Chroniques

petit guide de survie à l’usage des gens en colocation

Il fût un temps où je n’habitais pas un 15m² dans la rue des travestis de la Place de Clichy, mais un appart’  haussmanien de 170m² (et 4m de plafond mouluré) Cours Lieutaud (la rue à Marseille avec toutes les motos, là où ils font les manifs… entre Canebière et Castellane… mais siiiii !!), avec une chambre (à moi toute seule) de… 25m², et quatre autres Cacahuètes. Il y eu entre temps un 120m² à Dortmund, au dessus d’une pizzeria turque, partagé avec une anglaise chieuse , un chat, et un hippie geek crado de 29 ans. Et un peu avant, un appart où le salon n’avait pas de fenêtres et où la coloc Indienne laissait son curry embaumer la cuisine. C’est pour dire, j’ai eu l’habitude de vivre en communauté, et la solitude d’aujourd’hui me pèse.

C’est que bon, au début, c’était pratique de pouvoir cuisiner en restant sous ma couette, et de pouvoir parler à mes invités pendant qu’ils étaient dans la salle de bains. Mais là, j’avoue, je commence à tourner en rond. Même pas la place de poser un tapis de yoga entre la table et le pied du lit, j’ai dû cacher l’aspirateur sous le lit et coincer mes valises en haut de l’armoire, et SURTOUT je n’ai PAS d’étagère à chaussures.

L’autre défaut de vivre seul (que certains apprécieront peut être), c’est de n’avoir personne à qui parler en regardant la télé. Surtout quand c’est Super Nanny. Où la Nouvelle Star. On se retrouve donc à raconter via MSN à sa copine qui est partie loin aux Stazunis les histoires de gamins pleurnichards, les nouveaux clips, et la bouse musicale et télévisuelle qu’elle loupe. Pire, on finit par prendre conscience qu’on regarde vraiment de la merde, et toute seule, c’est pathétique. Enfin, et c’est la que la looze internationale se ressent le plus, on se met à se faire des soirées Nouvelle Star sur Twitter, histoire de tenter de recréer un peu de cette chaleur humaine qui manque tant entre ces quatre murs…

Certains diront pourtant que la coloc n’a pas que des bons côtés. Pour citer quelques exemples, on peut parler des histoires de salle de bains occupée trop longtemps, de vidage de ballon d’eau chaude, de gens qui dorment dans le salon, de petits copains envahissants, de manque d’insonorisation entre les pièces, de piquage de bouffe dans le frigo, de poils/cheveux laissés dans la baignoire, d’étendage de linge et de sorties de poubelles, de tours de vaisselle, et autres petits désagréments quotidiens.

Et pourtant. Les mois passent et on survit. Ou pas. Enfin, on s’aime, on s’aime moins, on se dispute, on s’explique, on se supporte, on se réconcilie, on organise des grosses chouilles, on se faut jeter par les voisins, et la caution qui saute (la caution qui saute, la caution qui saute… nananana). Finalement, ce qui est plus difficile, c’est de vraiment se détester. Si je prends un échantillon représentatif (ou pas) de mon entourage, 1 coloc sur 2 se déteste à la fin. 1 sur 2 se cotoie sans guerre déclarée. Et ce qui reste s’adore trop à mort et pleure quand tout le monde se sépare.* C’est bien plus difficile de faire régner un climat de haine et de tensions constantes. Pour faire suite à une remarque d’un de mes colocs « on s’est jamais fait de crasses », je vais tenter ici de lister certains moyens de foutre la merde casser l’ambiance dans une coloc. Ou tout simplement de se venger d’un coloc un peu chiant agaçant.

