(c’est pas moi qui le dit, c’est lui)
Je suis mauvais public. Je le dis haut et fort et suis bien obligée de l’assumer, je suis même TRES mauvais public, et particulièrement pour l’humour. Le ciné, passe encore, bon, je suis capable d’apprécier une bonne superproduction américaine avec un scénario déjà vu 100 fois, mais ne rechigne pas non plus devant un drame socio téléramien bien franco français. Côté musique, bon, je reste assez ouverte, hin, même si certains chanteurs sans voix et sans paroles (pardon pour l’appellation « chanson à textes » je comprends pas) me tapent sur le système nerveux. Mais pour ce qui est de l’Art et du théâtre, comme dirait le Garçon, j’ai des avis très tranchés.
(et par conséquent je n’ai pas du tout accroché à Monumenta 2010, pardon)
Le théâtre, ou plutôt, les comiques. Revenons y. Pour situer le contexte, chez moi, on est plutôt France Inter que Rire & Chansons, si vous voyez ce que je veux dire. J’ai pas une grande culture du comique, moi. C’est pas qu’on rigole pas, mais chez la famille LaNe, on a un humour peut être un peu trop intello.
Si ma mère encensait Desproges, pour ma part, je me suis longtemps cantonnée à Jamel Debbouze, un peu de Franck Dubosc (il est lourd, oui, mais un ou deux sketches ça se supporte), et surtout, Gad Elmaleh (mon héros, car rarement un comique ne m’a fait autant pleurer de rire) et Florence Foresti (ahhh l’avion de Barbie). Je le dis aussi, je ne ris pas au SAV d’Omar & Fred (lynchez moi) et préférais de loin La Blonde, ou ce cher Guillaume Galienne, avec son humour très pince sans rire. Je suis donc limitée, côté humoristes.
Mais depuis que je vis à Paris, il a fallut changer un peu. C’est qu’ici, c’est un peu la ville des théâtres (quoique Marseille se vante d’avoir le plus grand rapport nombre d’habitants/théâtres), et en tant que bloggeuse, je suis parfois invitée à certains spectacles, ou influencée par les dires des autres bloggeurs (va voir ce pestacle il est trooop bien !). C’est ainsi que je me suis retrouvée devant Frédéric Recrosio, qui m’a (disons le) fait pleurer. De rire, et d’émotions. Oui, j’ai adoré. Ont suivi Audrey Lamy (soeur d’Alexandra), Christophe Alévêque le Super Rebelle, Laurent Lafitte et ses plumes dans le c*l, ou encore une série de trasheurs politiques au Caveau de la République. Je n’en ai pas parlé. Je n’ai pas du tout accroché, il faut dire. Moi et l’humour politisé, ça fait quatre. Quant à Audrey Lamy, elle eu beau gesticuler et s’affubler de tenues ridicules, j’ai tout juste esquissé un sourire. Laurent Lafitte… pourquoi pas.
je suis mauvais public, je vous dit
C’est là qu’on nous a proposé d’aller voir le Comte de Bouderbala.
Armée de toutes mes précautions (plus JAMAIS un show comme Christophe Alévêque !), j’ai fouillé et farfouillé son site internet, pour décider que oui, ça me tentait. Trois annulations plus tard (spectacle complet…), le Garçon et moi même pûmes enfin descendre au fond de la cave du Petit Gymnase. Salle voutée, pleine à craquer, et le show commence.
Que dire. Je crois que j’ai rarement autant ri (pardonne moi, Gad). Sami Ameziane, aka le Comte de Bouderbala, enchaine les joke avec un talent fou. Stand up, pas vraiment, son spectacle est rodé, on le sent. Mais de manière professionnelle. Il interpelle le public, et invite un spectateur à danser, manie l’autodérision avec talent et flirte entre sujets d’actualité et clichés mis à bas. Originaire d’Algérie, élevé à Saint Denis, et ex étudiant basketteur Américain, il joue de son histoire et de ses découvertes avec brio. De Plus Belle la Vie à NTM, en passant par Navarro et Obama (vous ne voyez pas le rapport ? lui si !), tout y passe. Au programme, une mise à l’épreuve des clichés sur les Arabes, les Juifs, les Homos, une diatribe contre les Chinois, une comparaison US/France, et un gros foutage de gu*ule du Rap et des supporters de foot. Entre autres.
(Kiki le Fada, si tu nous entends…)
Alors oui, le mec a beau venir de banlieue, on est loin du comique qui raconte ses misères de HLM. Plutôt l’impression d’avoir en face de nous un multiculturalisme qui s’adresse à tout le monde, un humour plein de finesse qui aborde pourtant des sujets autour desquels tout le monde peut se retrouver.
Alors voilà, je conseille et je sur-conseille. Esprits fermés, s’abstenir. C’est tout.
>> Le Comte de Bouderbala au Petit Gymnase – Prolongation jusqu’au 26 juin
jeudi, vendredi et samedi à 21h30
Studio Marie Bell
38, Bd Bonne Nouvelle
75010 Paris
M° Bonne Nouvelle
http://www.lecomtedebouderbala.com/
Merci à Spöka pour l’invitation !