Au quotidien

quelque chose de bleu

bouquet

La semaine dernière, je me suis mariée.

Je fais les choses un peu à l’envers, je sais. Dans la vraie vie, on annonce son mariage avant. Genre vraiment avant (un jour faudra qu’on m’explique #lesgens qui préparent leur mariage 2-3 ans à l’avance) (genre même les concerts de Madonna sont pas bookés aussi en amont) (tsé, c’est un mariage, pas l’organisation de la Coupe du Monde, les gens vont être contents malgré leur nuit au Formule 1…) (bref je m’égare). À l’avance, donc. On prépare. On fait un budget, un plan de match. On envoie des faire-parts, on partage sa préparation, les indécisions de robes, le traiteur, la couleur des macarons, le discours du curé, les Power Point, le DJ. On fait des rencontres de familles, le plan de table, une liste de mariage. Et puis on stresse un peu, aussi, ou beaucoup. Enfin, je crois.

C’est à dire que je suis pas spécialiste, c’est ma première fois.

J’ai pas vraiment annoncé que je me mariais. J’ai trouvé ma robe chez Urban Outfitters, un coup de coeur, un essai, 80$, et j’ai finalisé ma tenue le jour J. Ya pas eu de cérémonie, ni de discours, encore moins de Power Point de photos embarrassantes de nous petits ni d’enterrement de vie quelconque, et pour la bouffe et le plan de table, c’était plutôt ambiance potluck que Moët&Chandon – venez comme vous êtes, mettez une chemise, et apportez un tupp ou un brownie. Avec tout ça, on a même pas eu le temps de stresser.

Si on regarde ça sous cet angle, soit c’était pas un « vrai » mariage, soit je suis une mauvaise mariée. Je penche pas mal pour la deuxième option, vu que la signature sur le papier, elle dit bien que ça y est, on est époux pour la vie, qu’on se doit respect-fidélité-soutien et que si je meurs, t’as la moitié de toute ma fortune, et la responsabilité de Dora. C’est pour vrai qu’on a des alliances avec pas-vraiment-nos-noms gravés dedans. Pour vrai qu’on s’aime comme on s’aime, avec des jokes débiles et sans modération. Pour vrai qu’on a dit « oui, je le veux » devant un notaire Breton et le Code Civil Québécois (cherchez l’erreur), même si j’ai éclaté de rire à ce moment parce que this shit has become real. Pour vrai qu’on aimerait très fort que ça dure, pour un bout, pour longtemps, pour toujours, qui sait. Alors une signature, ça change pas grand chose là-dedans, et puis ça change beaucoup, pourtant.

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C’était un soir de Février, je savais plus si je devais pleurer, faire mes valises ou sauter du balcon, et puis il m’a fabriqué une bague de fiançailles avec le machin en fer qui tient les bouchons de cidre. Alors j’ai souri parce que c’était la plus belle preuve d’amour qu’il pouvait me faire. C’était un vendredi d’Avril, il pleuvait, je portais une robe bleue et des escarpins, et lui des Vans et un noeud papillon, on a pris la voiture pour faire 300 mètres parce que ma témoin avait pas le goût de marcher en talons, on a mangé des crêpes avant, et bu du cidre après, et puis a célébré l’amitié franco-québécoise avec des mojitos et beaucoup de bière.

J’avais dit que j’écrirais pas là dessus. J’avais dit que j’en parlerai pas, c’était pas si important, ou un peu trop intime. Mais ya eu tout le reste. Ya eu tous ces gens réunis et tout cet amour, et ce moment où tu réalises à quel point tu es aussi amoureuse de ce pays que de ce barbu là, à quel point c’est beau, toute cette bienveillance. Ya eu des ballons, des gâteaux, un bouquet, des photos, une enveloppe surprise, un chat traumatisé, moins de ménage que prévu, 5$ de bouteilles consignées. Ya ce moment où je réalise que j’ai pas hésité. À aucun moment. J’ai dit oui. J’ai sauté. Sans douter. Ce moment où j’ai pris conscience qu’avec lui, j’ai plus peur de l’avenir.

Faque. C’était peut être pas le plus beau jour de ma vie, mais c’était assurément le premier jour du reste de ma vie. De ceux qui donnent un sourire et de la lumière dans le coeur, de quoi s’accrocher aux belles journées qui s’en viennent, et avoir le goût de recommencer, un de ces jours, avec  la famille et tous ceux qui manquaient.

Montréal, Québec · Voyages

immigrante

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Quand j’étais à l’école, en cours d’histoire-géo, on a appris la différence entre émigrer et immigrer. Émigrer : quitter son pays. Immigrer : arriver dans un nouveau pays. On notait les flux migratoires avec des grosses flèches de couleurs, et on apprenait l’histoire de tous ces peuples qui s’étaient baladés d’un continent à l’autre. Plus tard, j’ai étudié l’histoire des États-Unis, les différentes couches de population européennes, le commerce triangulaire, et l’hispanisation de cet immense pays via cette frontière poreuse avec le Mexique.

