Voilà déjà cinq mois que j’ai quitté Paris, pour Bordeaux d’abord, puis depuis un mois et demi pour retrouver mon Sud natal. Cinq mois, c’est long et c’est court à la fois, et j’ai depuis eu le temps de remonter trois fois dans la capitale pour voir les coupaings et prendre une bouffée d’air pollué, revoir les immeubles Haussmanniens et la Tour Eiffel, et me promener dans les couloirs qui puent du métro.
Le truc étrange, c’est que cinq mois après et malgré tout ce temps passé en Province, je ne me sens absolument pas dépaysée quand je remonte à Paris. C’est même complètement autre chose, il y a un sentiment de familiarité (jusqu’ici c’est un peu normal pour une ville où j’ai vécu plus de trois ans), voire même de « je m’y sens chez moi ».
Voilà. C’est ce truc très bizarre qui m’est arrivé la dernière fois que je suis montée, arrivée à Gare de Lyon, et que j’ai pris la 14 et la 13 direction chez des amis qui vivent Porte de Saint-Ouen. Je suis arrivée avec mes valises, j’ai suivi machinalement les couloirs de la gare, emprunté le changement à Saint Lazare, avec l’impression tenace que je rentrais chez moi.
Hier, dans le métro. Ma ligne 13 quotidienne, pas si blindée pour une fois. Je suis debout, dans l’allée entre deux sièges. Miromesnil,ou peut être une station avant, il y a cette femme qui monte. Le métro repart, elle vacille et me marche à moitié sur le pied. « Pardon » elle me dit avec un sourire. J’aime les sourires dans le métro. J’aime les gens polis, c’est tellement rare. Deuxième secousse, elle manque de tomber et s’accroche à mon bras, « restez debout ! » je lui dis. Sourire. Elle répond, on échange quelques mots, et soudain il y a comme ce calme qui se fait en moi.
Je ne suis pas réellement une personne tactile. Je n’aime pas particulièrement le contact avec les gens et je ne vais pas « naturellement » toucher les autres, mais cela ne me dérange généralement pas. Dans le Sud, les gens se touchent, posent la main sur toi lorsqu’ils te parlent, ont ce sens du tactile, culturellement. Les hommes se font la bise et ça ne choque personne. En Allemagne, lorsqu’on se connait bien, on se « hug » pour se dire bonjour. A Paris, malgré la promiscuité qu’offre cette ville et ses transports en commun, les gens ne se touchent pas. Ce n’est pas dans la culture, étrangement on cherche plutôt à s’éloigner, à supprimer la proximité que nous impose le mode de vie Parisien. Alors je me suis habituée, à n’être plus touchée, à ne plus toucher les autres. Parce que ça ne se fait pas. Parce qu’ils peuvent être mal à l’aise. Parce que c’est comme ça.
Et puis, de temps en temps, il arrive qu’une personne pose ses mains sur moi, qu’un contact se produise. Un collègue qui vient mettre ses mains sur mes épaules alors que je suis assise devant mon écran. Une amie qui me serre dans ses bras. Une inconnue qui s’accroche à mon bras dans le métro pour ne pas tomber…
Cette femme, plutôt âgée, plutôt apprêtée. Manteau noir, mascara, & rouge à lèvres, un parfum léger. Les yeux mi clos pour lire son magazine, peut être à cause d’une coquetterie qui la retiendrait de porter des lunettes de vue. Un contact pourtant rapide, une discussion entre deux stations, comme deux usagers qui échangent des banalités sur la conduite sportive de certains conducteurs de métro, et pourtant il se passe quelque chose. Nous sommes allées nous asseoir après que deux personnes aient libéré leur place pour descendre, et la sensation a perduré. Comme un état de calme, d’apaisement. Comme si cette femme, sa présence, son parfum, sa voix, avaient sur moi un effet relaxant.
Brochant, il a fallu descendre. Au revoir madame. Et pourtant, j’avais envie de rester là, jusqu’au bout de la ligne près de cette aura reposante. J’ai eu envie de me tourner vers elle et de lui dire, madame, merci pour ce moment, peut être que vous ne le savez pas mais vous avez quelque chose qui émane, une aura, une présence qui m’a fait du bien.
