Intime & Réflexions

ailleurs

« Je vais mieux ». Je l’ai écrit sur mon Facebook la semaine dernière, mais je vais le réécrire ici à nouveau, parce que, c’est important.

Je vais mieux, comme on revient d’un long voyage, comme un départ qu’on avait pas vraiment choisi, comme le temps de réaliser qu’on s’était perdue, ailleurs, et beaucoup trop loin pour réussir à revenir.

Je suis heureux/se de te retrouver. C’est ce que plusieurs personnes proches m’ont dit, ces derniers temps. Moi aussi, je suis heureuse de me retrouver. Moi aussi je suis heureuse d’être à nouveau moi-même. Moi aussi, je suis soulagée de revenir a la réalité, de retrouver mes réactions, mon self-control, ma patience, mon sommeil. Mon corps, mes envies, ma motivation, mon optimisme, mon caractère un peu plus facile à vivre. Je redeviens fréquentable…

Ailleurs, mais t’étais partie où ? Burn-out, dépression, anxiété généralisée, le terme m’échappe et je m’en fous. Au moment où je m’en suis rendue compte – vraiment, ce moment où je touchais violemment le fond – je crois qu’il était déjà trop tard pour prévenir. Il a fallu guérir. À la manière forte – après avoir frappé dans un mur et griffé ma peau à l’issue d’une crise d’angoisse de 4h, j’ai fini par céder. Anxiolytiques, pour asséner un dernier coup, enfin trouver de quoi redonner un peu de volonté de me relever.

Ce qui s’est passé après n’a pas vraiment d’importance, du moins je ne le comprends pas tout à fait. J’ai tenté de surnager dans l’attente en me bourrant de girl-scout-cookie et de 5-HTP, de ne pas complètement disparaître sous les coups des remarques qui blessent, celles qui disent « t’es chiante », « fais attention à la façon dont tu t’adresses aux autres », et « il va pas te supporter longtemps si tu continues comme ça », celles qui ont l’air de faire abstraction de tous les efforts que tu tentes de faire pour ne pas t’effondrer, confronter la sociabilisation avec d’autres gens, affronter la peur d’être seule – et les angoisses omniprésentes que les « ça va aller » ne suffisent plus à calmer. Mais tant pis, on demande pas aux autres de comprendre, juste de savoir se taire, parfois, juste de ne pas juger. J’ai eu assez honte de mon attitude, suffisamment envie de sauter du ponton, ou prendre un billet aller simple pour retrouver les bras de ma maman, et arrêter d’être ce poids désagréable et encombrant. Il y a eu ces jours où je ne supportais plus cette simple question, « ça va », parce que j’étais pas capable de répondre, parce que je savais plus rien, parce que non ça va pas mais à quoi bon en parler, et répondre le contraire serait mentir à la face de ceux que j’aime.

En tous cas.

La réponse est arrivée. J’avais envie de pleurer, et puis non, j’étais en plein massage, je devais me tenir, alors j’ai fait comme je fais toujours, j’ai ravalé mes émotions. J’ai pas réussi à être heureuse pour vrai, tu sais, je suis tombée sur un post sur Portraits de Montréal de cette fille qui disait qu’elle s’était tellement préparée à être déçue qu’elle a pas réussi à être heureuse quand elle a reçu un « oui ». J’en étais là, je crois, tellement loin dans mon angoisse du rejet, à me dire qu’une fois de plus je serai pas capable, que j’avais plus la force de faire face à nouveau, que j’avais oublié l’idée que ça pouvait être un oui – et me redonner le courage d’aller mieux.

Et puis, doucement, c’est allé mieux. J’ai retrouvé le goût d’être sociable, l’envie de rire, le contrôle de mes émotions. Ça a pas été instantané, loin de là, ça fait deux semaines que j’avance à petits pas, oubliant peu à peu la peur de retomber. C’est loin d’être fini : ces mois bien profonds ont fait ressortir des choses que je ne peux pas juste enterrer et ignorer – il semble à ce sujet que ma capacité d’absorber les coups n’est pas illimitée ; et puis il y a eu tellement de changements, de nouvelles expériences, de découvertes que je dois maintenant traiter, analyser, transformer, pour savoir où je m’en vais avec tout ça.

Je vais mieux. Je reviens d’un long voyage, avec un courrier d’Immigration Canada qui dit « GO » pour procéder à ma demande de résidence permanente par parrainage. Un GO qui m’ouvre finalement le chemin que j’essaye de rejoindre depuis des années. Un GO qui me dit enfin, ça y est, ce pays veut bien m’adopter, que dans quelques mois si tout va bien j’aurais ce f*cking visa, je pourrais bientôt dire chez moi, et faire des projets. Un GO pour clore enfin les peurs et les doutes, et révéler tout l’amour qu’il y a derrière ça.