Pendant des années, en France, j’ai entendu parler de l’immigration. Des immigrants, ces méchants étrangers qui volaient le travail des gentils Français. L’immigration, avec la question de l’intégration, les plombiers polonais, les musulmans, et les discours radicalisés. La question des sans-papiers, des sans-abris, les arrestations, les extraditions. Les migrants qui traversaient la Méditerranée au péril de leur vie pour s’installer en France, ce pays où ils vivaient avec presque rien et trouvaient malgré tout de quoi pour envoyer une partie à leur famille, là-bas, en Afrique.

J’ai grandi à quelques kilomètres de Marseille. Dans ma classe il y avait Annaëlle, qui parlait Espagnol dans sa famille et qui avait une maison en Catalogne. Il y avait Idriss et Yanis, les beaux gosses à la peau bronzée. Il y avait Thomas, dont j’ai appris plus tard qu’il était juif et petit-fils de déportés polonais. Il y avait Maëva, métisse d’une maman vietnamienne, et d’un père espagnol. Et Myriam, qui faisait du scoutisme avec moi. Plus tard, j’ai travaillé avec Farah, qui rentrait au bled pendant les vacances. Malanto, au nom de famille imprononçable, dont on aimait à dire pour l’embêter qu’elle venait de Malgachie. Pelin, Turque. Dounia, Marocaine. Joseph, Libanais catholique dont la barbe et les cheveux l’auraient aisément fait passer pour un terroriste (ou, dans d’autres temps, un révolutionnaire Cubain). J’ai grandi au milieu de tous ces noms Italiens qui ne m’ont jamais semblé plus étrangers que les Espagnols, Arabes, Portugais, Asiatiques, Europe de l’Est, Juifs, et autres. Je n’ai réalisé le métissage dans lequel j’évoluais qu’en voyageant – l’Allemagne d’abord, puis  le reste de l’Europe, et bien sûr, le Québec. Ma mère s’appelait Venturini. Elle a du sang Italien, et Belge. Mon père est Français, de l’Est de la France – ce coin qui a changé de langue et de nationalité un bon nombre de fois au siècle dernier. J’ai fait des études où m’a parlé de la mondialisation, où on m’a formée à travailler dans un contexte multi-national, j’ai étudié en Allemagne, et c’était normal, et mes amis sont partis faire des stages au Panama, au Pérou, à Londres, en Chine.

Pour moi, l’immigration, c’était ces migrants d’Afrique qui se dépensaient toutes leurs économies pour traverser le détroit de Gibraltar dans un canot de sauvetage en espérant trouver une vie meilleure. Pour moi, les étrangers, c’étaient ceux qui ne parlaient pas ma langue, qui n’avaient pas ma culture. C’étaient pas mes camarades de classe, mes collègues de travail, ou mes voisins.

Et puis je suis partie. J’ai Émigré depuis la France pour Immigrer au Canada.

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Quand tu pars, dans ces conditions – faire un PVT sur un coup de tête, pour t’installer dans un pays occidental, aisé, où on parle français et anglais – à aucun moment tu t’imagines comme ces migrants entassés dans un camion avec un sac et un jean pour tout bagage. Quand t’arrives au Québec (à Montréal), on t’accueille les bras ouverts. Bienvenue ! te dit le douanier. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, on est là, dit la dame d’Emploi Canada qui te donne ton NAS (numéro d’assurance sociale – requis pour travailler). On réalise pourtant bien qu’en effet, malgré une langue à peu près commune, et une certaine culture partagée, on est dans un autre pays, à l’étranger. Et c’est normal, après tout – on a traversé l’Atlantique, on a beau partager quelques ancêtres (ces fous qui avaient décidé de quitter leur Normandie humide pour ce pays gelé la moitié de l’année), on est loin d’être en France. Et c’est bien.

Doucement, on s’acclimate. On découvre, on apprivoise. Ya plein de Français, ici, et le Québec voue une forme d’amour-haine au Vieux Continent, alors on se sent à la fois chez soi, et pas trop dépaysés, et à la fois dans une nouvelle vie. C’est grisant. On découvre cette terre d’immigration, à Montréal, ces quartiers multi-ethniques, où Latinos, Italiens, Vietnamiens, Maghrebins, Indiens et Haïtiens se côtoient. On discute avec les chauffeurs de taxi qui racontent que là bas (ie en Haïti ou au Maghreb), ils étaient profs, médecins, ingénieurs. Que ça prend 6 ans, d’avoir une résidence permanente. Qu’ils avaient jamais posé le pied ici avant, qu’ils ont tout quitté là bas, qu’ils ne sont pas rentrés depuis.

On se trouve chanceux, à ce moment, d’être Française. De parler cette belle langue, d’avoir des diplômes reconnus ici, et des facilités pour avoir un visa, et trouver du boulot. On dit à nos amis « venez, c’est cool ici, c’est simple de venir s’installer ».

