Au quotidien

alors on est allés voir la mer

metro

C’est toujours trop court. Le temps de se dire salut ça va, de rattraper les nouvelles, ton visa, ton boulot, les amours, et on commence à peine à parler de vraies choses – des choses dont on discutait quand on se voyait, avant – que c’est déjà le moment de se dire au revoir. Next. Traverser Paris sous terre, les lignes s’enchaînent et se ressemblent toujours un peu, je connais presque par coeur le tracé des couleurs sur le plan, changement, couloirs blancs, les 4×3, l’odeur de la pisse. Raconter pour la 5e fois la même chose, répétition absurde qu’on enchaîne pourtant presque avec plaisir, parce que ça fait du bien de se voir. Vraiment. C’est frustrant, aussi, parce qu’il suffit d’un mauvais jour, d’une fatigue passagère, et on se loupe – c’est la vie. La sensation d’avoir raté quelque chose, alors, et l’impression d’être vide – vide d’avoir beaucoup donné, et peu reçu, vide d’avoir raconté, encore et encore, la vie, vide des kilomètres avalés, de l’enchaînement des personnes, de toutes ces retrouvailles toujours trop courtes, ces déjeuners trop rapides, ces sujets dont on a oublié de discuter. La fatigue, les nuits trop courtes et les réveils bouffés par le décalage horaire, les verres de vin et de bière qu’on enchaîne, les cafés, les bars, les restaurants. Et les amis, ceux qui se plient en quatre pour qu’on puisse se voir malgré mes changements de programme et mon planning chargé, ceux qui t’hébergent en dernière minute, ceux qui font des madeleines et sortent du saucisson, ceux qui parlent de cul trop fort dans le resto, ceux qui t’emmènent dans un café des chats (parce que je suis bien la seule personne qui trouverait ça cool), ceux qui se sont mariés, ceux à qui tu sais pas trop comment dire qu’ils te manquent, vraiment, ceux qui.

Un TGV pour Nantes. J’avais besoin d’air après ces quelques jours à Paris, besoin de me poser, loin du métro, loin de l’hôpital et des petits vieux Alzheimer du service où était ma mère, arrêter les aller-retours, les gens, juste être là, mettre mes pieds dans le sable. J’avais décidé de faire ce détour, profiter d’être là un peu plus longtemps, pour une fois, pour aller dire bonjour à l’Océan, rouvrir une parenthèse.

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C’est toujours délicat, des retrouvailles avec quelqu’un à qui on a dit au revoir il y a presque un an, sans savoir quand serait la prochaine fois. C’est cette boule au ventre, l’excitation mêlée de crainte, et le temps compté : deux jours, 48 heures, un peu moins de 3000 minutes. Va-t-on avoir des choses à se dire ? S’engueuler pour des conneries ? Enchaîner les discussions vides ? Ou bien.

On a pris la voiture, direction Noirmoutier. La destination au hasard, Guérande et le Morbihan, je connais, alors on a choisi la possibilité d’une île. Le temps de traverser des champs et des marais, et ce pont au dessus de l’eau boueuse à marée montante, et on y était. Des rochers granites, du sable couvert de coquillages et des galets pour faire des ricochets. Il faisait bon, sous le vent, derrière les arbres,  je perdais complètement au jeu de la comparaison des tâches de rousseur – le soleil me manque, et l’Océan, et nos sourires. J’ai beaucoup souri, je crois, parce que j’étais bien là sur cette plage face à la marée haute, parce qu’on a discuté de tout et de rien, parce qu’on s’est même pas pris la tête sur nos divergences politiques. On a mangé dans un resto presque choisi au hasard, au moment de payer l’addition on a parlé de Montréal avec les proprios – de comment c’est bien, là-bas, de la ville souterraine, de la mentalité. Et puis le lendemain il pleuvait, alors on est rentrés à Nantes et on s’est baladés sur les bords de l’Erdre et dans les ruelles, je voulais manger des crêpes mais c’était pas aussi bon que dans mon souvenir, et puis on est allés voir cette grande flaque derrière l’aéroport, une grande flaque pleine d’oiseaux et baignée de soleil, et c’était beau. Alors il a fallu partir, un avion pour Marseille, vol nocturne. Dire à nouveau au revoir sans savoir quand serait la prochaine fois. Pas vraiment savoir quoi se dire, finalement, parce que fuck les au revoirs, parce qu’un quai de métro, une chambre baignée de soleil, un hall d’aéroport, aucun lieu n’est vraiment fait pour ça.

