La semaine dernière, je me suis mariée.
Je fais les choses un peu à l’envers, je sais. Dans la vraie vie, on annonce son mariage avant. Genre vraiment avant (un jour faudra qu’on m’explique #lesgens qui préparent leur mariage 2-3 ans à l’avance) (genre même les concerts de Madonna sont pas bookés aussi en amont) (tsé, c’est un mariage, pas l’organisation de la Coupe du Monde, les gens vont être contents malgré leur nuit au Formule 1…) (bref je m’égare). À l’avance, donc. On prépare. On fait un budget, un plan de match. On envoie des faire-parts, on partage sa préparation, les indécisions de robes, le traiteur, la couleur des macarons, le discours du curé, les Power Point, le DJ. On fait des rencontres de familles, le plan de table, une liste de mariage. Et puis on stresse un peu, aussi, ou beaucoup. Enfin, je crois.
C’est à dire que je suis pas spécialiste, c’est ma première fois.
J’ai pas vraiment annoncé que je me mariais. J’ai trouvé ma robe chez Urban Outfitters, un coup de coeur, un essai, 80$, et j’ai finalisé ma tenue le jour J. Ya pas eu de cérémonie, ni de discours, encore moins de Power Point de photos embarrassantes de nous petits ni d’enterrement de vie quelconque, et pour la bouffe et le plan de table, c’était plutôt ambiance potluck que Moët&Chandon – venez comme vous êtes, mettez une chemise, et apportez un tupp ou un brownie. Avec tout ça, on a même pas eu le temps de stresser.
Si on regarde ça sous cet angle, soit c’était pas un « vrai » mariage, soit je suis une mauvaise mariée. Je penche pas mal pour la deuxième option, vu que la signature sur le papier, elle dit bien que ça y est, on est époux pour la vie, qu’on se doit respect-fidélité-soutien et que si je meurs, t’as la moitié de toute ma fortune, et la responsabilité de Dora. C’est pour vrai qu’on a des alliances avec pas-vraiment-nos-noms gravés dedans. Pour vrai qu’on s’aime comme on s’aime, avec des jokes débiles et sans modération. Pour vrai qu’on a dit « oui, je le veux » devant un notaire Breton et le Code Civil Québécois (cherchez l’erreur), même si j’ai éclaté de rire à ce moment parce que this shit has become real. Pour vrai qu’on aimerait très fort que ça dure, pour un bout, pour longtemps, pour toujours, qui sait. Alors une signature, ça change pas grand chose là-dedans, et puis ça change beaucoup, pourtant.
C’était un soir de Février, je savais plus si je devais pleurer, faire mes valises ou sauter du balcon, et puis il m’a fabriqué une bague de fiançailles avec le machin en fer qui tient les bouchons de cidre. Alors j’ai souri parce que c’était la plus belle preuve d’amour qu’il pouvait me faire. C’était un vendredi d’Avril, il pleuvait, je portais une robe bleue et des escarpins, et lui des Vans et un noeud papillon, on a pris la voiture pour faire 300 mètres parce que ma témoin avait pas le goût de marcher en talons, on a mangé des crêpes avant, et bu du cidre après, et puis a célébré l’amitié franco-québécoise avec des mojitos et beaucoup de bière.
J’avais dit que j’écrirais pas là dessus. J’avais dit que j’en parlerai pas, c’était pas si important, ou un peu trop intime. Mais ya eu tout le reste. Ya eu tous ces gens réunis et tout cet amour, et ce moment où tu réalises à quel point tu es aussi amoureuse de ce pays que de ce barbu là, à quel point c’est beau, toute cette bienveillance. Ya eu des ballons, des gâteaux, un bouquet, des photos, une enveloppe surprise, un chat traumatisé, moins de ménage que prévu, 5$ de bouteilles consignées. Ya ce moment où je réalise que j’ai pas hésité. À aucun moment. J’ai dit oui. J’ai sauté. Sans douter. Ce moment où j’ai pris conscience qu’avec lui, j’ai plus peur de l’avenir.
Faque. C’était peut être pas le plus beau jour de ma vie, mais c’était assurément le premier jour du reste de ma vie. De ceux qui donnent un sourire et de la lumière dans le coeur, de quoi s’accrocher aux belles journées qui s’en viennent, et avoir le goût de recommencer, un de ces jours, avec la famille et tous ceux qui manquaient.