Puis les galères avec l’immigration commencent. En 2 ans, j’ai cumulé des « malchances », des décisions qui m’ont semblé très arbitraires et qui m’ont amenées récemment à perdre un boulot qui me plaisait, et pour lequel j’étais pourtant qualifiée. Je ne rentrerai pas dans les détails, ça n’est pas le but de ce billet. Deux ans après être arrivée au Québec, et malgré un « plan de match » bien planifié au départ (je vois souvent des gens qui, arrivés à la fin de leur visa, commencent à se poser la question de comment rester – ce n’est pas mon cas), je n’ai toujours pas de statut permanent ici – et en fait je n’ai pas vraiment de statut tout court.

Ces derniers mois, j’ai passé beaucoup de temps à évaluer les différentes options, parcourir le site de Citoyenneté Immigration Canada, les forums, etc. Le fait est que des décrets sont passés, des changements ont été mis en place, les délais de traitement des dossiers sont devenus extrêmement longs par rapport à quelques années en arrière. Parallèlement à ça, le Canada et le Québec traversent comme le reste du monde une « crise » économique, et des mesures d’austérité sont mises en place. Qui dit austérité dit coupes de personnel, ce qui peut expliquer l’augmentation des délais de traitement et la complexification des critères – pour limiter les demandes peut être. Des discours émergent ça et là, particulièrement au Québec, reprochant doucement à l’immigration son influence sur la situation socio-politique (notamment par rapport à la souveraineté du Québec). Réaction humaine face à l’adversité, et similaire à ce qu’on observe depuis un moment en France : on pointe du doigt les étrangers. Ici, pourtant, l’immigration est choisie, quantifiée, qualifiée. Ici pourtant, la tolérance est une réalité. Mais on a peur.

Ces dernières semaines, malgré 2 ans ici, malgré ma volonté d’intégration (que je pense réussie, même si j’apprends tous les jours et que je me sens toujours Française, je pense faire ce qu’il faut pour m’adapter à la culture et la mentalité Québécoise), malgré un accueil toujours chaleureux et des bras grands ouverts, malgré la possibilité de trouver du travail, je me sens comme une immigrante – dans le sens péjoratif qu’on donne en France. Je n’ai aucune possibilité d’influer sur ce qui décidera de ma situation ici. Je n’ai pas le droit de vote. Je n’ai pas la possibilité de contacter directement les bureaux d’immigration – seulement envoyer des dossiers. Je dois attendre. Attendre sans avoir le droit de travailler, sans couverture santé, sans savoir combien de temps ça prendra pour régulariser ma situation – et sans pouvoir quitter le Canada, sous réserve de prendre le risque qu’on me refuse de rentrer à nouveau.

Autour de moi, plusieurs personnes sont dans des cas similaires – complications par rapport à leurs demandes, délais de traitements indécents, changements au niveau des conditions pour obtenir un permis de travail qui compliquent leurs recherches… Entre Français, on en parle, on sait, mais la plupart des Québécois ne comprennent pas. Tu as un boulot, tu es qualifiée, tu parles français, alors pourquoi ?

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Je n’ai pas de réponse, je ne veux pas chercher à comprendre. Mais je veux rester. Le pire, c’est que notre situation de Français immigrants au Canada est relativement enviable par rapport à la plupart des situations d’immigration dans le monde (je ne parle même pas de la France…). Certains s’accrochent. D’autres doutent. Comment aimer un pays qui nous met des bâtons dans les roues ?

J’ai le « malheur » d’être tombée en amour avec le Québec. Avec ses gens. Sa météo. Sa culture. Avec ce barbu Québécois. Avec Montréal. Il va falloir plus que ça pour me décourager de rester, mais j’aurais aimé que le chemin soit plus facile.

Je voulais simplement témoigner de mon expérience – oui, le Canada est une terre d’accueil, mais ce n’est pas l’Eldorado que la télé française nous décrit. Avoir un permis de travail temporaire est – sur le papier – facile, mais ne garantit rien par la suite. Être francophone ne donne finalement que peu d’avantages, à moins d’avoir un métier très en demande ici (ingénieurs, développeurs, réseau, infirmiers, médecin). Et surtout, on reste des immigrants. Des étrangers. En sursis.

Je rêve d’un monde sans frontières – celui dans lequel j’ai grandi -, je rêve de n’avoir à justifier mon envie de vivre ici que par l’amour que je porte à ce pays, même si je n’oublie pas d’où je viens. Je rêve du jour où j’aurais enfin la reconnaissance légale, et la liberté à durée indéterminée de me sentir pour de bon chez moi.

Intime & Réflexions

and so it is (meant to be)

charlevoix-2La vie c’est comme une boite de chocolats.