Tu as remarqué comme vu d’avion, la nuit, toutes les villes ressemblent à des îles… ?

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Au quotidien

les vacances

Alors voilà, je suis rentrée.

C’est drôle, quand j’y pense, depuis Montréal, je dis « je rentre en France », et depuis la France, je rentre chez moi. On devient schizophrène quelque part, avec tous ces avions, ces kilomètres, les gens ici, là bas, le là bas qui devient ici tandis qu’on se demande un peu étrangement c’est où, chez soi.

C’était douze jours un peu flous – la parenthèse prévisible. Comme cet été, ce séjour en France m’aura laissé un goût étrange. Quelque chose de l’ordre du fluide, pas vraiment des vacances car on connait par coeur ces lieux, les pas qui nous mènent d’un endroit à l’autre et les lignes de métro; pas vraiment dépaysant, et pourtant la sensation de ne plus vraiment appartenir à cette vie.

Alors voilà, je suis rentrée.

Pendant douze jours, j’ai mangé du fromage, du pain, du foie gras. J’ai bu du vin, beaucoup, et du champagne. J’ai serré des gens dans mes bras, encore, dit bonjour comme si on s’était vus hier, et au revoir sans savoir quand sera la prochaine fois. J’ai oublié mon accent et mes expressions Québécoises au moment où j’ai posé le pied sur le sol Français – mais ça va revenir. J’ai été au cinéma, j’ai vu la Tour Eiffel, et Notre-Dame, j’ai marché dans Marseille, et dans Paris, la nuit, parce que c’est beau. J’ai mangé des sushis, aussi, été au hammam, au théâtre, et chez des gens que je connaissais pas. Je me suis couchée tard, j’ai rencontré des Singapouriens en transit, aidé des Hollandais un peu perdus et discuté avec un fan de Pokémon ; dansé dans un club gay sur Vanessa Paradis et Lady Gaga (en total cliché), relu le livre d’or des chiottes de ma coloc étudiante, mangé dans mon ancien GQ. J’ai dit un nombre incalculable de fois « tu m’as manqué » et « faut absolument que vous veniez à Montréal » et aussi « ça me fait tellement plaisir de te voir ». J’ai fantasmé sur les Snapchat de l’ami Paingout en Australie, mais en vérité j’étais contente d’être à Paris. J’ai eu chaud et quand même attrapé un rhume. Je me suis levée tard, j’ai grasse-matinée, et sieste crapuleuse, fêté le Nouvel An sur les quais de Seine et partagé une bouteille de champagne avec un couple de jeunes mariés Australiens. J’ai pensé « à Montréal, c’est dans 6 heures », et qu’à Sidney c’était déjà passé, et j’ai trouvé ça extrêmement poétique, quelque part, que le décompte arrive toutes les heures du monde entier.  J’ai loupé un train, et voyagé en Premium Air France, avec du foie gras (encore) et de la place pour les jambes. J’ai eu le coeur serré en survolant le Québec enneigé, parce que sans exagérer, c’est un des paysages les plus fascinants que j’ai pu observer. J’ai passé la douane en croisant les doigts pour pas qu’on chipote sur le fait qu’il me reste plus qu’un mois de visa. Et puis -17°C, et ce ciel, et le blanc partout, et. Continue reading « les vacances »

