années, tu en feras ton métier. Et puis garde tes envies de voyage, c’est un bon plan. 

Aussi, sois un peu plus cool avec ta mère, elle est peut être un peu envahissante, mais elle mérite pas ce que tu lui fais subir et tout ce que tu lui balances. Un jour elle sera là aussi pour te consoler, lorsque tu auras ton premier vrai chagrin d’amour, et pas que pour ça. Et puis ton père, juste pour info, il va te payer ton permis (si tu pouvais éviter de déconner là dessus par contre…), un appart, des études, et tu seras toujours sa petite fille chérie. Alors vas y mollo. Tu peux les rassurer, passé la crise d’adolescence, tu vas faire de longues études, trouver un job, réussir dans la vie (et laisser tomber les relations à distance). Et pour ton frère aussi – non il aura pas « tout juste la moyenne » toute sa vie, figure toi qu’il va devenir banquier, et qu’il aura du succès auprès des filles. Un jour tu seras vraiment contente de les avoir comme famille, tu seras loin, ils te manqueront.

Voilà, je suis un peu nulle pour les conseils, tu vois. Peut être parce que même ce que t’aurais pu faire autrement, ça a amené à quelque chose d’autre, et que je regrette pas grand chose de ma vie et de mes choix aujourd’hui. Continue de grandir, de découvrir, de ressentir. Sois pas si triste de perdre tes amis, tu en retrouveras d’autres, et puis les vrais resteront. Pour l’amour, c’est pareil. C’est pas grave de tomber amoureuse, au contraire. C’est fort, c’est grand. Faut juste que t’apprennes à pas t’emballer trop vite, à pas trop attendre non plus, à être moins exigeante. T’es une fille bien, tu vas mettre du temps à le comprendre, heureusement tu vas croiser le chemin de gens qui t’aideront à le voir – qui feront de toi quelqu’un de meilleur encore, avec tous tes défauts. Laisse les venir, ces gens, laisse les entrer dans ta vie.

Surtout, n’arrête jamais d’écrire. N’arrête jamais de rêver. Ne cesse jamais d’espérer, d’y croire, et donne toi les moyens d’y arriver. Si tu veux, tu peux, tout est entre tes mains. Ta vie, ce que tu veux être, c’est à toi de le décider…

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Montréal, Québec · Voyages

la Mauricie en vert, bleu et gris

Il y a un peu moins d’un mois, le printemps est arrivé à Montréal. Depuis il s’est installé avec des hauts et des bas, des semaines de chaleur écrasantes qui ont été suivies par des journées à seulement quelques degrés. Ce week-end là, ça faisait presque trois mois que j’étais ici sans être vraiment sortie de l’île de Montréal à part pour trois jours à Toronto – qui n’est pas ce qu’on appelle une ville « nature ». J’avais besoin de grand air, d’espace, d’arbres, de lacs, de verdure. Il faisait beau, alors on a décidé de louer une voiture, de se trouver un endroit pour dormir, et de partir voir ailleurs si c’est joli.

Le choix s’est porté sur le Parc de la Mauricie. A seulement 170km de Montréal, ça nous évitait de passer la journée sur la route, et puis j’étais tombée sur un article de Lili qui m’avait vraiment donné envie. J’ai réservé un bed&breakfast, embarqué un jean, des lunettes de soleil et mes chaussures de marche dans un sac à dos, et on est partis.

Sur la route, on s’est arrêtés à Trois-Rivières, une ville située à mi-chemin entre Montréal et Québec, sur les bords du Saint Laurent. C’est un joli petit port, sans vraiment d’attrait mais mignon. La ville doit son nom à la rivière Saint-Maurice qui se jette à cet endroit dans le fleuve Saint-Laurent, formant deux petites îles – et donc trois « rivières ».

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Intime & Réflexions · Montréal, Québec

partir, c’est mourir un peu

Avant toute chose, je tiens à dire que je ne suis pas d’accord avec cette phrase. Alors oui, si on lit le poème d’Edmond Haraucourt dans son intégralité (je vous rassure, comme tout le monde je connaissais la phrase mais pas son auteur ni le texte en entier: Google est mon ami), on comprend un peu mieux ce qu’il a voulu dire, mais bon.

Venons en au fait.

Lorsque je suis arrivée au Canada, un ami (français, expatrié ici depuis 4 ans) m’a dit: « tu verras, tu vas prendre l’habitude de dire au revoir, et c’est pas toujours facile de voir partir les gens ». Sur le moment, j’ai rigolé, je lui ai dit t’es gentil, mais j’ai pas mal bougé, changé d’amis, des gens qui ont été importants un moment et ont disparu de ma vie, j’en ai eu des tas. Et puis j’ai récemment expérimenté la chose. Et j’avoue que je comprends mieux. A Montréal, les Français sont souvent là en CDD: PVT, expérience, stage, études. Il y a ceux qui repartent parce qu’ils ont fait leur temps, ceux qui n’ont pas réussi à renouveler leur Visa, ceux qui ne passent pas l’hiver, et d’autres.

Alors oui, dans n’importe quel endroit on a toujours des gens qui partent, qui quittent Paris pour la Province, ou ailleurs. Mais lorsqu’on est entouré d’expatriés, le turn over est un peu plus fréquent.

Dans deux mois, un autre de mes amis va quitter Montréal. Ca fait 7 ans qu’il est au Québec, d’abord pour les études, puis pour le boulot, et pourtant il a décidé de rentrer, pour reprendre des études et se rapprocher de sa famille. Parmi ceux qui restent, il y a celui dont la mère est malade, celle dont la soeur a accouché, ceux dont les amis se marient. Ici, notre famille, c’est les amis, les autres expatriés qui comme nous ont décidé de quitter leurs proches pour refaire leur vie.

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