J’en aurais plein, des phrases toutes faites qui veulent tout et surtout rien dire, des citations à la con sur comment on trouve le bonheur, et let it go – ta gueule – parce que carpe diem. Ya des mecs qui ont écrit des livres sur comment on voyage pour se trouver soi-même, et pour réaliser finalement qu’on est bien dans son jardin, sous son arbre, whatever. Je suis pas philosophe, ni écrivain, ni ce genre de fille qui poste sur son mur Facebook des quotes inspirées pour faire semblant qu’elles ont trouvé une solution à la vie. J’ai pas de solution. Ya pourtant quelque chose que je peux dire, et tant pis si ça sonne quétaine – comme ce genre de vérité évidente qu’on t’assène dans les bouquins de développement personnel : le bonheur il est pas toujours là où tu l’attends ; ça fait parfois du bien de sortir de sa zone de confort pour se (re)trouver ; et enfin, une fois que t’es sorti du chemin tout tracé, ça peut vite devenir hors de contrôle – alors accroche-toi.

Tu sais pas dire quand tout a basculé – la vérité c’est que ça « bascule » pas d’un coup – on vous ment dans les films et les histoires. Dans la vraie vie, c’est comme un glissement imperceptible. Ce moment où tu sors du tout-tracé, et ça a l’air cool, et facile, et évident. T’avances, un pas, deux, jusqu’à t’enfoncer jusqu’au cou dans cette nouvelle expérience, en croyant encore contrôler la dérive, persuadé qu’au bout, ya une sortie facile.

Sauf que c’est pas comme ça. L’objectif, il change pas, mais c’est les étapes pour y arriver qui commencent à faillir. Ça commence par un premier choc, puis un deuxième, mais tu comprends pas encore ce qui t’arrive – parce que ça n’a aucun sens, aucune logique, ça ne peut pas se produire. Puis tu tombes, une fois, tu te relèves, tu avances à tâtons jusqu’à la prochaine passerelle, tu penses que c’est bon t’es sorti d’affaire là, tu vas rejoindre ce chemin que tu voulais prendre, mais non, ça ne tenait pas assez fort, ça s’effondre sous tes pieds. Alors tu repars, t’embarque sur une autre, comme un plan B, puis C, puis tu vois à chaque fois cette lumière, ton objectif qui se rapproche, et puis le mur. À nouveau. Et puis surtout, tu peux plus revenir en arrière.

Plusieurs personnes m’ont dit, à ta place, je sais pas ce que j’aurais fait. J’aurais abandonné, sûrement. T’as du courage.

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Je sais pas si j’ai du courage, je sais pas non plus toujours si je sais ce que je fais. Ya quelque chose en moi de l’ordre de la rage, de la volonté obstinée d’atteindre cet objectif, de pouvoir enfin souffler. Ya quelque chose qui me pousse en dedans, peut être aussi une forme de déni, mais dans le fond je veux y arriver, parce que ça ne peut pas être autrement. Alors j’emprunte une passerelle, puis une autre, puis la suivante, jusqu’à qu’on y arrive. Pendant ce temps ya des milliers de choses qui se passent en moi, qui bougent, mûrissent, explosent. Ya ce désir immense d’être là, d’arriver au bout.  Ya toute cette énergie qui me mobilise, ya tout cet amour qui m’inonde et cette bienveillance, et tout ce que j’ai le goût de donner en retour. Et c’est merveilleux.

Ya pas de moment où tout bascule. C’est faux. Ya des portes qui s’ouvrent, d’autres qui se ferment, des chemins à prendre, beaucoup de choses qu’on peut pas contrôler. Puis ya le reste. Ya ce qu’on croyait être des certitudes qui volent en éclats, et qui laissent la place à une réalité, une vérité, une évidence si claire et si concrète qu’on peut juste pas la nier. On désapprend la peur. On réévalue notre approche de la vie. On accepte l’injuste, l’irrationnel, la part de semi-hasard sur laquelle on n’a pas de prise.

Un jour, tu décides de sortir du chemin tout tracé, puis si t’oses et que tu pousses un peu ta chance, ça peut aller loin. Ta vie, ça devient ce gros labyrinthe, ce manège incessant, ça secoue dans les coins mais au centre, ça rend juste encore plus évidentes tes certitudes. Tu exploses pour mieux te reconstruire. Tu rejettes pour mieux ré-apprivoiser. Tu croyais savoir et tu sais plus rien, et puis à nouveau, tu sais.

Ya pas de destin, mais des milliers d’épiphanies. Ya ce chemin sinueux, tortueux, et tout ce bonheur à côté. Puis ya ce soir où tu te retrouves à magasiner des anneaux d’argent, et à vouloir y graver des mots d’enfants, des mots d’amour, des mots dont personne ne peut garantir qu’ils seront pour la vie, mais c’est pas ce qui compte. À ce moment précis, c’est simplement ce qui semble être la chose la plus évidente à faire – parce que quelque part, après avoir oublié la peur, après avoir occis les doutes, on peut enfin accepter l’idée d’être adultes. Parce que quelque part dans cette tourmente, il y a une île, un port, une ancre. Parce qu’on veut croire que ces mots là dureront toujours.