Intime & Réflexions · Voyages

la parenthèse

Dans quelques heures, je serai dans un avion d’Air France, direction Paris. Dans quelques heures, j’atterrirais à Roissy, dans ce grand terminal tout beau tout neuf. Je réalise pas. C’est l’impression que mes dernier pas sur les pavés français ont eu lieu hier, et que ce hier, c’était il y a une éternité. C’est l’impression que ces six mois qui me séparent de ce mois de Juillet, à l’aéroport Marseille-Provence, à dire au revoir à mes parents au milieu des sacs colorés. C’est savoir que quelqu’un m’attendra, là bas, demain à Roissy, dimanche à la gare TGV d’Aix-en-Provence, que je vais serrer dans mes bras tous ces gens qui sont si loin, les toucher, les embrasser, leur parler en vrai.

C’est une chose étrange que la distance. Si loin d’ici je ne me rends pas compte des kilomètres qui nous séparent, et encore moins des mois. J’entraperçois des bouts de vie et de visages au détour d’un post Facebook ou Instagram, je partage sur Snapchat les pérégrinations dans Paris, les textos échangés au milieu de la nuit alors que de l’autre côté de l’Atlantique c’est déjà le matin.

Je ne réalise pas cette distance, la plupart du temps. Ma vie ici est tellement différente, tellement intense, en tous points, que je ne ressens pas de manque. Et puis il y a ce moment où tu prends ton billet et tu te dis « putain, ça fait six mois ». Il y a cette amie qui a perdu tellement de poids qu’elle est méconnaissable. Cette autre qui a coupé ses cheveux. Les grands-parents qu’on a pas vus depuis des mois. Et puis celui dont on a presque oublié l’odeur, le parfum, le goût de la peau, et les nuits blanches…

J’ai parfois la sensation d’avoir deux vies. Ici, et là bas. Deux chez moi. Deux existences en parallèle qui parfois se croisent en un ballet étrange coincé entre les fuseaux horaires. Et si j’ai hâte de retrouver Paris, la Provence, ma famille, mes amis; si j’ai hâte de voir s’illuminer la Tour Eiffel et de sentir le soleil du Sud sur mon visage; je sais que tout ça va me manquer. Ma coloc, mon chat, mon lit, Montréal, mes amis, chez moi. Que je serai contente, dans dix jours, de remonter dans cet avion, rassasiée de la France.

En attendant, je vais fermer ma valise. Et ouvrir cette parenthèse, pour mieux revenir.

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Intime & Réflexions

chez nous

Dernier soir en France, dehors résonnent non pas les explosions d’un feu d’artifice mais la sono variée de mon voisin qui fête son anniversaire, je suis d’humeur un peu chafouine. Demain, je reprends l’avion, direction chez moi. Ou chez nous, comme on dit là bas. En dix jours ici, j’ai réalisé que ça y est, même si la France sera toujours mon pays, je pense désormais à Montréal comme mon chez moi. Peut être la faute à ces mois d’errance d’un appartement à un autre, d’une ville à une autre, durant lesquels je n’ai jamais vraiment fait que poser mes valises, occuper une chambre, en transit avant de partir. Peut être qu’à force de me convaincre de cette envie (besoin ?) de partir j’ai fini par mettre mon pays d’origine de côté, comme une parenthèse qu’on referme, le doux souvenir d’une époque terminée. Peut être que le charme de Montréal et du Québec a opéré, que j’ai succombé à cette vie si douce. Sûrement que j’ai réussi, en cinq mois, à me créer une vie là bas, une vie qui me ressemble, avec un boulot, des amis, des habitudes, une vraie vie qui me fait me sentir chez moi.