Le salon:

– Se ballader à poil (très bien si on a des colocs pudiques). Ou mieux: laisser sa copine/son mec se ballader à poil
– Enlever les piles de la manette télécommande
– Mettre des miettes sur le canapé.
– Laisser le chat dormir sur le canapé et ses poils partout (surtout si vos colocs sont allergiques). Mieux: laisser pisser le chat sur le canapé
– Si colocs non fumeurs: fumer dans le salon. Sans ouvrir la fenêtre (s’applique dans presque toutes les pièces)
– Inviter un mec bourré à dormir « ah t’habites loin, viens chez moi ». Laissez le vomir bruyamment pendant que vos autres colocs dorment.
– Laisser trainer vos chaussons/chaussures/vernis à ongles/magazines/ordinateur/assiettes sales/toute chose que vous avez emenée là et « oubliée » après avoir regardé la télé

La salle de bains/les toilettes:

– Oublier systématisquement de tirer la chasse. Si on est un mec et qu’on vit avec une/des filles: oublier de baisser la lunette des toilettes.
– Terminer tout le PQ. Oublier d’en racheter. Prévoir son propre rouleau qu’on gardera caché dans sa chambre.
– Piquer le gel douche de votre coloc. Le laisser ouvert n’importe où pour qu’il/elle s’en rende compte, et nier.
– Piquer le rasoir de votre coloc (fille)
– Laisser des cheveux/poils dans la baignoire/douche, de même pour les toilettes
– Emprunter le dentifrice. Appuyer bien fort au milieu. Laisser le bouchon ouvert.
– Vomir un soir d’alcool. Mais pas partout.
– Faire tourner une machine au milieu de la nuit. Mode essorage au moment où votre coloc s’endort.
– Laisser le linge moisir au moins deux jours dans la machine, après lavage. L’odeur est tenace.

La cuisine:

– Laisser votre vaisselle. Toujours.
– Oublier de refermer le pot de Nutella. Laissez le ouvert avec un couteau dedans, sur la table du petit dej/goûter.
– Laisser le beurre dehors. Fondre. Idéalement, prendre un paquet souple et pas une barquette.
– Terminer le lait/jus d’orange/coca/whisky, et « oublier » d’en racheter. Dommage, vous n’en buvez pas.
– Variante: laisser dégazer le Coca (que vous ne buvez pas non plus)
– Laisser le paquet de céréales/le pain ouverts pour que ça ramolisse/durcisse.
– Ne jamais nettoyer les plaques de cuisson. surtout après avoir cuisiné une bolognaise. Ou un curry.
– Faire pareil pour le micro ondes, après l’explosion d’un pot de sauce toute prête
– Laisser un camembert moisir dans le frigo (marche aussi avec la bouffe chilienne)
– Oublier de sortir la poubelle. La laisser déborder.

Les chambres:

– Si votre lit est collé au mur de la chambre de votre coloc. Si vous avez un copain/une copine. Vous savez quoi faire. Même si le lit n’est pas collé. On s’arrange.
– Lors de l’absence (ou non) de votre coloc, allez faire un tour dans sa chambre. Histoire de tester son lit. Avec votre copain/copine. Ou ses meubles. N’hésitez pas à y aller fort, histoire de péter une ou deux lattes/une commode/autre. Oublier son string est assez sympa aussi.
– « empruntez » des fringues (ou d’autres objets) à votre coloc. Si il/elle cherche, vous ne savez pas où c’est. Si il/elle trouve, vous ne savez vraiment pas ce que ça fait dans votre chambre !
– Restez enfermé tout le temps dans votre espace à vous. Pour manger, dormir, bosser. Surtout quand vous n’êtes pas seul(e). Mais non, vous n’évitez pas vos colocs ! Pourquoi ?

Je pourrais en rajouter encore. Mais peut être que vous avez des idées… ?

*

*Etude non scientifique réalisée sur un échantillon non représentatif de gossips sur les colocs dans mon école, et ailleurs. Le pourcentage restant est laissé à l’appréciation des Cacahuètes, des Belleviloises et des membres de la GangBang Theory. Aucun coloc n’a été malmené durant la rédaction de cet article. toute ressemblance avec des faits et personnes ayant réellement existés serait fortuite.