Depuis quelques semaines, il m’arrive un truc assez flippant. Enfin, je dis assez, c’est un euphémisme (mot qui m’aura demandé 32 minutes de réflexion pour le retrouver, NDLA). C’est à dire que c’est vraiment flippant. Comme quand j’ai réalisé que j’étais devenue un couple, tu vois. Le genre de prise de conscience qui te fait bloquer 10 minutes sur ta condition de fille qui s’était pourtant toujours dit que non, elle serait pas une vraie fille.
Oui petit lecteur. Je t’ai parlé de mes exploits en cuisine. De mon emménagement. Et de mon évier d’angle. Et bien ceci n’étaient que les prémices de cette évolution, dont il a bien fallu que j’assume les conséquences.
Depuis que j’habite dans mon nouvel appart, je suis devenue une femme d’intérieur.
faudrait que je change de coiffure, cela dit…
Femme d’intérieur, oui oui. Ambiance maniaco compulsive, cuisine, tablier à carreaux et éponge à portée de bras. C’est que (je l’ai déjà dit), ma cuisine donnerait envie à n’importe qui de cuisiner. Mais pas seulement. Elle est grande. Elle est belle. Elle est lumineuse. Et rien que pour ça, j’ai envie d’y passer du temps. Alors je trouve des excuses.
Quand je ne cuisine pas, je la nettoie. Je passe avec amour et tendresse un coup de pschitt sur les plaques vitro céramique. Je range les fruits dans une corbeille à fruits et le thé dans des boites à thé. Et puis je répartis les aliments dans mon frigo. Histoire que ça ait l’air plus rempli (j’ai un super grand frigo, ça fait tout vide si on range ça version mini frigo d’étudiante Tétris tout esquiché, vois tu). Je prépare de la ratatouille. Et c’est limite si j’ai pas envie d’aider le Garçon dans la préparation de la compote.
C’est dire que j’y passe du temps.
Heureusement que c’est une cuisine ouverte (Américaine, on dit), sinon je te raconte pas, vive la vie de couple et la communication. Là, c’est top, je peux discuter avec lui depuis mon antre, pendant qu’il fixe les tableaux au mur et joue à Mario. Un tableau idyllique de petit couple modèle, isn’t it ? J’en viens même à préparer des petits plateaux apéro, avec tartines grillées/Saint Môret et radis.
Ca pourrait sembler idéal, mais la réalité c’est que plus le temps passe, moins je me lasse. Et ça devient grave. Après le cuit vapeur, j’ai acheté un tablier. J’ai décidé de dévaliser Picard et de me mettre à faire la cuisine pour de bon. Après la quiche lorraine, c’est un filet mignon qui attend son tour dans le congélo. Et je cherche à tout prix à inviter des gens pour trouver l’excuse de cuisiner.
Résultat: en parlant du Garçon, c’est comme si il n’osait plus mettre les pieds dans la cuisine. J’ai beau justifier sa non présence derrière les fourneaux par l’abus d’oignons* dans ses recettes fétiches, l’illusion ne tient plus. C’est que c’est lui qui avait vu le potentiel du lieu. Et c’est moi qui y ait installé mes quartiers (à ma hauteur dans les placards, qui plus est).
Je crois que j’ai besoin d’aide. La monomanie compulsive a beau être de famille, ma mère n’a jamais montré d’obsession pour sa cuisine. Et ça ne justifie pas tout. Le Garçon commence à rager de devoir garder le canapé pendant que je noie d’ail et d’herbes de Provence mes courgettes et aubergines fraichement découpées. Je crains qu’il ne montre les dents, un de ces jours, à force de se contenter du découpage d’oignons et de charcuterie (les trucs avec des couteaux très pointus, je lui laisse).
Il faut une solution. Car ça commence à s’étendre dans le salon. Depuis quelques jours, je me mets à faire la poussière. Et arranger les coussins sur le canapé.
Il faut que je m’inscrive aux FIA. Les Femmes d’Intérieur Anonymes. Avant que ça ne devienne incontrôlable… Et si ce n’est pas pour moi… soyons solidaires ! Il faut sauver le Garçon de l’invasion !
Sinon, il reste une dernière solution pour sauver mon couple…
ça.
*L’oignon est un ingrédient qui devrait ne pas exister dans la nourriture humaine. Je veux dire, ça pique les yeux, ça pue et c’est pas bon. Après quoi tu digères ça pendant trois jours. Gros fail de l’omnivore que nous sommes, donc.