J’ai voulu raconter, alors, l’influence de ces personnes, bien souvent des inconnus, qui apparaissent aussi soudainement qu’ils repartent, et qui, par une voix, un geste, nous donnent envie de nous poser, de rester là sans bouger, parce qu’on se sent bien. Ca m’est arrivé, quelques fois, de me sentir zen, bercée par la voix d’une vendeuse, touchée par une personne de mon entourage. A ce moment je me sens comme une enfant qui aimerait que cette voix continue à lui raconter des histoires pour s’endormir, ou que cette main reste là, posée sur mon bras.
Je ne sais pas si ces gens ont conscience de l’effet qu’ils produisent, ou si c’est juste moi. On parle souvent d’auras, ou de « toucher » qu’auraient certaines personnes, de magnétisme. Je ne sais pas s’il s’agit d’y croire, ou simplement d’apprendre à se laisser porter. Arrêter d’être constamment sur la défensive quand quelqu’un pose sa main sur vous, ou entre dans votre espace « intime ». Peut être s’agit-il juste d’accepter que nous sommes des être sociaux, et que ce contact est important et peut faire du bien. On l’a oublié, je crois, à Paris, dans notre mode de vie. Comme la parole, ou un sourire peuvent aussi déstresser en quelques secondes.
Merci, madame du métro, pour ce moment d’apaisement…
(oui, c’est la semaine des titres en angliche) (c’est que je suis bilingue)
Vous le savez, je voyage beaucoup. Enfin, je vais et je viens entre tes reins entre le TGV et les aéroports, entre l’Est et l’Ouest, et parfois le Sud ou le Nord. De la France à l’étranger. De ci, de là, d’ailleurs. Toussa. Je parlais il y a peu des touristes (les autres) qui m’insupportent par leur comportement irrespectueux. Mais parlons un peu… de moi. Moi et le Garçon pensons être de ‘bons’ touristes. Des gens curieux, polis, intéressés par l’environnement qu’ils découvrent et les gens qu’ils rencontrent. Un couple qui aime la nature, la bonne bouffe, les randonnées, la mer, les villes; qui n’a pas peur de marcher des kilomètres pour aller d’un endroit à un autre, ou de tester les coutumes locales.
(ok, en Guadeloupe on s’est quand même payé un gîte de luxe, mais voilà quoi on a goûté de la vraie daurade au barbeq)
Ca, c’est ce qu’on aimerait être. Ou, au moins ce qu’on aimerait que nos rencontres et hôtes de voyage pensent de nous, lorsqu’on leur demande des conseils sur quoi faire, où, quand, comment, que découvrir.
Malheureusement, nous partons avec un handicap majeur. Une caractéristique qui nous empêche – semble-t-il- de ressembler à ce que nous sommes. Qui retient les autochtones (spécialement en France) de nous donner les vrais bons plans, les vrais trucs intéressants à faire, la vraie vie d’ailleurs. Qui leur fait prononcer des phrases telles que: « à partir du moment où vous dites bonjour, s’il vous plait, merci et au revoir, les gens vous rendront service« , ou « vous avez une voiture ? parce qu’à pieds c’est loin, au moins 10 minutes« …
Oui tu le vois venir le gros post de blasée frustrée parisienne, en mode « sont tous cons font du bruit et puis sont mal habillés et trop l’air débiles avec leurs appareils photos en bandouillère ahahah« . Oué, en vrai moi aussi je porte mon appareil autour du cou en vacances. Et des tongues Puget (même que j’ai la classe) (sisi). Je veux dire, on a tous l’air ridicule (en général) quand on part en vacances.
Enfin je sais pas vous mais moi, oui, je m’emmerde moins avec mes tenues et mon maquillage quand je pars en voyage, on va dire.C’est pas que les talons aiguilles pour marcher 6 heures par jour c’est pas top, mais presque.
Bref. C’est pas de la fashionista touristique dont je veux te parler. Mais des comportements…
Ce matin je prenais (comme chaque matin) le métro. Ma chère ligne 13 (ahah), toujours blindée, toujours en galère. Arrivée Place de Clichy, voilà qu’un groupe de gens de je ne sais quelle nationalité (on m’accusera pas de faire ma raciste anti certains pays comme ça) se JETTE littéralement dans le métro, en mode vas-y que j’te pousse tout le monde et vas-y que j’te mets mon gros sac à dos dans la figure et que je parle fort et que je bloque la fermeture des portes du métro, parce que Micheline (en version langue du pays) est pas encore entrée.
