Au quotidien

philo 2004

Jeudi 18 juin 2009, c’est le premier jour du Bac. Ca y est, tout le monde en parle, les petits vont devenir grands, entrer dans la « vraie » vie, wouhou…

Tandis que les sujets de ce cru 2009 sont officiellement dévoilés, et que la génération Z (cette fois ci c’est la bonne) (poua, imaginez, les bacheliers 2009 sont nés en… 91 ? presque l’âge de mon chien…) se penche sur ses copies, je me sens soudain replonger à une vitesse phénoménale jusqu’à cette année 2004, année de mon bac et de mes 18 ans.

– Oui, je suis une jeunette, cuvée 1986. D’ailleurs je fête mes 23 ans dans un peu moins d’un mois, et c’est très bizarre, mais j’en reparlerai… –

Le language trahit-il la pensée ? (L) Que gagne-t-on à échanger ? (ES, Hadopi inside) Et enfin Est-il absurde de désirer l’impossible ? (S). Souvenirs souvenirs, je me sens vieille tout à coup quand surgit dans mon esprit embrumé (normal, c’est le matin) le sujet de mon Bac, en ce mois de Juin 2004… « Faut-il chercher à tout démontrer ? » Waaa, finalement (tous) mes neurones n’ont pas décédés, je me souviens !

Il y a cinq ans, donc, j’étais encore une jeune lycéenne en fin de course, prête (ou pas) à plonger dans le grand bain de… la prépa. Le truc qu’on te dit pas, c’est qu’en fait le Bac c’est une grosse blague, que la prépa c’est un prolongement du lycée où t’es obligé de travailler et d’écouter en cours, et que les concours, c’est là le vrai stress qui conditionne ta vie d’après (dixit la bonne élève qui a quand même stressé le jour des résultats du Bac, mais bon).

Il y a cinq ans, j’avais les cheveux courts, j’étais blonde avec des mèches roses, je portais des Doc Martens et des jupes écossaises. Il y a cinq ans, je rêvais de monter à Paris, pour découvrir cette « ville de perdition ». Il y a cinq ans, j’avais plus ou moins planté une série S (t’as le niveau !! et 5 au Bac en Maths j’ai le niveau ?) et voulais faire Science Po. Il y a cinq ans et quelques jours, je finissais la dernière épreuve et prenais un TGV pour fêter la fin du Bac, direction Paris, la Gay Pride, et beaucoup de vodka-Fanta lemon.

On a tous nos souvenirs d’enfant ou d’ado, de ce qu’on rêvait de faire, ce qu’on croyait qu’on allait devenir. Pour moi ça ne fait « que » cinq ans, et pourtant, tellement de choses ont pris un chemin différent. Des petits hasards et détails qui, d’après un effet papillon, nous font atterrir où on est aujourd’hui. J’ai parfois l’impression que depuis cette année mes 18 ans, j’ai passé cinq ans d’études en pilote automatique, à naviguer dans un brouillard flou concernant mon avenir proche ou lointain. Aujourd’hui encore, je termine mon école, mon stage, et ne suis pas plus avancée sur mon possible et proche avenir. Voilà comment, faute de notes suffisantes au Bac français et d’une glandinite aigue je n’ai pas fait Sciences Po mais suis rentrée en prépa HEC, comment j’ai atterri tout aussi par hasard à Marseille, puis Dortmund, et enfin dans le Web, la communication, bien loin peut être de mes rêves de gamine (qui ont supposé pendant un bout de temps de -très- longues études, pour devenir vétérinaire).

Voilà aussi comment aujourd’hui, par un concours de circonstances qui nous a mené jusqu’ici, ce jeudi 18 juin 2009 où les bacheliers rendent leur première copie vers « la vie adulte », mes copains stagiaires et moi même avons réussi à coincer la clé de MonJob dans la serrure, et avons dû manger nos Wok sur le trottoir.

Depuis ça, on nous a sauvé.

Ouf.

(et j’ai mangé plein d’oignons -malgré moi- dans mon Wok)