Intime & Réflexions

la girafe, le lion, et l’éléphant

Il était une fois une girafe, qui vivait dans la savane. Cette girafe s’appelait Tippelskirchi, ainsi que ses parents l’avaient prénommée. Tippelskirchi avait grandi sans trop d’encombres entre un baobab et un acacia, entourée de singes, de gazelles et de lions paresseux. Sous le soleil d’Afrique, elle passait ses journée à grignoter des feuilles bien vertes et courir après les zèbres. Tout allait bien. Jusqu’au jour où Tippelskirchi décida de partir de chez elle pour trouver le Grand Namour.

En effet, avec un nom pareil, Tippelskirchi avait développé un gros complexe, et si elle se trouvait jolie girafe, elle était persuadée que son nom impossible l’empêchait d’avancer dans la vie. Chez les girafes, on avait juste un prénom. Tippelskirchi ne pouvait donc même pas utiliser un deuxième prénom, ou son nom de famille. Elle était pourtant résolue à faire quelque chose. C’est donc pourquoi elle pris un jour la route, emportant avec elle sa Puce préférée, ainsi que quelques brins de soleil de son pays. Elle partit avec ses grandes pattes, et ses taches, en suivant le chemin des nuages.

Dans la savane, il y a une légende bien connue, qui raconte que le Grand Namour vit là où les nuages s’entassent, là où la montagne ne touche pas le ciel à cause des gros cailloux, là où il n’y a pas de mer, ni de lumière, ni d’arbres.

Alors Tippelskirchi suivit ce que racontait la légende, et marcha. Elle marcha longtemps, en regardant les nuages courir très vite dans le grand ciel, elle marcha longtemps, s’arrêtant parfois pour dormir, et parfois pas, lorsque la nuit trop sombre masquait les loups de la savane. Sa Puce préférée, qu’elle appelait Numéro Une (car c’était sa première), était à son habitude, installée entre ses cornes, suçotait un poil ou deux lorsqu’elle avait faim.

Et un jour, elle arriva Là Où Le Ciel Finit. Elle avait eu peur de ne pas reconnaitre l’endroit. Pourtant, c’était devenu évident. Devant elle s’étalait à perte de vue des centaines de milliers de petites Cases carrées, de toits de tôles, de ruelles enchevêtrées. A l’horizon, on pouvait voir de grandes tours, qui semblaient à cette petite girafe autant d’immenses montagnes très droites, et très hautes. On ne voyait plus le ciel, celui ci se fondait avec la brume épaisse au dessus des toits et des cheminées. On ne voyait plus d’arbres, entre les murs de terre n’apparaissaient que des lignes de poussière. On ne voyait pas la mer, à perte de vue, seules ces cases sales et ces tours immenses qui s’enfonçaient dans la brume du ciel.

Tippelskirchi s’arrêta un instant. Où était-elle ? que pouvait bien faire le Grand Namour dans ce lieu hostile ? Comment le trouver ? Mais la Puce Numéro Une lui souffla dans l’oreille de ne pas hésiter. Elle avait parcouru trop de kilomètres sous le ciel tour à tour rouge, noir, et blanc. Elle avait traversé des plaines, des collines, de forêts, escaladé des montagnes, nagé dans des fleuves, et suivi le littoral. Elle n’avait plus rien à perdre.

Elle s’enfonça donc vaillamment dans la Ville.

(…)

à suivre…