Je précise que ces personnes avaient tous la quarantaine bien tassée.
En ce moment, j’ai une frénésie de relecture de mes bouquins d’adolescence.
Pour la petite introduction, au cas où tu ne le saurais pas (encore), je suis une grosse lectrice. Rat de bibliothèque dès l’âge de lire Oui Oui et la Bibliothèque rose, il y a une période où je vidais chaque semaine les rayons jeunesse de la bibliothèque municipale, ayant droit au double du quota réservé à chaque abonné, et connaissant chacune des bibliothécaires par leur prénom.
En grandissant, j’ai fait le tour des rayons adulte. Parce que bon, j’ai beau adorer Judy Blume et Roal Dahl, je me faisais un peu chier. J’ai donc très tôt (15, 16, 17 ans) découvert Despentes, Houellebecq, Auster et autres Djian, avalant des kilomètres de mots à la semaine, des heures plongée dans des lignes, à terminer ces romans sous ma couette, lampe de poche à la main.
(après on s’étonne que je porte des lunettes)
Et puis je suis partie en prépa. Là, j’ai du lire des « ouvrages obligatoires », sauce Dostoïevski (que je dois être une des rares de ma classe à avoir pu terminer) ou plus sympa comme Camus, Véronique Olmi ou Sartre (ses pièces de théâtre, soyons raisonnables). Bref, à part Harry Potter, j’ai un peu abandonné la lecture « pour moi ».
Je n’ai pas le temps. C’est cette phrase qui rythme mes journées, en ce moment. En ce moment, ou devrais je dire depuis trois mois, depuis cette rentrée de Septembre qui n’en finit plus.
Entre ces semaines sans vraiment voir le jour, métro – boulot – soirées – dodo, quelques éclats de rire, et rayons de soleil, des vaches et des marrons, des bus rouges et des kilomètres de shopping, breakfasts et Frühstucks le dimanche, tags, punks et kebabs entre un Flohmarkt, le jüdisches Museum et la Fernsehturm…
De New York à Berlin, je clos ici une année de capitales, de villes aux airs bien variés, d’allers retours en TGV, Eurostar, Easy Jet, Air France, Ryanair, SAS… J’y reviendrai. En attendant que j’aie le temps (ahah), des images…
Rebonjour petit lecteur, petite lectrice, et ce cher Robert (le petit).
Ce matin, après avoir posté mon fabuleux non au quotidien quotidien, je me rendis à l’autre bout de Paris (deux changements et quelques pas en BANLIEUE hostile) pour un rendez vous pris il y a deux mois et demi, qui…. avait été annulé. Mais on m’avait pas dit. C’est conceptuel, vois tu. Prendre une demie journée de RTT et perdre deux heures (et une grasse mat, hin, quitte à prendre un RTT matinal…) pour aller visiter la Courneuve.
(wé)
Puis le métro était blindé de gosses (vacances scolaires obligent), et cette semaine m’a mise à bout – oui ça arrive, alors j’avais juste envie de péter les dents à quelqu’un, comme ça, pour le plaisir de me défouler.
Après on s’étonne que les parisiens font la gueule.
Et puis il y a eu un chauffeur de métro qui a commencé à nous annoncer qu’on allait à « Asnières, mais pas Tahiti, car vous avez oublié vos maillots de bains », et autres. Un sourire. Puis au marché, le vendeur de fruits et légumes était un jeune tout sourire, qui voulait me préparer mes sachets « avec amour » et qui m’a offert des tomates cerises. La caissière du G20 m’a souhaité bonne journée. Le fromager ne m’a fait payer « que » 3€20 mon bout de parmesan reggiano.
J’ai fini par retourner bosser (un demi RTT on a dit), et puis je suis tombée sur ça
attention si tu es une femme enceinte, vaut juste peut être mieux pas, future parental advisory explicit content toussa
et tu sais quoi ?
Même si il y a des jours et des semaines où on a l’impression que tout s’accumule, qu’on va exploser en larmes et évacuer le trop plein devant le premier quidam du métro qui nous bousculera, ça remet les choses en place. On se pose, on regarde autour de nous. Et on se dit que merde, malgré les coups de stress, les crises de larmes, les moments de ras le cul et les envies de tout envoyer chier pour aller élever les trolls en Papouasie, comparé à ce qui peut se passer de vraiment grave, elle est vraiment pas si mal, en fait, ma vie.