– and so it is  (meant to be).

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Au quotidien

pot-pourri

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En ce moment, j’ai beau accumuler la dose d’optimisme qui me fait d’habitude fonctionne, j’y arrive plus. C’est long, ce mois, malgré ses tout-juste 4 semaines, c’est long l’hiver, même si c’est beau, c’est beaucoup trop frette pour qu’on s’en satisfasse à l’année longue, comme on dit si bien icitte.

En ce moment, je suis tannée facilement. Tannée de tout et de pas mal de choses. C’est pas pire que le reste du temps, tu me diras, mais je suis rendue à plus supporter grand chose. J’exprime mes frustrations à mes amis et on me dit « écris, ça te fera du bien » (en vrai je parle de choses un peu moins futiles mais JUSTEMENT je vais m’exprimer ici pour éviter que ça ne devienne pire sur ces sujets futiles là).

Je suis tannée des DIY, ou Do It Yourself. Je sais pas, c’est le truc à la mode mais sérieux ça fait depuis 2010 et Pinterest qu’on y est. Fais Toi-Même ton cadre photo, colle tes posters sur un mur, pimpe ta cuisine, tes coussins, ta robe à volants, ton clavier de MacBook, transforme ton sac moche en un sac aussi-moche-mais-à-la-mode (c’est pas moi qui le dis, c’est les facheune magazines), fais-toi même tes smoothies green – waou des jus de fruits maison avec des épinards et du kale, révolution.

Je suis tannée des livetweets des Oscars/Césars/Bizarres trucs à la télé. Tannée de lire que untel aurait dû gagner parce que, et que la robe de bidule est moche, et puis tous des pourris et Xavier Dolan était même pas nominé alors on s’en fout. Anyway, je vais plus au ciné, j’ai pas la télé. Alors vous direz que je suis sûrement un peu frue à cause de ça, et vous aurez pas tort.

Je suis tannée des vidéos nulles partagées sur Facebook. Des sites clics-whores. Des Tops 100 ou Tops 10, et des « 100 photos de neige » qui font passer le Canada pour un pays inhospitalier (ce qui n’est pas complètement faux, QUI a eu l’idée étrange de venir s’installer ici à l’origine ??) (nos ancêtres étaient fous, c’est obligé). Tannée des pubs avec des couples gais (des gais hommes, hein, les lesbiennes c’est pas encore assez bien implanté), des pubs avec des femmes vieilles, grosses, ridées, rousses, noires, et j’en passe. En fait, je suis pas tannée de ces pubs, je suis tannée de lire des grands OH et AHH et BRAVO parce qu’un dude a eu les c**** (ou l’intelligence de la stratégie marketing) d’enfin montrer la (presque) réalité de la vraie vie dans un spot du Superbowl. Tiens, si vous avez du temps, lisez ce dossier chez Infopresse sur le sujet : Les gais dans la publicité, le dernier accessoire à la mode.

Parlant sexualité, je suis tannée de voir ce genre de titre d’article : « Chère fille qui veut le pain de mon chum, back off« . Déjà, chère fille qui a que ça à faire de s’essayer à de l’humour poche en copiant Rabii, occupe toi de donner de l’amour à ton chum au lieu de perdre du temps à écrire ces niaiseries. Et puis sérieux, c’est quoi cette époque où on s’octroie un droit sur son mec ou sa copine ? C’est quoi cette règle qui dit que si quelqu’un est en couple, c’est chasse gardée ? Je dis pas « trompez vous les uns les autres », ça, ça regarde seulement l’intimité de chacun, mais juste, faites confiance un peu. Si l’autre va voir ailleurs c’est pas la faute de la fille/le gars qui l’a cruisé. Il/elle sait très bien quoi faire de son entrejambe, si je puis dire. Tant qu’à faire, vas-y, tatoue lui ton nom sur le front ou mets lui un collier avec une médaille : ce mec appartient à Annie, prière de le rapporter à sa blonde si vous le trouvez.

Faut croire que je suis tannée de la presse féminine. De la mode, des tendances, des régimes « detox », de la couleur pantone, des chaussures à 4000 boules, de 50 shades partout, des boostbastille. Tannée des conneries qu’on nous enfile dans le crâne à coup de conseils mode et d’astuces déco. Je suis tannée de la énième opé de comm blogueurs, du marketing de contenu vide, de penser qu’on croit mieux vendre du shampoing ou un magazine en créant un joli site avec des vidéos qui bougent, et ce malgré la créativité. Je crois qu’en m’étant éloignée de tout ça je réalise l’inanité du truc. Je dis pas que la mode et le marketing c’est nul (crachons pas dans ma soupe non plus), juste, parfois, je regarde le concept et… pourquoi ? Puis ya cet article chez Simone de Bougeoir, et je réalise à quel point le marketing bouffe nos vies (et à quel point j’ai trouvé ça normal à une époque…). Je suis heureuse d’avoir trouvé une job dans le culturel, car je crois qu’autrement je serai plus capable de faire ce que je fais (et qui est pourtant un domaine que j’adore). Retrouvez moi dans quelques années au fin fond de la Mauricie à élever des alpagas, voilà comment tout ça finit.

