Je m’insurge. Oui, petit lecteur, petite lectrice, c’est à toi que je parle. Encore une fois, ce blog va me permettre de rétablir une vérité méconnue sur un fait de gastronomie et de société longuement implanté. Je tiens par la même occasion à rabaisser enfin ce statut autoproclamé de Paris comme lanceur de tendances.
Bon.
Revenons en à nos moutons.
Et en effet, c’est de moutons qu’il s’agit, car une des plus grandes indications de l’erreur du siècle est la vision des américains du sujet qui nous importe aujourd’hui, ledit sujet ayant pris une place majeure dans un film de Sofia Coppola sur cette chère Marie Antoinette, qui aimait les moutons.
CQFD
Donc. Il existe à Paris, notre belle capitale grise et puante (pardon, je rentre de là bas je suis un peu blasée), des gens (une quantité assez nombreuse, je dois dire) qui ont décidé (par une prise de pouvoir capitaliste, au sens « de la capitale« ) que les macarons devaient avoir une couleur pastel, deux faces rondes et lisses et des goûts divers et variés. Ces mêmes personnes ont proclamé que les macarons en question se devaient de coûter une fortune, et de se déguster avec un thé Mariages Frères. Enfin, cette classe de la population a décrété que les meilleurs macarons se trouvaient chez Ladurée (quoique certains irréductibles guerroient pour soutenir que non, les meilleurs macarons viennent de chez Hermé).
Malgré la confirmation de ces croyances Rive Gauche par les habitants de la Rive Droite, Sofia Coppola, et même Helmut Fritz, je suis désolée de t’annoncer, cher petit lecteur Parisien au coeur rue Bonaparte (à gauche, donc), que tout ceci n’est que mythe et mascarade. Car le VRAI macaron n’est pas (et de loin) cette petite chose fragile, lisse et fade qui s’accompagne de thé.
Non que je critique le thé Mariages Frères, hin, soyons clairs là dessus: j’adore !
Non. Le VRAI macaron, l’original, celui que j’ai découvert au (presque) berceau, celui qui a rythmé mes goûters d’enfance, celui qui est encore et toujours fabriqué dans mon Sud natal, l’original qui a inspiré les prétentions Parisiennes, est un macaron provincial.
Oui Madame.
Provençal, même.
Alors je tiens à le dire tout de suite: qu’Hermé et Ladurée se retiennent, et toutes vos prétentions bourgeoises, il ne s’agit pas de finesse de mousse de fruits, ni même de pastel, et encore moins de lisse. Le macaron de chez moi est brut, brut de la poudre d’amandes qui forma son coeur tendre. Le macaron de chez moi n’est pas fourré, non. Ni parfumé. Il se suffit à lui même. Quelques gouttes d’essence d’amande amère, des oeufs, du sucre, et c’est tout. Le vrai macaron sent ses origines, loin de la bourgeoisie de Saint Germain, loin de Versailles et du Petit Trianon, loin des baignoires d’Helmut…
Voici le visage de la vérité, le lieu de l’origine, la véritable identité du macaron…
Je vous laisse méditer sur l’usurpation subie par ces petites choses rondes, au profit d’une pâle dérive aseptisée.
En attendant, si vous voulez goûter, c’est par ici que ça se commande. Ou à Marseille, Torréfaction Noailles sur la Canebière ou au début du Prado (place Castellane). N’allez pas chez la Cure Gourmande, c’est pas bon.