Une fois n’est pas coutume, je commence à parler de mes « vacances » pendant mes vacances. Peut être parce que je suis partie seule, parce que je me repose aussi (encore un peu jetlaguée), parce que vous êtes nombreux à me demander comment ça se passe… et puis j’enchaîne sur Paris et Amsterdam en rentrant, alors autant s’y mettre maintenant si je veux partager un peu ce séjour Québécois.
Deux jours que je suis arrivée à Montréal. Deux jours, c’est court, et c’est long. C’est suffisant pour commencer à sentir qu’on est bien ailleurs, à s’imprégner de l’ambiance d’une ville, découvrir la vie des gens. C’est encore un peu court pour avoir absorbé le décalage horaire, et pour avoir fait le tour. Et c’est déjà trop long pour mes finances, car il faut avouer que ça coûte cher ici. Mais on en reparlera…
Mardi, ma valise est prête – je pourrais être presque fière de moi, tout est rentré dans UNE valise (de 100L), je n’ai pris que 4 (5) paires de chaussures. Dans la cuisine, un petit mot laissé par ma coloc sur le tableau d’ardoise. Il fait doux, et je pense à la météo qui m’attend là bas: entre 2 et 10°C. Welcome, l’automne canadien…
Aéroport de Bordeaux, l’enregistrement est rapide – je réalise alors que ma valise fait 23,8 kilos. Moi qui était fière… je mets ça sur le compte des bouteilles de vin apportées aux copains, hein, ça pèse lourd l’alcool. L’avion est plein, à côté de moi un couple assez jeune avec qui je commence rapidement à discuter, qui m’explique qu’Air Transat (la compagnie « low cost » que je prends) ne propose des vols qu’entre Avril et Octobre (il semblerait donc que mon vol retour soit un des derniers). A bord, on est loin du service d’Air France mais ça reste correct: boissons (soft) à volonté, fauteuils confortables, on a de la place pour les jambes et il ne fait pas trop froid. Ca tombe bien, puisqu’ils ne distribuent pas de couvertures – il faut acheter une « trousse » à 7$ (avec un oreiller gonflable, des écouteurs, des bouchons d’oreille…) si on en veut . Je retrouve de vieux souvenirs des voyages de mon enfance: pas d’écran individuel mais des écrans au centre de l’avion, avec des films imposés. Low cost oblige, on se tape deux films vintage (80s). Je tente de masquer mes larmes pour le premier – une sombre histoire de baleines coincées dans la banquise en Alaska – j’ai le coeur sensible pour tout ce qui concerne les animaux, j’y peux rien. On continue à échanger tout au long du vol avec mes voisins, les discussions dérivent sur des sujets très variés – la vie à Montréal, la vie à Paris, et Bordeaux, et puis les voyages, la politique, l’immigration, les religions. Je finis par apprendre qu’ils sont Témoins de Jéhovah – et nous finirons le voyage à parler de leur foi, de la Bible, et de la façon de vivre leur religion (si ça intéresse certain(e)s, je sais – enfin – pourquoi ils viennent sonner aux portes des gens) (je peux aussi vous dire qu’on va bientôt tous mourir) (enfin l’Apocalyspe se rapproche, et Jésus revient) (sisi c’est écrit dans l’Ancien Testament). Le genre de rencontre invraisemblable, mais très intéressante finalement…
le jeu téléchargé juste avant de partir à cause de Marine et qui m’aura pratiquement bouffé ma batterie d’iPhone pendant le vol… vous avez dit addictif ?
Montréal, 15h30 heure locale, 21h et quelques à mon horloge interne. A l’arrivée aux douanes, on m’avait prévenue mais je suis malgré tout surprise – le douanier enchaîne les questions: qu’est ce que vous venez faire au Québec ? et vous connaissez du monde ici ? vous les avez rencontrés comment vos amis ? et combien vous avez d’argent ? oui sur votre compte ? qu’est ce que vous faites dans la vie ? Je reçois finalement un joli tampon sur mon passeport (qui ne vaudra pas mon superbe Visa Russe, hein, mais bon), et on est bons. Dans le bus (747) vers le centre ville, il y a le WiFi. J’hallucine un peu, mais c’est à priori très courant là bas. Sur l’autoroute, on croise camions de pompiers brillants et flics à la sirène personnalisée. Autour de nous des voitures aux marques et dimensions peu habituelles en Europe – Chevrolet, pick up, et autres plaques marquées « Je Me Souviens » – la devise Québécoise que je n’ai pas encore élucidée. On approche du centre – Downtown, mais il parait qu’on doit le dire en français – à côté de moi une vieille complètement paumée pose des questions sans écouter les réponses pour savoir où aller, et finit par sortir « oh c’est laid ces immeubles, ya trop de béton, ah c’est pas comme en France hein qu’est ce que vous en pensez ? » en me prenant à témoin. Désolée madame, je ne me fais pas une idée d’une ville en ayant vu trois rues…
Ville Marie, coeur de Montréal et un des buildings les plus hauts. Aux pieds de ces immeubles de béton et d’acier, je retrouve cette ivresse que j’avais croisée à New York. Et pourtant, sous cet accent étrange, les gens parlent français…
Un peu plus tard, en suivant l’ami chez qui je loge au travers du dédale de la ville souterraine, ces immenses galeries marchandes aux boutiques et marques inconnues (enfin j’ai vu un Zara), en l’écoutant me raconter sa vie ici depuis 4 ans, et la neige qui recouvre tout l’hiver, et la chaleur l’été, je réalise – voilà, j’y suis enfin, c’est pour de vrai.