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Je lisais cet article sur les causes de l’addiction aux drogues, et la manière d’aider à la désintox. La personne explique qu’en gros, le lien social est le meilleur antidote à l’addiction, le meilleur moyen d’aller mieux, de se détacher d’une drogue et de retrouver goût à la vie. Bravo Captain Obvious, n’empêche qu’on a tendance à oublier qu’on est des animaux grégaires. Et je sais pas vous, mais pour moi ça s’applique pas juste aux drogués qui tentent d’arrêter. Qu’on devrait nous aussi se désintoxiquer un peu de l’Internet, du marketing, du virtuel et des normes imposées par les magazines.

C’est juste que, parfois, derrière nos écrans d’ordis, nos Facebook et nos Twitter, on oublie un peu c’est quoi la vraie vie, c’est quoi (se) toucher, c’est quoi, ce dont on a vraiment besoin.

 

Au quotidien

les nouveaux voisins

café

On a déjà choisi la disposition des meubles, dans la chambre, et l’endroit où on mettra la litière de Dora. Faudrait pas la perturber, surtout, c’est sensible ces bêtes poilues là. Parce que j’ai peur qu’elle prenne la fuite, qu’il y ait trop de bruit, trop de gens, qu’elle panique, comme quand on passe l’aspirateur et qu’elle reste prostrée sous un fauteuil à l’autre bout de l’appart pendant 3 heures. Alors on fera attention, j’ai dit, on la mettra dans la salle de bains.

Faut savoir qu’elle a mis 3 jours à se remettre quand on a déplacé le frigo de 3 mètres dans la cuisine. Un jour par mètre.

Ça fait combien, 16 coins de rue, en mètres – 12 vers l’Est, 4 vers le Sud, je les ai comptés – est-ce qu’elle va retrouver ses repères – et puis j’ai lu que les chats aiment les boites parce que ça les apaise. Ça tombe bien, elle aura que ça, des boites pour dormir et s’apaiser dedans.

On a mesuré le tapis pour voir s’il rentrait, et le placard pour les électros. Moi j’étais sûre que y aurait pas la place pour un banc dans le couloir et j’ai raison, mais peut-être qu’on pourrait quand même poser des patères sur le mur, et mettre le banc et les souliers dans le bureau à côté de l’entrée. Anyway, du rangement, y a que ça – six placards, un pour le linge d’hiver, un pour mes robes, l’autre pour tes chemises, et tu seras pas obligé de les empiler à plusieurs sur une chaise, même la moppe et le balai pourront respirer loin de ma paire de skis dans un espace rien qu’à eux.

C’est qu’on en a, du stock, et t’as beau dire que ça va être vite empaqueté, je crois pas, j’hallucine juste sur la quantité de choses que j’ai amassées en seulement deux ans.

Je sais déjà que je vais râler, les ongles défoncées à cause de la poussière et les doigts crevassés par les boites – parce que je suis ce genre de fille qui se blesse avec du carton. Je vais chialer parce que j’ai trop de stock, que c’est chiant à ranger la vaisselle, que pourquoi ce criss de meuble IKEA se démonte pas et merde où est-ce qu’on a rangé ce truc déjà ? Je sais que je vais regretter la date du 28 février parce que c’est quand même encore l’hiver et je me rends pas bien compte c’est quoi porter des boites et des bouts de meubles sous une tempête de neige – peut-être qu’il fera frette en estie, du genre non c’est pas encore le printemps pantoute – et quelle idée stupide de faire ça si tôt. C’est clair que ça va être folko, le genre dont on se souvient des années après – comme cette fois où on a dû allumer les cigarettes avec le grille-pain parce qu’on trouvait plus les briquets, et l’histoire de la copine Maryne qui avait fait des boites pas fermées.

On va s’engueuler peut être, se prendre la tête sûrement, et tant pis si c’est la pire idée de déménager un 1er mars. Je sais que ça durera pas.

Du rien du tout, ce déménagement. On aura encore plein de raisons de chialer encore plus, après ça. S’engueuler sur des trucs à base de rangement anarchique de fringues, de comment on étale le beurre et de nettoyage de pot de Nutella ; de pourquoi j’ai abandonné Albert le lave-vaisselle et t’as laissé des poils de barbe dans le lavabo ; et puis des conflits territoriaux entre Dora et le mini-chien du voisin, du bruit à cause du nouveau né du palier d’à côté.