J’ai l’impression étrange de faire à la France comme un deuxième au revoir. Le bon, cette fois. Lorsque je suis partie en Février, je ne savais pas trop où j’allais, je quittais le connu pour l’inconnu, l’aventure. C’était excitant, un peu flippant, mais intense. Cette fois, je sais ce qui m’attend. Demain, je vais retrouver ma chambre, mon appart, mes chats – même si tout ça n’est plus que temporaire, j’ai complètement adopté ces bêtes à poils, et elles vont me manquer… Lundi, je reprendrais le chemin du bureau, pour retrouver mes collègues et leurs expressions croustillantes, mes mails, parler anglais tous les jours, reprendre le quotidien de mes missions. J’ai hâte, en quelques sorte. Ces vacances m’étaient plus que nécessaires, j’avais un besoin énorme de couper, décrocher, me reposer après des mois difficiles sur plusieurs plans. C’est fait. Je suis prête à mieux revenir, faire face à ce qui se présentera, embrasser cette vie à fond, me plonger pour de bon dedans. Continue reading « chez nous »

Intime & Réflexions

Paris.

L’avion a quitté Montréal jeudi, on a parcouru des kilomètres au dessus de nuages cotonneux. Si le vol s’est bien passé, je ne sais pas. Dès les premières minutes, enfermée dans mes bouchons d’oreille, coupée du monde, j’ai déconnecté. Le matin s’est étiré blanc et lourd sur la capitale. Roissy, ses couloirs interminables, l’attente au bout – des SMS lancés pour s’accrocher à ces retrouvailles, je t’attends, j’ai hâte, moi aussi.

Paris pour quelques jours. Paris sous la chaleur poisseuse d’un début de Juillet. Paris dans un petit appartement sous les toits du 16e, duquel on voit la cime des arbres. Ce serait presque reposant.

J’ai coupé les internets, de toutes façons la 3G pourrie réussit à peine à uploader une photo Instagram. Les mails en coup de vent, Facebook d’un coin de l’oeil, le reste n’a plus d’importance. J’ai dormi, beaucoup, des heures insensibles sur un matelas nu, des heures sans compter le jetlag, les nuits trop courtes, les semaines accumulées de stress et de fatigue, tout est tombé d’un coup. J’ai lu, aussi, découvert l’extraordinaire prose poétique de Damasio, frissonné avec la Horde, remonté le Vent, les Vents, jusqu’à cet Extrême Amont, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la chute.

Des orgies de fromage, de vin, de charcuterie. Cet orgasme buccal de redécouvrir les saveurs d’un beurre de baratte, un beurre salé qui croustille au coin d’une planche, ce Chavignol fumant et ce jambon de Savoie pour l’accompagner. J’ai menti, ça m’avait manqué, ça aussi, la bouffe qui a du goût, de la saveur, ce vin fruité, qui remonte dans le nez et jusqu’au fond de la gorge, et le pain.

Les amis, aussi. Les quelques uns qu’on a compté sur les doigts d’une main, choisis, contactés, parce qu’ils manquent, ces copains là qu’on a pas vus depuis six mois, parce que c’est loin d’être loin. Pourtant, lorsqu’on se retrouve, lorsqu’on se serre très fort et qu’on se dit qu’on s’est manqués, il semble que ce mois de Décembre 2012 c’était hier, qu’on s’est quittés il y a si peu, que le temps s’est figé. Pourtant les vies ont avancé, doucement, des départs, des bagues, des projets, des kilomètres de mots qu’on ne s’est pas dits que les quelques heures ensemble parviennent difficilement à trouer. Alors on se dit au revoir, déjà, l’alcool a coulé dans nos gorges, on ne sait pas quand on se reverra – venez me voir, je dis, venez, la porte est grande ouverte, vous me manquez les gens.

Le Vélib, parce qu’il est 3 heures et que le métro est fermé. C’est dimanche soir, m’sieurs dames, ça s’arrête à 1h ! Déjà dimanche, c’est fou, la vue depuis Montmartre n’a pas changé, Paris est belle la nuit, même si on loupe les scintillements de la Tour Eiffel, on roule à toute vitesse dans les rues vides, croisant à peine un taxi, un scooter, quelques voitures, comme si on était libres – libérés de la chaleur, libérés des embouteillages et de la pollution. Jusqu’à déposer la peau salée sur le lit, s’écrouler, une main posée pas si loin – je suis là, pour quelques jours, quelques nuits, quelques heures sans frontières, une éternité.

