Paris n’a pas changé. Angus Stone dans les oreilles, je marche dans ses rues et c’est une tonne de souvenirs qui m’assaillent. Ceux des débuts, quand je venais d’arriver, jeune provinciale fascinée par cette ville sans cesse en mouvement. Ceux des moments ici, des après midi à se promener, des pauses shopping entre midi et deux, des détours par ci par là, des heures perdues dans les lumières des magasins. Ceux de la fin, les derniers jours de Juillet où il faisait si chaud. Mes pas ont repris quelques uns des trajets que je faisais tous les jours, ou moins souvent. Ligne 13, bus 66, Grands Magasins, Saint Lazare, Haussman. Le 17e, Batignolles, rue Nollet… Les réflexes reviennent, dans le métro bondé pousser les gens, les yeux rivés sur mon iPhone, dans le bus je ne fais pas attention au trajet que je connais par coeur, encore. Paris est belle, mais j’y suis insensible. Blasée, peut être, comme ceux qui y vivent, on a tendance à oublier la beauté de cette ville, noyée dans son agitation. Rien n’a changé et pourtant tout est différent. Comme plonger à pieds joints dans un souvenir, comme si c’était encore un peu chez moi, familier, et pourtant je n’y ai plus de chambre. Juste un matelas chez des amis pour accueillir mes nuits…
Paris pue, et pourtant Paris fourmille de ces odeurs caractéristiques à l’automne. Je respire à pleins poumons, les parfums des gens, l’odeur de la rue Porte de Saint Ouen, les vendeurs de maïs grillés devant le Printemps, la friture du MacDo, les boulangeries. Comme cette foule – les gens se pressent, tous âges, tous styles, toutes origines. J’avais oublié ce que c’est, une ville qui grouille, un mercredi après midi. J’avais oublié ce monde, ce mouvement, perpétuel, infini.
Deux mois ont passé depuis mon dernier passage ici. Je n’étais pas revenue dans ces rues qui ont abrité ma vie ces dernières années, pourtant. Le code n’a pas changé, la gardienne non plus. Les volets du square sont fermés, comme d’habitude. Ils sont en train de changer l’ascenseur. Voilà, c’est fini. La porte s’est refermée. Je suis déjà repartie.
Paris n’a pas changé, je crois. Mais peut être que moi, si.