Tant pis, parce qu’il est beau cet appart. Il a du parquet et des fenêtres et une jolie-mini-salle de bains. Et du soleil, du soleil partout par les fenêtres. Et tant pis si on se chicane sur des affaires de la vie en commun. Tant pis si on s’ostine un peu, parfois, si on part bouder chacun dans son coin, et si on jette quelques assiettes (en plastique) et qu’on claque fort les portes pour faire plus cinéma.

Au final, ce qui compte, c’est qu’on aura enfin de vraies raisons pour du make-up sex. C’est qu’on va pouvoir se promener à poil si on a trop chaud, et pas se poser de questions si on fait du bruit. Ce qui compte, c’est que je vais pouvoir te dire bonne nuit chaque soir, et voir ta face de gamin au réveil chaque matin.

Et ça, c’est bien.

Montréal, Québec · Voyages

trente mots pour dire neige

ruelle villeray

Deux ans.

Ça faisait deux ans le 4 février que j’ai posé mes valises à Montréal, et deux ans que j’apprivoise doucement cette nouvelle vie qui me semble pourtant si naturelle. Il y a deux ans, en survolant le Québec, j’avais été submergée d’une émotion difficile à décrire. Sous les hublots de mon Boeing Air France s’étendait à perte de vue des plaines blanches, striées de tâches sombres et de lignes déboisées – le tracé des kilomètres de lignes électriques qui traversent le pays pour alimenter un bon bout de l’Amérique. Au Nord, cette immensité vallonée, ces fjords, ces lacs recouverts de glace. Au Sud, une énorme trouée bleue, cicatrice coupant le pays en deux rives que j’apprendrais plus tard à connaître : le majestueux Saint-Laurent. J’avais sans le savoir survolé Baie Saint-Paul, l’Île aux Coudres, et l’ïle d’Orléans. Vu du ciel, le fleuve était couvert d’écailles de glace formant de mystérieux dessins. Et puis Montréal. Je ne me lasse pas d’atterrir au dessus de ce qui est désormais ma ville, d’observer le tracé des rues, le Mont Royal qui parait si petit vu d’en haut, les tas de neige, les parcs.

En deux ans, j’ai apprivoisé une nouvelle culture, mais j’ai surtout apprivoisé une nouvelle météo.

On vous a dit que l’hiver était long, et rude, par ici. On vous a parfois aussi mentionné que l’été est tout aussi brutal, lourd d’orages violents et d’une humidité poisseuse. On vous a raconté cet automne flamboyant, l’été des Indiens qui recouvre ce territoire de couleurs indescriptibles, comme le bouquet final avant d’entrer dans l’hiver. Ce long hiver. Ce dur hiver.

jacques cartier

Ici, j’ai appris la neige, ou plutôt les neiges. Les premiers flocons de Novembre ou Décembre, qui fondent aussitôt cristallisés. Les premières vraies tempêtes de Décembre, qui piègent la ville dans un doux manteau cotonneux, et marquent le coup d’envoi de la saison hivernale. J’ai découvert qu’il pouvait neiger par -25, que cette neige est sèche, brillante, et qu’on ne peut pas faire de boule de neige car elle ne s’agglomère pas. J’ai découvert aussi que la neige et la glace peuvent fondre à des températures négatives, sans quoi on serait sous l’eau de Décembre à Février. Et la slush, pourriture des trottoirs, cette sensation de marcher dans de la vase glissante pendant trois mois, ces gravillons qui collent et se foutent partout, qu’on retrouve encore lors des grands ménages de printemps.

J’ai appris le froid. Ce froid tellement différent de notre climat Européen. Un froid sec, et presque agréable quand on reste entre -5 et -15, qui se fait cassant et brûlant si le vent s’installe ; et qui glace tout sur son passage lorsque la neige tombe à l’horizontale. J’ai réalisé que j’aimais mieux ce froid là de Janvier-Février que celui de Novembre, ce froid parisien humide et pluvieux qui s’immisce partout et nous colle à la peau. J’ai fini par comprendre pourquoi les gens se mettent en t-shirt dès les premiers beaux jours de Mars, lorsque le thermomètre atteint les 0. Ils ne sont pas fous. Ils sortent d’hibernation.

J’ai appris les pluies d’hiver, les pluies verglaçantes qui gèlent à peine l’eau touche le sol – ou les arbres, ou les vêtements, ou. Le sol gelé par une couche de glace qui ne s’en va pas, piégeant de trous les routes et les trottoirs. J’haïs la pluie, tellement.

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Et surtout, j’ai réappris les saisons. Le printemps, qui dure deux semaines. Le printemps qu’on attend, ou qu’on n’attend plus, pogné quelque part entre fin Avril et mi Mai. Une vision extraordinaire de la nature qui se réveille en sursaut, alors que le sol finit enfin par dégeler, que l’herbe et les feuilles sortent en même temps que les fleurs, dans une inconcevable anarchie végétale.