C’est passé trop vite, je crois, je ne sais plus. La parenthèse se clot sur un quai de TGV, direction le Sud – mon Sud. Posée au bord de la piscine, sous le soleil brûlant, je ne réalise pas trop que dans quelques jours, c’est fini. Je rentre. Chez moi.

 

Syndromes

le syndrome de la parisienne

Voilà déjà cinq mois que j’ai quitté Paris, pour Bordeaux d’abord, puis depuis un mois et demi pour retrouver mon Sud natal. Cinq mois, c’est long et c’est court à la fois, et j’ai depuis eu le temps de remonter trois fois dans la capitale pour voir les coupaings et prendre une bouffée d’air pollué, revoir les immeubles Haussmanniens et la Tour Eiffel, et me promener dans les couloirs qui puent du métro.

Le truc étrange, c’est que cinq mois après et malgré tout ce temps passé en Province, je ne me sens absolument pas dépaysée quand je remonte à Paris. C’est même complètement autre chose, il y a un sentiment de familiarité (jusqu’ici c’est un peu normal pour une ville où j’ai vécu plus de trois ans), voire même de « je m’y sens chez moi ».

Voilà. C’est ce truc très bizarre qui m’est arrivé la dernière fois que je suis montée, arrivée à Gare de Lyon, et que j’ai pris la 14 et la 13 direction chez des amis qui vivent Porte de Saint-Ouen. Je suis arrivée avec mes valises, j’ai suivi machinalement les couloirs de la gare, emprunté le changement à Saint Lazare, avec l’impression tenace que je rentrais chez moi.

le chouette groupe de musiciens slaves à Concorde

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Intime & Réflexions

#Paris

Paris n’a pas changé. Angus Stone dans les oreilles, je marche dans ses rues et c’est une tonne de souvenirs qui m’assaillent. Ceux des débuts, quand je venais d’arriver, jeune provinciale fascinée par cette ville sans cesse en mouvement. Ceux des moments ici, des après midi à se promener, des pauses shopping entre midi et deux, des détours par ci par là, des heures perdues dans les lumières des magasins. Ceux de la fin, les derniers jours de Juillet où il faisait si chaud. Mes pas ont repris quelques uns des trajets que je faisais tous les jours, ou moins souvent. Ligne 13, bus 66, Grands Magasins, Saint Lazare, Haussman. Le 17e, Batignolles, rue Nollet… Les réflexes reviennent, dans le métro bondé pousser les gens, les yeux rivés sur mon iPhone, dans le bus je ne fais pas attention au trajet que je connais par coeur, encore. Paris est belle, mais j’y suis insensible. Blasée, peut être, comme ceux qui y vivent, on a tendance à oublier la beauté de cette ville, noyée dans son agitation. Rien n’a changé et pourtant tout est différent. Comme plonger à pieds joints dans un souvenir, comme si c’était encore un peu chez moi, familier, et pourtant je n’y ai plus de chambre. Juste un matelas chez des amis pour accueillir mes nuits…

Paris pue, et pourtant Paris fourmille de ces odeurs caractéristiques à l’automne. Je respire à pleins poumons, les parfums des gens, l’odeur de la rue Porte de Saint Ouen, les vendeurs de maïs grillés devant le Printemps, la friture du MacDo, les boulangeries. Comme cette foule – les gens se pressent, tous âges, tous styles, toutes origines. J’avais oublié ce que c’est, une ville qui grouille, un mercredi après midi. J’avais oublié ce monde, ce mouvement, perpétuel, infini.

Deux mois ont passé depuis mon dernier passage ici. Je n’étais pas revenue dans ces rues qui ont abrité ma vie ces dernières années, pourtant. Le code n’a pas changé, la gardienne non plus. Les volets du square sont fermés, comme d’habitude. Ils sont en train de changer l’ascenseur. Voilà, c’est fini. La porte s’est refermée. Je suis déjà repartie.

Paris n’a pas changé, je crois. Mais peut être que moi, si.