To be continued…

lac-quebec-labelle

 

Intime & Réflexions

être loin.

  montreal-neige-molson

Alors qu’on se retrouve catapultés en plein hiver en 48 heures à base de neige et de ressenti -12°C, je réalise le temps qui passe, doucement, mais sûrement, et au delà du temps, la distance qui me sépare de « chez moi ». Chez moi. Cette expression prend un sens étrange lorsqu’on vit à 6000km de là où on est née, séparée d’un océan. Jusqu’ici, je crois que je n’avais pas complètement pris la mesure de ce qu’implique l’expatriation, mais ces derniers mois m’ont fait réaliser à quel point je suis loin. Pourtant, chez moi, c’est ici, et chaque jour plus que jamais.

Être loin, c’est une notion du temps toute particulière. J’ai parfois l’impression que si les jours s’écoulent pour moi ici, il n’en est rien là-bas, qu’on va se retrouver comme si on s’était quittés hier, que rien n’aura changé. Et puis on se retourne sur un souvenir et on réalise que ça fait six mois (déjà !) qu’on a pas vu sa famille, serré certaines personnes dans ses bras. Les gens continuent à vivre de l’autre côté de l’Atlantique, et ici le temps avance aussi. On s’appelle et cette histoire dont on a discuté hier est déjà enterrée, pour une autre, qui passera sûrement d’ici le prochain coup de fil. C’est étrange de regarder ces gens qu’on a présentés l’hiver dernier devenir amis, se fréquenter ; se dire qu’on aimerait aussi être là, partager ces soirées avec eux, voir leur relation évoluer indépendamment de nous. C’est aussi voir certaines personnes s’éloigner – ou peut être que c’est moi qui ai doucement pris mes distances. Un jour on se texte chaque semaine, et puis soudain, ça fait deux mois qu’on a pas vraiment parlé. Les départs et la distance brisent des amitiés, c’est un fait. Pourtant, il y a celles et ceux dont on s’est rapprochés, ceux qui sont venus voir, ceux qu’on aimerait voir venir s’installer ici, pour vrai.

montreal-pluie

Être loin, c’est cette distance physique, aussi. Je rêve beaucoup de la France, en ce moment, je rêve que je rentre, que je vois certaines personnes, mes amis, ma famille, que j’emmène un barbu Québécois découvrir mon pays. Je rêve que j’ai pas le temps de voir tout le monde, que je dois sélectionner. Je me mets à devoir choisir ceux qui comptent vraiment, et il suffit de quelques doigts. Le réveil sonne, je suis toujours à Montréal et je n’ai pas encore de date pour mon prochain séjour. J’ai des envies qui fourmillent mais l’incertitude qui m’accompagne depuis des mois retient toute décision. J’espère secrètement avoir de la visite cet hiver, parce que je voudrais partager comment c’est beau sous la neige, et les convaincre que le froid c’est pas si pire.

Être loin, c’est pas pouvoir être là – physiquement – pour ceux qui passent des périodes difficiles et leur dire d’appeler quand même, à n’importe quelle heure, même pour des conneries – on essayera d’être là. C’est penser que mes deux grand-pères vieillissent, que pour la première fois de ma vie, je ne passerai pas Noël avec ma famille, qu’on ouvrira pas les cadeaux autour d’une coup de champagne après un ciné – que peut être j’aurais pas de cadeau, parce que la Poste c’est pas le Père Noël. Être loin, c’est ces soirs où on irait bien faire un câlin à sa meilleure amie, préparer des madeleines au chocolat, boire du thé-hippie et s’endormir dans la chaleur d’un petit appart parisien – comme avant.

Sauf que c’est plus comme avant. Pour rien au monde je ne rentrerai vivre en France, mais à l’arrivée de l’hiver, il y a comme un doux parfum de mélancolie. Comme la prise de conscience que c’est pas si facile, qu’on sera peut être séparés pour toujours par un océan et 6 heures de décalage horaire. Qu’on vit dans des réalités parallèles, des quotidiens plus si semblables, qu’on évolue aussi.

Je n’ai aucun regret, aucune envie que ce soit autrement. J’ai fait mon choix, en conscience, en écoutant mon coeur. Faque cette année, alors que je fêterai Noël ici avec mes amis, alors qu’on sera en famille – cette famille recomposée, parce qu’on a tous choisi Montréal, parce que ma famille, ici, c’est eux – j’aurais une pensée particulière pour tous ceux que j’aime et qui sont loin.

