Il est un grand champ au milieu de presque nulle part, où des gros cailloux paissent paisiblement depuis des centaines de milliers d’années. Il est un endroit reposant où coule une eau un peu trop calcaire entre de grosses roches grises et rouges, des gorges où le filet d’eau se transforme soudain en un lac miniature, à cause de tas de pierres disposées en barrage par quelques gamins. Il est un endroit au pied de la grande dame blanche, sous le regard bienveillant des pins et des nuages, un endroit où la terre prend étrangement les couleurs de l’automne – comme les feuilles de ces arbres qu’on ne trouve qu’au bord de l’eau – parce qu’ailleurs tout est trop sec, les buissons jaunis par le soleil, la poussière qui s’échappe du sol pour s’effondrer sur les branches des pins.