Et puis l’été. Cet été si court, et si long à la fois. Juin, Juillet, Août. Le 38 degrés facteur humidex qui te plaque au sol. La chaleur liquide qui s’écoule sur les trottoirs, rendant la marche difficile. Les journées passées allongée sous un ventilateur, parce qu’il n’y a pas d’autre solution, que bouger est rendu impossible. Les orages, qui éclatent en quelques minutes et noient Montréal telle une mousson, faisant des rues des torrents, inondant tout sans exception d’une eau tiède et vivifiante.

Été, Hiver, coincés entre un printemps et un automne de deux semaines, noyés dans l’existence plate des intersaisons.

Montréal est une réalité saisonnière, notre quotidien rythmé par des phénomènes météorologiques qui seraient une apocalyspe ailleurs, et qui ne sont ici qu’une réalité avec laquelle il faut vivre. Deux ans pour me laisser bercer dans cet univers. Deux ans à apprivoiser ces humeurs. Et je l’espère encore beaucoup à venir…

Chroniques

tu dors-tu

fenetre

Tu dors ?

Distribué.

Ça marque en dessous de la bulle bleue.

Distribué, pas lu, pas de réponse.

Évidemment que tu dors. Ya que moi qui reste les yeux ouverts jusqu’à 3h du matin à tourner dans des draps en coton égyptien. Tu t’es effondré depuis longtemps, ou ton cell est en « ne pas déranger« , ou juste tu dors, et je t’envie pour ça. Je me lève dans 5 heures. Ya que moi pour pas m’endormir straight avec la journée que j’ai passée, avec celle qui m’attend demain.

Classique.

C’est pas ma faute si je vis souvent en mode hibou, pas foutue de couper décemment les ponts avec la journée qui se termine. J’suis née comme ça je crois, sorti la tête à 2h15 du matin, faut croire que j’étais prédestinée à vivre la nuit. En tous cas, depuis toute petite j’y arrive pas, à m’endormir, j’suis pas capable de débrancher mon cerveau, alors que toi le soir tu mets tout en off et pouf. Disparition.

Ça marche pas comme ça ici. Au moment de fermer les yeux mes pensées s’emballent, tout un tas de choses qui avaient jusque là pas eu le temps de se rendre dans ma tête, bloqués par 10.000 autres préoccupations. Je pense à ma job, à toi, à notre futur appart, à Dora. À mes projets, au courriel que je dois écrire à ma boss, à ce week end à New York, à ma famille, à l’été. Parfois ça s’emmêle et ça se met à créer des tas de scénarios plus ou moins plausibles, à refaire la disposition des murs de chez moi, à imaginer comment sortir le chat de l’appart si un incendie se déclarait. Parfois je panique un peu. Un joli bordel, tu vois.

Je suis dans un hôtel, encore une fois, ça faisait longtemps. Les voyages payés par la job, après Londres Rome ou Madrid, après Toronto et Ottawa, voici Québec, et cette chambre aux draps blancs qui ressemble à toutes les chambres de tous les hôtels de tous mes voyages de job. Je suis seule, je suis loin et il fait beaucoup trop froid alors je joue les princesses, j’appelle le room service pour commander un sandwiche et je fais ce que je fais jamais, je regarde la télé et je mange mon sandwiche sur le lit, adossée dans les 1000 oreillers. J’aime ça les lits d’hôtels où ya plein d’oreillers. Dans la salle de bains je découvre les serviettes bien pliées et les savons – ici c’est une gamme à l’huile d’argan, et ça sent bon. J’aime ça l’odeur du propre et de la buanderie, les miroirs sans traces et le papier toilette plié en coin, et la robe de chambre moelleuse, la charlotte pliée dans sa petite boite en carton, le téléphone à côté des toilettes – pour si on reste coincé en position caca. J’ai l’impression, le temps d’un séjour, de vivre la vie d’une autre. Ça m’amuse.

Pour un temps.

Il est l’heure, lumière éteinte, mélatonine pour le kick final. Je pense à tous ces hôtels où j’ai séjourné, les avions, les bus, les trains. Je regarde le thermomètre descendre lentement dehors, ça fait quoi, « ressenti -43° » ? Je pense aux événements bouleversants de cette journée, et l’ascenseur émotionnel mêlant l’excitation de ce nouveau boulot et tristesse face aux tweets qui ne se sont pas tus de la journée. Je pense que dans quelques heures, malgré le deuil, la vie va reprendre ses droits. Je ne crois pas qu’on se souviendra du 7 janvier comme du 11 septembre. On ajoutera juste un tiret de plus dans une liste déjà longue. Puis on oubliera doucement, peut-être, peut-être pas. N’empêche, quoiqu’il advienne, c’était beau, ce mouvement.

Tu dors ?

Je regarde les chiffres verts briller dans la lumière sombre de cette chambre anonyme. 3:14am. Je n’attends plus de réponse.

Moi, comme d’habitude, je ne dors pas…

 

{texte écrit le 7 janvier 2015}