Parce qu’après tout, être loin, c’est juste une question de perspective…montreal-parc

les jolies photos viennent du instagram du barbu Québécois qui partage mes nuits : http://instagram.com/dany.prend.des.photos

Intime & Réflexions · Voyages

deux semaines

air-transat

Voilà, je suis en France. Non, c’était pas prévu, c’est pas non plus un souci de Visa, ni un retour définitif (ouf). Ma maman a eu un accident de vélo lundi dernier – un accident stupide d’enfant qui s’amuse avec ses copines, une chute version soleil, un voyage en camion rouge avec de jolis pompiers, un passage en chirurgie. Bassin fracturé, poignet cassé, immobilité forcée, plusieurs mois de rééducation à venir, et un voyage prévu au Québec en Mai pour me voir reporté jusqu’à nouvel ordre. J’ai reçu le texto de mon père, et puis j’étais là le ventre serré et puis on s’est parlés au téléphone. J’ai vu ma mère sur un lit d’hôpital, coincée. J’ai imaginé ma mère immobilisée, et comment ça devait la rendre dingue. J’ai senti comme elle devait être triste et en colère de pas pouvoir me voir.  J’ai pas trop réfléchi. J’ai pris un billet d’avion pour dans trois jours, et je suis rentrée. Puisque ma mère ne pourra pas venir à Montréal, c’est Montréal qui viendra à elle.

Deux semaines, comme une éternité. J’ai prévenu mes amis, vu en coup de vent ceux qui vont me manquer, pensé fort à ceux que je pouvais pas voir. J’ai prévenu ma coloc, changé la litière du chat, fini d’installer Albert le nouveau lave-vaisselle, fait le chèque du loyer, envoyé mes impôts, payé mes factures. J’ai mis des robes et des sandales dans ma valise, et pris beaucoup trop de fringues que je porterai pas, comme d’habitude, en me disant que ça me limiterait en shopping (comme d’habitude). J’ai texté les copains de France et pris des billets pour Paris – pour voir les amis, ceux qu’on a vu à Noël, ceux qu’on verra cet été, ceux qui disent « on viendra te voir » et qui n’ont pas l’argent/le temps/autre et dont on a arrêté d’espérer la visite ; et puis deux jours pour aller mettre mes pieds dans l’Océan et respirer l’air iodé, parce que ça fait bien trop longtemps.

depart-montreal

Alors voilà. Je suis chez mes parents. Je sais pas si c’était le truc le plus sensé à faire à ce moment mais c’était la seule chose dont j’avais envie, la seule chose qui me semblait à faire dans ces circonstances, une évidence. Le vol a été long. L’attente à l’aéroport a été longue. J’ai eu envie de m’endormir, plusieurs fois, malgré la douche et le café, et je me suis endormie – pour pas longtemps, parce qu’il fallait partir à l’hôpital, en moto pour éviter les embouteillages, même que j’ai cru que j’allais tomber tellement j’étais fatiguée. Et puis je suis arrivée avec mes 7 heures de vol et mon jetlag dans la gueule, et j’ai vu le sourire sur le visage de ma maman, ce sourire au dessus des draps bleus, dans cette chambre franchement pas joyeuse, avec cette vieille dame quasi momifiée juste à côté, et j’ai su que j’avais bien fait.

C’est bizarre d’être là. Partie si vite que j’ai pas eu le temps de m’y préparer. Deux semaines loin de Montréal, loin de mes amis, loin de Dora, loin de ma vie. Ils me manquaient déjà avant même de partir, et je sais que je serai heureuse de rentrer, en attendant, je profite d’être là. Ici, comme toujours, la sensation d’être partie hier, que rien n’a changé. Ici, les arbres verts purs, le ciel bleu, le soleil pour chauffer mon visage. Ici les pubs avec Tony Parker pour vendre des voitures et Tony Parker qui sort sa ligne de vêtements. Ici le Sud, les gars en full-look survêt’ et les filles trop maquillées, les gens qui parlent fort, les magasins bondés où on te dit pas bonjour. Ici la bouffe qui a du goût, le vin pas cher, les restos pieds dans l’eau, vu sur Marseille. Ici la France. Ici mes origines.

niolon

Je parle beaucoup trop de Montréal. Je dis « au Québec on », et je m’en veux d’avoir repris trop vite mon accent et mes expressions françaises – même si parfois j’hésite sur un mot, me disant qu’ils ne vont pas comprendre. J’ai envie de dire à ma mère et à ma famille d’arrêter de me demander si j’ai un copain, parce que non. J’ai envie de dire à mon père qui fronce les sourcils sur l’achat d’un lave-vaisselle alors que j’ai pas de boulot que non, y a pas à s’inquiéter. De leur raconter ma vie, la vraie, ma liberté, comment chaque jour qui passe est plein de surprises et de petits bonheurs, comment beaucoup de choses ont été bousculées mais que c’est bien. Je suis chez moi comme en jetlag, lieux familiers, rien n’a changé, et pourtant tout. Ce tout en dedans, ce tout bien plus profond, ce qui me fait, moi.

Deux semaines.

aix

Voyages

amsterdam.

amsterdam-weekendCa fait plus d’un an et demi maintenant que j’ai découvert Amsterdam, et je sais pas vraiment pourquoi je n’ai jamais pris/trouvé le temps d’en parler sur mon blog. C’est dommage, un peu. J’ai beaucoup aimé Amsterdam. C’était en Novembre 2012, un week end prolongé, le genre de plan pour lequel ta meilleure amie te dit « tu viens, on part à Dam avec Clem et Gi, et on va dormir sur une péniche« . Alors tu dis oui, parce que tu viens de te séparer, que t’es au chômage et que ta vie consiste à attendre que le PVT ouvre. Tu dis oui, parce que c’est cool, les weekends avec les amis.

C’est tout début Novembre, au retour de Montréal, et encore jetlaguée. Un aller sur Paris, une nuit sur un matelas gonflable qui se dégonfle, et le départ à 6 heures le lendemain matin. A quatre dans une Twingo, direction la Belgique puis les Pays-Bas. A l’arrière on est tassées entre les sacs et les duvets, on finit notre nuit.

Amsterdam Amsterdam Amsterdam Vélos traversier amsterdam

Ce weekend à Amsterdam, outre la découverte d’une très jolie ville, c’est plein de souvenirs. Le genre de weekend un peu WTF où tu préfères rire que pleurer. Parce qu’il fait froid et humide et que la péniche est pas chauffée. Alors on dort tout habillés et on se serre sous les couvertures. Parce que ya pas vraiment d’eau chaude et qu’on prend des douches en gueulant que putain il fait froid – quand ya pas deux cons qui s’amusent à faire tanguer le bateau. Parce que la « salle de bains » comporte un toilette qu’il faut pomper pour vider, et qu’on ira tous squatter les WC du super-resto-café italien où on va petit-déjeuner chaque matin avant de prendre le traversier pour rejoindre la ville.

C’est les soirées à rire comme des débiles en jouant au Times Up enroulés dans nos sacs de couchage. C’est les journées à arpenter la ville et les canaux en vélos, et rentrer trempés parce qu’il pleut-neige et qu’on a pas d’imperméables. C’est la balade en péniche où on cherche les volets (parce que je sais pas si vous avez remarqué mais ya plein de pays où il n’ya pas de volets. c’est très Français/Italien/Espagnol les volets. et moi ça me perturbe que y ait pas de volets dans des pays aussi froid que la Suède ou le Canada. ou les Pays-Bas) (mais on a vu plein de fake volets à Amsterdam, et ça c’est bien).

Amsterdam AmsterdamAmsterdam Vélo Adidas Amsterdam Amsterdam canauxA Amsterdam, outre l’herbe, les filles et les vélos, il y a des canaux, et des façades en briques. Et puis des tags, des magasins de didjeridoos, de la bonne bière. On est passés sur et sous des petits ponts trop cutes. On a mangé pakistanais. On a failli se faire écraser par des vélos et mourir environ 12 fois. On a découvert que le Gouda c’est vraiment trop super bon en fait. J’ai trouvé mon nouveau jean fétiche chez Gsus (tellement fétiche qu’il a trépassé il y a 3 semaines). Et on a acheté des tulipes pour rapporter à nos parents.

Alors j’ai pris beaucoup trop de photos, parce qu’on avait une lumière extraordinaire et que Amsterdam, c’est beau.

Et puis on est rentrés, toujours en Twingo, en faisant un énorme détour pour trouver un Burger King bien caché au fond d’un centre commercial au milieu du trou du cul de la Hollande. Mais on a mangé Burger King. Et on a beaucoup rigolé.

Bref, c’était bien.

Tag Amsterdam
Tag Amsterdam Amsterdam Marché aux Fleurs Amsterdam Tag Amsterdam Amsterdam gay
Vélos Amsterdam Amsterdam Amsterdam faux volets Amsterdam Coffee  shop Amsterdam

Amsterdam city theaterAmsterdam Ludi & Clem